Pâtisserie Gaudet exportera en Inde des dizaines de milliers de tartes d'ici au printemps prochain. La PME d'Acton Vale a réussi à percer ce marché d'un milliard de personnes en concevant une tarte aux prunes dont la durée de vie sur les tablettes se calcule en mois. Alors qu'elle souhaite doubler son chiffre d'affaires d'ici trois ans, l'entreprise tente également une incursion aux États-Unis, de même qu'au Mexique.

Le fabricant québécois de tartes et tartelettes a été joint par des commerçants indiens qui cherchaient une tarte aux prunes épicée pouvant être vendue tous les ans à partir du mois de mai dans le cadre d'une importante fête religieuse.

«La seule contrainte, c'est que la tarte devait avoir une durée de vie de six mois sans être réfrigérée. Nous avons mis un an à créer cette tarte. Nous sommes à terminer les ententes avec des distributeurs là-bas. Notre première commande sera de 15 conteneurs ou l'équivalent de 250 000 tartes de 500g. Si c'est un succès, les commandes seront plus importantes les autres années», s'enthousiasme Line Lamothe, vice-présidente et directrice générale de Pâtisserie Gaudet.

La grande question est de savoir comment une PME québécoise de 55 employés fait pour réaliser un profit en expédiant des tartes dans un pays situé à 12 000 km où le PIB par habitant ne dépassait guère les 1000$ dans les dernières années. Tout est une question de capacité de production, affirme Line Lamothe.

La quantité de tartes et tartelettes produites dans les installations de l'entreprise valoise a de quoi étonner. Pâtisserie Gaudet confectionne une tarte de 500g (ou 8 pouces de diamètre) toutes les secondes et pas moins de 10 000 tartelettes de 90g toutes les heures. Voilà comment elle s'y prend pour offrir des desserts à très bas prix.

La PME se spécialise dans les produits bas et moyen de gamme. Line Lamothe refuse de dévoiler avec précision le chiffre d'affaires de l'entreprise, mais nous apprend qu'il se situe entre 10 et 20 millions.

Pâtisserie Gaudet vend 70% de ses tartes et tartelettes au Québec. Une autre part de 20% trouve preneur dans le reste du Canada. Les derniers 10% sont exportés majoritairement dans les Antilles (Jamaïque, Guadeloupe et Martinique). Les Bahamas et les îles Caïman devraient s'ajouter à la liste sous peu.

Pour ce qui est du marché américain, Line Lamothe indique qu'une entente de distribution est sur le point d'être conclue avec une chaîne de supermarchés qui possède 800 points de vente dans les États de New York et du New Jersey. «Je reviens d'une exposition à Houston où nos tartelettes ont encore une fois fait très bonne impression», dit la femme d'affaires.

L'entreprise, qui appartient à la famille Joly, vient tout juste de changer les emballages de ses tartes (qui se déclinent en 12 saveurs) et tartelettes (7 saveurs) bas de gamme. «C'est pour rajeunir notre clientèle. Comme c'est un «happy buy» (achat compulsif), nous voulons attirer le regard et changer le look de la tarte de grand-maman», affirme Line Lamothe.

À l'automne, Pâtisserie Gaudet fera par ailleurs une première incursion dans les produits haut de gamme. La chose fera grand bruit, croit la vice-présidente de la PME.

Line Lamothe, 52 ans, est spécialisée dans le redressement et la restructuration d'entreprises. Elle fait ce métier depuis 22 ans. Elle a été sondée par les dirigeants de Pâtisserie Gaudet non pas parce que la PME perdait de l'argent, mais bien parce qu'elle faisait du surplace.

En seulement deux ans, Mme Lamothe a permis à la PME d'atteindre des sommets inégalés. La CMA de formation fait équipe avec Marie-Ève Joly, directrice de production et digne héritière de l'entreprise familiale qui possède également une usine de beignes dans la région de Nicolet, où elle emploie une vingtaine de personnes. Les deux femmes d'affaires n'ont pas le temps de s'ennuyer, ni de prendre des vacances.

Et Line Lamothe aime tellement le défi qu'elle relève actuellement que ce sera son dernier, jure-t-elle. «J'y ai trouvé ma deuxième famille. C'est ici que je vais prendre ma retraite», dit celle qui pourrait devenir actionnaire de l'entreprise dès l'automne.