L'an dernier, le Québec a recencé plus de 95 000 nouveaux cas d'accidents ou de maladies professionnelles, dont 62 décès, ce qui a coûté 1,8 milliard en prestations aux quelque 187 000 employeurs qui cotisent à la CSST. Tour d'horizon des principaux problèmes éprouvés et des obligations des employeurs.

«La principale obligation de l'employeur, c'est de faire en sorte que le milieu de travail, les outils et les méthodes soient sécuritaires, dit Pierre Turgeon, porte-parole de la CSST. Les dangers pour les travailleurs doivent être identifiés, puis contrôlés ou éliminés.»

Ils doivent aussi informer les employés des risques reliés à leur emploi et leur donner la formation nécessaire pour qu'ils travaillent de façon sécuritaire, explique M. Turgeon.

«C'est aussi leur responsabilité de s'assurer que les normes de sécurité soient respectées, et ils doivent offrir sur place des services de premiers soins», dit-il.

Toutefois, les travailleurs ont aussi des obligations à l'égard de leur sécurité. Ils doivent prendre les mesures nécessaires pour protéger leur santé, prendre connaissance du programme de prévention et se soumettre aux examens médicaux exigés.

Des amendes plus salées

Le 1er juillet dernier, les amendes remises aux employeurs en cas d'infraction ont doublé.

Depuis la création de l'organisme en 1979, ces amendes n'avaient jamais été indexées. Et ce n'est pas terminé. En janvier prochain, les amendes augmenteront de nouveau pour atteindre le triple de ce qu'elles étaient initialement.

L'an dernier, 6806 constats d'infraction ont été remis à des employeurs récalcitrants, pour un total de 7 millions de dollars.

«Les infractions les plus courantes constatées par nos inspecteurs sont reliées à nos plans d'action et à nos cibles de tolérance zéro, dit Pierre Turgeon. Ces cibles obligent les inspecteurs à remettre un constat dès qu'il observe une infraction. Si on prend l'exemple du secteur de la construction, nous avons cinq cibles de tolérance zéro, notamment les risques de chute dans les hauteurs, la proximité avec des lignes électriques, et les travaux à partir d'un échafaudage.»

Du côté industriel, les infractions les plus souvent constatées sont en lien avec la sécurité des machines. L'an dernier, 13 décès sur 62 étaient dus à des machines, et 5 d'entre eux étaient des écrasements ou des coincements de travailleurs par un équipement ou des objets.

«Au-delà de 4000 accidents de travail sur 95 000 ont été causés par des pièces de machinerie en mouvement accessibles. L'important est que les employeurs ne permettent pas que les dispositifs de sécurité des machines soient enlevés.»

Les troubles fréquents

Au Québec, les maladies professionnelles les plus fréquentes et qui touchent des gens de tous âges travaillant dans tous les secteurs sont les maladies musculo-squelettiques: bursites, tendinites et épicondylites. Elles représentent 30% des maladies déclarées à la CSST.

«Chaque année, les coûts reliés à ces problèmes se chiffrent à 500 millions, dit Pierre Turgeon, porte-parole de la CSST. C'est énorme.»

Souvent, les problèmes musculo-squelettiques sont reliés à une accumulation de mauvaises postures, une ergonomie déficiente du poste de travail, des gestes répétitifs, des postures contraignantes, des efforts musculaires trop importants, des outils vibrants ou le travail au froid, précise M. Turgeon.

«Essentiellement, ce que les employeurs doivent faire, c'est identifier les situations de travail à risque et essayer de les contrôler, dit-il. Les solutions passent par l'aménagement des lieux et des équipements, et des modifications des méthodes de travail. Chaque année, de nouvelles inventions et procédés innovateurs sont conçus pour diminuer les lésions, et c'est souvent en milieu de travail que l'on trouve des solutions.»

Surdité industrielle

La deuxième grande catégorie de maladies professionnelle est la surdité industrielle. Environ 2500 travailleurs par année sont indemnisés pour ce problème de santé.

«L'employeur doit s'assurer que son milieu de travail respecte les normes concernant le bruit, dit Pierre Turgeon. On ne devient pas sourd du jour au lendemain. Plus longtemps une personne travaille dans un milieu bruyant et plus les risques augmentent. La norme de bruit acceptable se situe généralement à 100 décibels mais il y a des normes plus précises selon le temps d'exposition et le niveau de bruit.»

En effet, les normes sont plus sévères s'il s'agit d'un bruit continu ou d'un bruit intermittent.

Pour connaître les détails, consulter le lien suivant sous l'onglet «bruit et surdité au travail»: www.santeautravail.net