Le démarrage d'une entreprise exige passion et détermination. Pour que la pâte lève, il faut réunir beaucoup d'ingrédients. La Presse Affaires les aborde à tour de rôle dans le cadre d'une série de 12 chroniques hebdomadaires.

Le démarrage d'une entreprise exige passion et détermination. Pour que la pâte lève, il faut réunir beaucoup d'ingrédients. La Presse Affaires les aborde à tour de rôle dans le cadre d'une série de 12 chroniques hebdomadaires.

Cette semaine: comment préparer un plan d'affaires convaincant.

L'argent ne fait pas le bonheur, sauf peut-être quand on démarre une entreprise. Bonne nouvelle pour les entrepreneurs en devenir: il n'y a jamais eu autant de programmes et de sources de financement disponibles pour quiconque désire travailler à son compte ou fonder sa propre affaire.

Annie Bergeron, Lavalloise de 36 ans, en sait quelque chose. En cofondant Top Coat, un atelier spécialisé dans la peinture d'avions à l'aéroport de Bromont, la jeune femme d'affaires a réussi à aller chercher près de 22 000$ en bourses.

Pas en prêts, en bourses! «Tu ne craches pas là-dessus, c'est clair», dit Mme Bergeron.

Bien sûr, pour recevoir une telle somme, la jeune femme a dû répondre à plusieurs critères.

Elle était en chômage depuis un an, mais ne l'avait pas été auparavant, elle avait moins de 35 ans au moment de fonder Top Coat, etc.

Disons-le, la chance a joué en sa faveur, car son partenaire d'affaires a dû pour sa part se contenter d'une bourse de 4000$.

Et encore, c'est parce qu'il avait contracté un prêt de 100 000$ et que Desjardins lui a remis les 4000$ par le truchement d'un fonds spécial.

«Personne ne fait de cadeau, mais quand on réalise qu'un entrepreneur est sérieux, on redouble d'énergie pour augmenter le taux de succès de démarrage de son entreprise. On met toutes les ressources possibles à la disposition de ceux dont on croit au potentiel», explique Marie Panneton, commissaire aux nouvelles entreprises, au mentorat et aux projets de relève au CLD de la Haute-Yamaska.

Où s'adresser

Bref, dit-elle, avec un projet sérieux, viable et bien ficelé, il est relativement facile d'obtenir une aide financière. Bourse, subvention salariale, prêt remboursable à taux avantageux, capital de risque: il y en a pour tous les types de projets.

Pour en profiter, il faut savoir comment s'y prendre et surtout savoir où s'adresser.

Le CLD (centre local de développement), le CAE (centre d'aide aux entreprises), le SAJE (service d'aide aux jeunes entrepreneurs), la banque, la caisse et la BDC (Banque de développement du Canada) sont autant de portes auxquelles il vaut la peine de frapper.

Il existe 120 CLD au Québec, donc un près de chez vous. Chaque CLD gère différents programmes de financement destinés à la création de nouvelles entreprises.

Les deux plus connus sont les bourses Jeunes promoteurs, ainsi que le programme de soutien aux travailleurs autonomes (STA).

Les bourses jeunes promoteurs s'adressent aux moins de 35 ans. Il s'agit d'un fonds provincial géré par les CLD. Les sommes varient selon la nature du projet.

Pour une entreprise de service, le promoteur a droit à une bourse de 4000$; dans le commerce de détail, 5000$; et pour une entreprise manufacturière, 6000$. Cette somme peut être doublée s'il y a deux promoteurs dans le projet.

Pour en profiter sans pénalité, l'entreprise doit évidemment survivre. Sinon, il faut rembourser en partie ou en totalité les sommes reçues. L'autre programme très populaire dans les CLD est le soutien aux travailleurs autonomes (STA).

L'argent vient d'Emploi-Québec, mais c'est le CLD qui gère les dossiers. Il n'y a pas de limite d'âge pour y être admissible, mais il faut être en chômage.

