De retour d'un congé de maternité, Mariouche Gagné, présidente et fondatrice de la PME Harricana, est gonflée à bloc.

De retour d'un congé de maternité, Mariouche Gagné, présidente et fondatrice de la PME Harricana, est gonflée à bloc.

Forte du succès qu'elle remporte avec ses vêtements et ses accessoires de luxe en fourrure recyclée, la femme d'affaires prévoit ouvrir sa première boutique à l'étranger d'ici 18 mois. Et ce n'est qu'un début, dit-elle

«Je ne sais pas encore si ce sera à New York, à Tokyo ou même en Suisse, mais je sais que nous ouvrirons une boutique ailleurs dans le monde en 2010. Mon objectif, c'est d'avoir des boutiques un peu partout dans le monde», affirme la dynamique entrepreneure de 38 ans. Pour son expansion à l'étranger, elle a établi un plan d'affaires (une nécessité, croit-elle) et a notamment fait appel aux services du très réputé Patrice Vachon, avocat du cabinet Fasken-Martineau.

Dans sa stratégie, Mme Gagné a ouvert l'an dernier une boutique dans le Vieux-Québec. L'endroit lui sert de laboratoire. Il s'agit de la deuxième boutique Harricana au Québec. À Montréal, au siège social de la PME, aménagé dans une ancienne banque de la rue Saint-Antoine, se trouve un atelier-boutique.

Gérer à distance

«À Montréal, je n'avais pas l'impression de gérer une vraie boutique, explique Mariouche Gagné. À Québec, c'est une entité différente. J'apprends à gérer à distance. Dans le marché du luxe, les attentes sont très élevées. Ça me permet de voir quel genre de structure ça prend.»

La présidente de Harricana, unique actionnaire de l'entreprise, affirme vouloir fonctionner en partenariat pour l'ouverture de sa première boutique (et des autres subséquentes) à l'étranger. Même la boutique de Québec pourrait faire l'objet d'un partenariat, dit-elle.

Le succès de la PME, fondée il y a 11 ans, n'est plus un secret. Mariouche Gagné est une designer maintes fois primée qui fait dans le recyclage haut de gamme ou l'«écoluxe», selon une nouvelle expression. Elle redonne vie aux vieux manteaux de fourrure, qu'elle transforme en vestes, chapeaux, moufles et autres sacs.

La présidente de Harricana est la coqueluche des milieux branchés de Montréal. Plusieurs artistes (notamment Arianne Moffat, Karine Vanasse et Roy Dupuis) ont accepté d'être photographiés dans des vêtements de Mariouche Gagné et, par conséquent, d'en faire la promotion.

Les produits de la PME québécoise coûtent entre 15$ et 4000$. Harricana offre également une seconde vie aux robes de mariée. De plus en plus, Mme Gagné et son équipe s'intéressent aux foulards de soie et les métamorphosent notamment en jolies robes d'été.

Outre le Québec, où elle écoule 20% de sa production, l'entreprise exporte la majorité de ses créations à l'étranger, notamment au Japon et dans les stations de ski les plus huppés d'Europe et des États-Unis. Au total, la marque Harricana est distribuée dans plus de 300 points de vente. À ce jour, la PME montréalaise a recyclé en créations uniques quelque 50 000 manteaux, soit près de 400 tonnes de fourrures récupérées et bonifiées.

Un triomphe pour Mariouche Gagné, apôtre du recyclage et de la défense des animaux. Selon elle, Harricana a permis d'éviter l'abattage d'un demi-million d'animaux à fourrure.

Mariouche Gagné préfère ne pas dévoiler son chiffre d'affaires. Depuis 1997, sa PME a connu une croissance pratiquement ininterrompue (jusqu'à 80% certaines années).

Décroissance

Toutefois, l'an passé, l'entreprise de 20 employés a connu sa première année de décroissance. Elle entend contrer ce ralentissement notamment grâce à un nouveau site web transactionnel qui sera en ligne d'ici quelques mois.

«On a connu la récession avant les autres. Mais parce que j'ai su diversifier mes activités en plusieurs secteurs (sur-mesure, ventes au détail, ventes en gros, etc.), je suis en mesure de compenser quand un secteur va moins bien», dit-elle.

Dans cet esprit, Mariouche Gagné se promet d'intégrer à l'ensemble de ses activités le principe de l'amélioration continue, connu sous le terme japonais de kaizen.

La fondatrice de Harricana croit beaucoup au mentorat et fait partie du Groupement des chefs d'entreprise du Québec. Liliane Colpron, présidente et cofondatrice des boulangeries Première Moisson, est le mentor de Mariouche Gagné. «J'aimerais beaucoup reproduire le modèle de Première Moisson», affirme la jeune designer.

Liliane Colpron a prouvé que cela était possible. Au tour de Mariouche Gagné de le faire.