En créant une collection de mallettes haut de gamme en plastique, la PME Plasticase a non seulement réussi à traverser la récession avec une certaine aisance, mais elle a également épongé les pertes enregistrées par ses autres gammes de produits. Bref, l'entreprise de Terrebonne a assuré sa pérennité en misant sur un produit de niche. La voilà prête à faire concurrence au numéro un mondial, le géant américain Pelican Products.

La marche est cependant très haute. Ce n'est pas demain matin que Plasticase réussira à ébranler Pelican. La PME québécoise, dont les revenus ne dépassent pas encore les 10 millions, n'offre pour le moment que sept modèles de mallettes dans sa collection Nanuk, alors que Pelican, dont les ventes se chiffrent en centaines de millions, offre des dizaines et des dizaines de produits différents.

Il n'empêche que la PME québécoise de 50 employés ne manque pas d'ambition. Sa soif de notoriété est palpable. Après seulement deux ans d'existence, les mallettes Nanuk sont déjà connues partout sur la planète. L'entreprise de Terrebonne participe plusieurs fois par année à des foires commerciales aux États-Unis et en Europe. Résultat, elle compte des distributeurs sur tous les continents, sauf en Afrique.

Les produits Nanuk sont des mallettes dites «de grade militaire», c'est-à-dire qu'elles sont presque indestructibles, légères et étanches. Offertes dans différents coloris, elles se détaillent de 79$ à 329$ et sont garanties à vie. Les mallettes Nanuk servent notamment à transporter du matériel photographique, des outils d'instrumentation, de l'équipement médical, etc.

Pour la création de ses sept mallettes produites par injection de polymères, Plasticase a investi entre 2005 et 2008 plus de 3 millions de dollars, dont près de 1 million seulement pour la fabrication des moules. Le pari était audacieux, surtout à la veille d'une récession.

Mais l'exercice s'est avéré plus que rentable. En 2009, Plasticase a vendu pour 1,5 million de dollars de mallettes Nanuk. En 2010, la PME prévoit en vendre pour près de 3 millions. Et en 2011, elle s'attend à doubler ce chiffre. «Nous voulons continuer à doubler nos ventes tous les ans», explique le designer Benjamin Coley.

Employé de Plasticase depuis six ans, Benjamin Coley est l'artisan derrière les mallettes Nanuk, mot inuit qui signifie ours polaire. «C'est mon bébé. J'ai dirigé ce projet de A à Z. J'ai cherché à créer une mallette qui sera encore belle dans 20 ans. Et j'ai réussi à créer des attaches qui permettent d'ouvrir les mallettes très facilement, ce qui est un grand avantage sur la concurrence», dit-il.

Secteur professionnel

Plasticase appartient à Jean-Pierre Grenier, ancien représentant de la regrettée PME RésineTel, laquelle fabriquait des petites mallettes en plastique destinées au marché de masse. Mais en 1996, M. Grenier a eu l'idée de fabriquer des mallettes de bas et de milieu de gamme pour le secteur professionnel. Des mallettes qui sont encore aujourd'hui utilisées, notamment par des vendeurs ou des représentants pour transporter leur attirail, voire des échantillons de leurs produits.

Il y a quelques années, Plasticase a momentanément été distributeur de mallettes Pelican. C'est ainsi que la PME a pris conscience du potentiel de ce type de produit haut de gamme. Aujourd'hui, les produits Nanuk représentent 60% des revenus de l'entreprise, alors que les mallettes pour le secteur professionnel, vendues sous la marque Plasticase, ne représentent plus que 40% du volume d'affaires.

Fait intéressant: Plasticase fabrique tous ses produits au Québec dans son usine de Terrebonne. Rien n'est confié en sous-traitance ici ou à l'étranger. Surtout pas les mallettes Nanuk. «Avec un produit haut de gamme comme celui-là, nous faisons tout au Québec et nous sommes capables d'avoir une bonne marge bénéficiaire. Les clients aiment d'ailleurs savoir que nos mallettes sont fabriquées au Canada. Ça nous donne encore plus de crédibilité», explique Benjamin Coley.

Maintenant que la collection Nanuk fait de plus en plus parler d'elle, Plasticase doit impérativement augmenter son offre. Autrement dit, elle doit étoffer son catalogue en créant de nouveaux modèles de mallettes, ce qui coûte extrêmement cher.

La PME étudie donc la possibilité de s'associer avec des investisseurs qui croient au potentiel de l'entreprise et qui veulent l'aider à accroître son offre de produits. Déjà, dans le plus récent film de la série Star Trek, l'un des personnages se promène avec une mallette Plasticase.