En affaires, on dit qu'il a trois secrets: l'emplacement, l'emplacement et l'emplacement! Comment faire le bon choix?

Joël Paquin, spécialiste des études de potentiel de marché et de localisation, souligne à quel point il est important de choisir le bon endroit. «Car une erreur de localisation est une erreur permanente!», rappelle-t-il.

Trop d'entrepreneurs font leur choix d'emplacement sans demander de deuxième avis, déplore M. Paquin.

Et les répercussions sont bien réelles, d'après les chiffres qu'il a fournis à La Presse concernant les commerces de détail. «Après un an, 20% des entreprises ne sont plus là, 40% après deux ans et 67% après cinq ans... C'est énorme!»

Marianik Gagnon, directrice de projet pour l'organisme Convercité, qui se spécialise dans l'étude du territoire, abonde dans ce sens. «La viabilité et rentabilité d'une entreprise va dépendre grandement de sa localisation, de la proximité de sa clientèle ou d'autres entreprises qui offrent des services complémentaires.»

Des critères importants

Avant toute chose, un entrepreneur aguerri sera au courant des tendances dans son domaine, de ce pourquoi ses concurrents réussissent ou échoue, de comment ils attirent la clientèle. Il pourra par la suite décider quels critères sont les plus importants pour son type de commerce.

L'accessibilité, le stationnement, la visibilité, la circulation (en auto, à pied, en vélo) devant le lieu choisi, la synergie avec l'environnement commercial des alentours sont tous d'importants critères qui permettent d'évaluer la qualité d'un site.

Par synergie ou «compatibilité commerciale», on entend la force des commerces aux alentours: attireront-ils le même type de clientèle que celle visée pour l'entreprise ou devra-t-on compter uniquement sur les forces de l'entreprise?

«Il faut aussi penser aux barrières, ajoute M. Paquin. Des barrières physiques, comme un chemin de fer qui sépare un quartier en deux, ou sociales, comme un magasin haut de gamme dans un quartier défavorisé.»

Anticiper les tendances peut être également une stratégie porteuse.

«Il faut bien sûr évaluer si l'endroit est bon aujourd'hui, mais se demander ce qu'il en sera dans cinq ou dix ans, explique-t-il. On peut le déterminer en se demandant où vont se construire les nouvelles maisons et s'il y a des zones commerciales aux alentours. Ça peut valoir la peine de se localiser un peu «dans le champ» en sachant que la croissance résidentielle viendra éventuellement nous rejoindre. C'est construire pour l'avenir.»

C'est près de 75% de la clientèle qui provient, en moyenne, de la zone commerciale où sera installée l'entreprise. Aller sur le terrain est donc primordial.

«Le terrain, c'est la base, affirme M. Paquin. On doit connaître la zone commerciale au pouce carré pour bien comprendre comment elle fonctionne et si le marché est en hausse ou pas dans le secteur.»

«On peut recueillir des données grâce à de petits sondages effectués sur le terrain... Ça nous permettra d'évaluer les aptitudes d'achat, qui circule, comment ça circule», suggère Mme Gagnon.