Le STA se fait en deux étapes. La première consiste à remettre 300$ par semaine pendant 10 semaines à quiconque désire créer son propre emploi.

Ces 10 semaines servent à monter le plan d'affaires et tout ce qui entoure la création d'une entreprise.

Si le projet est approuvé, le destinataire de la bourse recevra encore 300$ sur une base hebdomadaire pendant 30 semaines supplémentaires. Pour un total de 12 000$.

Les deux autres programmes administrés par les CLD sont le fonds local d'investissement (FLI) et le fonds de développement communautaire (FDC). Le premier vise à soutenir financièrement les entreprises en démarrage ou en expansion.

Il comprend deux volets: le volet général et le volet relève. Le second programme, comme son nom l'indique, vise à soutenir les initiatives d'entrepreneuriat social.

«Mis à part ces quatre programmes, les entreprises en démarrage à la recherche de financement devront se tourner vers les institutions financières conventionnelles (banques ou caisses), les organismes comme la BDC ou le CAE, ou encore approcher les différentes fondations canadiennes qui existent», dit Marie Panneton.

Dans le cas des institutions financières, mieux vaut s'adresser à la banque ou à la caisse avec laquelle on fait déjà affaires, croit Mme Panneton. Toutefois, Desjardins et la Banque Nationale sont en mode séduction.

C'est à qui deviendra le plus important partenaire des PME québécoises. Il vaut donc la peine de comparer les deux institutions. Elles n'offrent pas à proprement parler de programmes relatifs au démarrage d'entreprise, mais peuvent faciliter l'accès au crédit si elles jugent qu'un projet est porteur.

Certaines institutions comme Desjardins ont un fonds de création d'emplois.

Peu importe l'institution, il est bon de savoir que le gouvernement fédéral a lancé un programme connu sous le nom de prêts aux petites entreprises (PPE). Dans le cas d'achat d'équipements, le gouvernement garantit 75% du prêt.

L'emprunteur assume le reste du risque, mais doit payer une prime d'assurance. Top Coat, de Bromont, a profité du PPE. La PME a emprunté 100 000$ pour l'achat d'un système de ventilation.

Pour ce qui est de la BDC et du CAE, il s'agit de deux organismes vers lesquels plusieurs entreprises en démarrage se tournent quand les banques leur refusent un accès au crédit.

Certains affirment qu'il en coûte plus cher d'y faire affaires notamment à cause des frais d'ouverture de dossier et de gestion. Elles traitent des dossiers plus importants qu'une simple demande de travailleur autonome.

Les CAE (il en existe 62 au Québec) sont associés à divers programmes, notamment le fonds d'investissement local (FIL) qui prend la forme d'une aide financière à taux avantageux.

Sinon, certains CAE ont leur propre fonds de démarrage ou agissent en tant que consultant pour l'obtention de capital de risque. Selon les cas, le CAE peut devenir actionnaire de l'entreprise qu'elle aide.

Idem pour la BDC, un organisme fédéral qui possède 97 bureaux au Canada. Pour les entreprises en démarrage, les deux principaux produits de la BDC sont les prêts à terme (de trois à 20 ans) servant à créer un fonds de roulement ou destinés aux immobilisations ou à l'achat d'équipement.

«Les taux d'intérêt sont fixés en fonction du niveau de risque», explique Michel Bergeron, vice-président aux affaires publiques.

Dossier démarrage d'entreprise: lisez tous nos articles sur www.lapresseaffaires.com/demarrage.

TROIS CONSEILS À SUIVRE

> Définir ses besoins avant de chercher du financement

> Ne pas être pressé, bien s'entourer et s'informer de tout ce qui est offert

> Être réaliste dans sa démarche. Personne ne financera votre projet à 100%

TROIS ÉCUEILS À ÉVITER

> Improviser et arriver mal préparé au moment de faire une demande de financement

> Se créer des besoins financiers personnels tout en cherchant à financer son entreprise

> Signer un prêt avec le premier venu sans voir ce qu'on aurait pu obtenir ailleurs