Alexandre Brunet, d'Alimentation Cinq Sens, est presque dépassé par les événements. Les pizzas surgelées qu'il prépare et commercialise sous la marque Stromboli sont tellement populaires que le jeune dirigeant d'entreprise se demande quelle est la meilleure façon de gérer sa croissance. Et dire que les gens de Loblaws vont arriver chez lui à la fin février.

Ce n'est certainement pas Alexandre Brunet qui s'en plaindra. L'entrepreneur de 35 ans veut devenir la référence québécoise, sinon nord-américaine, dans les pizzas surgelées à croûte mince. Et il est en train de gagner son pari.

Ces temps-ci, sa croissance mensuelle dépasse les 250%. La PME de 20 employés prépare environ 10 000 pizzas par semaine. Elle vise 20 000 unités sur une base hebdomadaire, donc environ 1 million de pizzas par année. Ses ventes, actuellement de 2,5 millions de dollars, devraient ainsi doubler d'ici la fin de 2010 si l'objectif est atteint.

Le marché est en croissance, dit Alexandre Brunet. En 2009 seulement, les ventes de pizzas surgelées à croûte mince ont augmenté de 13% au Canada, où le marché (toutes pizzas surgelées confondues) dépasserait le milliard de dollars. Stromboli est en concurrence directe avec les Kraft, McCain et autre Dr. Oetker de ce monde.

«On ne peut pas dire non à Loblaws, qui détient 31% du marché de l'alimentation au Québec. Mais en même temps, il faut être réaliste. Nous fabriquons nos pizzas à la main et nous voulons continuer à le faire. Il va falloir prendre les bonnes décisions», explique Alexandre Brunet, dont la dégaine rappelle celle d'une rock star.

Stromboli, c'est le nom d'une pizzeria populaire du Plateau-Mont-Royal que le jeune entrepreneur a fondée alors qu'il n'avait que 22 ans. Mais c'est aussi une marque de pizzas surgelées qu'Alexandre Brunet commercialise depuis 2003. Avec deux autres partenaires, le jeune homme a fondé en 2006 une pizzeria industrielle au cinquième étage d'un immeuble de la rue Fullum.

Les 11 pizzas Stromboli, dont deux sont certifiées biologiques (une première pour une entreprise canadienne), sont vendues dans environ 400 points de vente au Québec, principalement dans des supermarchés Metro et IGA. Elles se détaillent entre 6,29 et 6,99$. Les pizzas d'environ 300 g se déclinent dans différentes saveurs (pleurotes, chèvre et gouda, poulet mariné, etc.).

Ingrédients québécois

La popularité des pizzas Stromboli s'explique de différentes façons, croit Alexandre Brunet. Elles répondent tout d'abord à un besoin; les pizzas surgelées faites au Québec ne courent pas les rues. Mais aussi, ajoute l'homme d'affaires, ses produits sont «santé», ils ont bon goût et ils sont fabriqués à 85% avec des ingrédients québécois, ce qui leur permet de porter l'étiquette «Aliments Québec».

D'ailleurs, le président d'Alimentation Cinq Sens est plutôt fier d'apposer cette étiquette sur chacun de ses produits. Le jeune homme se fait le chantre de l'achat local. «Chaque fois que les ventes de produits Aliments Québec augmentent de 1%, c'est 1800 emplois qui sont créés au Québec. La provenance des aliments que l'on consomme devrait préoccuper les gens davantage», croit Alexandre Brunet.

Le président et principal actionnaire de la PME de 20 employés s'intéresse à la restauration depuis l'âge de 14 ans, époque où il lavait la vaisselle dans une pizzeria de Saint-Sauveur. Il était fasciné par le pizzaïolo de l'endroit qui, en bon pédagogue, a pris le jeune plongeur sous son aile et lui a appris tous les secrets d'une bonne pizza.

Mais ce n'était pas suffisant. Assoiffé de connaissances, Alexandre Brunet a par la suite travaillé dans les pizzerias les plus branchées à Montréal. À son tour, il est devenu un pizzaïolo professionnel. «Mon père (avocat et ancien grand patron d'Ogilvy Renault) et ma mère devaient sûrement se demander ce que j'allais faire avec mes connaissances de pizzaman», rigole le jeune entrepreneur.

Lorsqu'il a ouvert sa pizzeria industrielle en 2006, Alexandre Brunet a fait équipe avec Pierre Gingras, VP ventes et distribution, et Mark Vilcek, VP à l'exploitation. Il se félicite de sa décision. «Sans ces deux-là, l'entreprise et moi serions morts au moins huit fois déjà», explique ce père de deux enfants dont l'année 2010 sera marquée de nouveau par le passage de la cigogne.