Pour son 25e anniversaire de fondation, la fromagerie Damafro n'ouvrira pas, comme elle le souhaitait, une usine au Mexique. Cependant, la PME de Saint-Damase termine actuellement un transfert technologique au pays de la Riviera Maya. Bref, grâce à une entente avec InterDeli, une entreprise de taille comparable à la sienne, Damafro sera malgré tout présente au sud du Rio Grande.

L'aventure mexicaine de Damafro a commencé il y a environ trois ans. L'objectif de la PME était de vendre davantage de fromage aux États-Unis. À l'époque, l'argument de Philippe Bonnet, coactionnaire de l'entreprise familiale, était: le prix du lait est trop élevé au Québec à cause du système de gestion de l'offre. Il est donc impossible d'exporter aux États-Unis. En ouvrant une usine au Mexique, où le lait est deux fois moins cher (environ 0,40$ le litre), Damafro aurait pu augmenter sa présence au Mexique, puis en sol américain.

Mais la lenteur bureaucratique mexicaine et les milliers de kilomètres qui séparent Querétaro (à 200 kilomètres au nord-ouest de Mexico) et Saint-Damase ont fait perdre un temps fou à la famille Bonnet, qui prévoyait investir cinq millions dans le projet. Au lieu de partir sa propre affaire, Damafro s'est donc associé à InterDeli, un fabricant de fromages et d'autres produits alimentaires (pain pita, hummus, etc.).

Damafro ne devient pas actionnaire d'InterDeli et vice-versa. «Les deux entreprises continuent de fonctionner de façon indépendante. Mais nous avons conclu des ententes», se résume à dire Michel Bonnet, président des opérations, coactionnaire et frère de Philippe. Grâce à l'expertise de Damafro, InterDeli commencera sous peu la production de fromages à pâte pressée (de style gouda) et à tartiner.

Investissement annuel

Quant aux activités de Damafro au Québec, elles continuent de prospérer. La PME de 200 employés poursuit ses investissements à son siège social de Saint-Damase, près de Rougemont, en Montérégie. La famille Bonnet injecte actuellement quelque 1,5 million de dollars afin d'automatiser certaines opérations. Bon an, mal an, le fromager investit au bas mot 500 000$ dans l'entreprise.

Damafro se spécialise dans les fromages fins. Elle fait partie des trois plus importants acteurs canadiens dans le secteur, aux côtés d'Agropur et de Saputo. La PME fabrique près de 80 fromages (ou appellations) différents. Des pâtes molles à croûte fleurie (brie, camembert) aux pâtes molles et demi-fermes à croûte lavée (raclette) en passant par les pâtes mi-fermes (gouda) et les fromages à pâtes fraîches (fromage à tartiner). Elle fabrique également des yogourts. Ses produits ont maintes fois été récompensés au Canada et aux États-Unis.

Ces dernières années, le fromager a augmenté sa présence dans le reste du Canada. Si bien qu'actuellement, son ratio de vente au Québec et au Canada est respectivement de 55% et 45%. «Nous avons profité du boum économique de l'Ouest canadien, où les goûts se sont raffinés», dit Michel Bonnet. La PME est également présente, mais à très petite échelle, aux États-Unis, où elle vend un fromage kascher, de même que quelques variétés de fromages de chèvre.

L'entreprise entend continuer à miser sur la croissance organique. En un quart de siècle, Damafro n'a fait qu'une seule acquisition: la fromagerie Tournevent, dans la région des Bois-Francs. Du coup, la PME de la Montérégie est devenue le plus important fabricant de fromage de chèvre au Québec.

Dans la foulée de son 25e anniversaire de fondation, Damafro nous réserve quelques surprises, laisse entendre Michel Bonnet. Mais il est trop tôt pour en parler, dit-il. «Je peux toutefois vous dire que c'est une belle occasion de faire connaître l'entreprise. Plusieurs personnes qui achètent nos produits ne savent pas qui nous sommes. Nous allons faire plusieurs campagnes de promotion», explique Michel Bonnet.

Damafro a été fondée en 1985 par Claude Bonnet, autrefois fromager dans la région de Brie, en France. M. Bonnet, qui aura bientôt 83 ans, vient régulièrement faire son tour à la fromagerie. Il côtoie ainsi ses fils Michel et Philippe, de même que son petit-fils Olivier, lequel travaille à plein temps dans l'entreprise depuis un an. Le jeune diplômé en génie industriel est en train de faire ses classes dans l'usine.