L'homme d'affaires André Morissette est à la fois visionnaire, combatif et ambitieux. Visionnaire, car il a mis au point le V13, le tout premier roadster construit au Québec. Combatif, car il a racheté la faillite de la marque T-Rex pour en relancer la construction. Et ambitieux, car, par l'entremise de sa société Campagna Motors, il compte construire 2000 véhicules par année sur sa ligne de montage à Boucherville.

La PME vise donc à multiplier par 20 le nombre de véhicules qu'elle produit annuellement. Par conséquent, elle souhaite faire passer son chiffre d'affaires de 5 à 100 millions de dollars. Deux objectifs tout à fait réalistes, croit André Morissette, 45 ans.

«Nous sommes conscients d'offrir des produits de luxe qui sont loin d'être essentiels. Malgré tout, la demande est là. Nous avons repris la production des T-Rex en 2008, deux jours après que Lehman Brothers fut tombé. Nous avons quand même continué à vendre 100 véhicules par année. Pendant que l'industrie de l'automobile reculait, nos ventes demeuraient stables», dit le président de la PME.

André Morissette est conscient qu'il dispose actuellement de ressources très limitées, notamment en matière de marketing. Mais il sait pertinemment que ses modèles de bolides sont des produits uniques qui font tourner les têtes. C'est pourquoi l'homme d'affaires préfère jouer de prudence. Le court terme, très peu pour lui.

«Il y a un engouement pour nos deux modèles de T-Rex et notre V13. Je pourrais dire oui à beaucoup de gens. Mais je ne serais pas capable de répondre aux attentes. On parle ici de machines très puissantes, de lions qu'il faut apprivoiser. Je ne peux pas lésiner sur la qualité et mettre la sécurité des gens en péril», explique le principal actionnaire de la PME de 20 employés.

L'entrepreneur québécois, qui fait déjà équipe avec David Neault et Dave Blanchette, n'écarte pas la possibilité d'admettre de nouveaux partenaires, ni même de transformer Campagna Motors en société publique.

La PME vend actuellement 50% de ses T-Rex au Québec et 50% aux États-Unis, au Japon de même qu'au Moyen-Orient. Elle est maintenant à trouver de nouveaux marchés porteurs. La Chine, l'Inde et l'Europe sont dans sa ligne de mire.

Campagna Motors souhaite entre autres viser les endroits où ses véhicules seront street legal, c'est-à-dire qu'ils pourront circuler légalement là où les autorités reconnaîtront qu'il s'agit de véhicules sécuritaires répondant à toutes les normes de transport, un peu comme le fait ici Transports Canada. Les bolides de la PME peuvent atteindre plus de 250 km/h.

Frapper fort

André Morissette est persuadé de frapper fort en offrant dorénavant une gamme de produits encore plus diversifiée. Le T-Rex s'adresse aux plus audacieux, dit-il, tandis que le V13 est davantage destiné à une clientèle plus âgée (les baby-boomers, on le devine) qui a notamment la nostalgie des muscle cars.

Le T-Rex, véhicule à trois roues doté d'un moteur Kawasaki de 1400 cc, est déjà connu un peu partout dans le monde depuis une quinzaine d'années. Ce véhicule bas sur roues a été inventé par Daniel Campagna. André Morissette, qui a fait sa fortune dans l'informatique, a voulu s'associer à Daniel Campagna. Mais en vain.

«Je voyais cette merveilleuse machine qui n'obtenait pas les résultats qu'elle méritait et ça me frustrait. Je me suis dit que je ne pouvais pas faire pire», explique l'homme d'affaires qui s'est lancé en 2005 dans la construction du V13, roadster à trois roues propulsé par un moteur de Harley-Davidson de 1250 cc.

Heureux hasard ou ironie du sort, André Morissette a racheté en 2008 l'entreprise de Daniel Campagna, qui connaissait des difficultés financières, et a tout déménagé à Boucherville dans des installations de 25 000 pieds carrés.

M. Morissette a visiblement voulu rendre hommage à l'inventeur du T-Rex en nommant son entreprise Campagna Motors.

Actuellement, l'usine de Campagna Motors comprend une chaîne de montage comptant 19 stations où l'on construit deux modèles de T-Rex - un classique et un modèle sport - de même qu'un modèle de V13. Chaque véhicule, vendu de 50 000$ à 60 000$, peut prendre une centaine d'heures à monter. Sauf les châssis qui sont fabriqués dans ses installations, la PME reçoit tous les composants de divers sous-traitants et s'occupe de l'assemblage final.