Alain Chung, gestionnaire de portefeuille chez Gestion de placements Claret, se décrit comme un gestionnaire de valeur. Il ne se risque jamais à faire des prévisions de profits. «Quand on regarde les statistiques, 45% des analystes se trompent dans leurs prévisions de profits des 12 prochains mois», dit-il. Les titres qui se vendent à un prix largement inférieur à leur valeur intrinsèque l'intéressent. Il se garde une bonne marge de manoeuvre de façon à limiter ses pertes si jamais la conjoncture tourne mal. Claret gère un actif de 650 millionsde dollars et dessert 1200 clients, dont 10% hors du Québec, souvent des expatriés québécois.

Shaw [[|ticker sym='T.SJR.B'|]]

Fermeture: 21,59$

Sommet 52 semaines: 23,50$

Bas 52 semaines: 18,37$

Dividende annuel: 0,92$

Claret vient d'acheter des actions du câblodistributeur Shaw. Aux yeux de M. Chung, Shaw est le Vidéotron du marché du sans-fil dans l'Ouest. «La société va réussir à se faire un créneau et on pense que le prix ne reflète pas cette occasion, dit-il. On croit que le titre vaut aujourd'hui entre 29$ et 35$.» Les investissements massifs dans son réseau sont faits. L'heure est arrivée de récolter les ventes.

Dorel [[|ticker sym='DII.B'|]]

Fermeture: 33,05$

Sommet 52 semaines: 39,35$

Bas 52 semaines: 28,20$

Dividende annuel: 0,62$

Fabricant de meubles prêts à assembler et d'articles pour enfants, Dorel se vend à un prix inférieur de 30% à sa valeur en raison de ses deux catégories d'actions, soutient le gestionnaire. Les actions de catégorie A à droits de vote multiples appartiennent à la famille Schwartz. «Ça veut dire que personne ne peut dire à Dorel quoi faire», conclut Alain Chung. Il ne s'en offusque pas, car les gestionnaires de Dorel sont d'excellents exécutants de leur stratégie d'affaires.

«Ils achètent une entreprise en s'endettant. Puis, ils produisent des fonds autogénérés avec lesquels ils remboursent la dette. Une fois la dette réduite, ils recommencent avec une nouvelle acquisition.» Les profits croissent de 10 à 15% par année, de quoi faire patienter M. Chung jusqu'à l'abolition des deux catégories d'actions. «Les dirigeants ne sont plus jeunes et les enfants ne paraissent pas intéressés à prendre la relève», dit notre invité, les doigts croisés.

Indigo [[|ticker sym='T.IDG'|]]

Fermeture: 15$

Sommet 52 semaines: 18,11$

Bas 52 semaines: 13,25$

Dividende annuel: 0,44$

Dans l'orbite d'Onex, holding de Gerald W. Schwartz, Indigo est le libraire canadien-anglais en situation de quasi-monopole avec ses bannières Coles, Chapters et Indigo. L'action verse un dividende au rendement annuel de 3%. Le titre se vend à 15 fois les profits, sans tenir compte de l'encaisse de l'entreprise évaluée, d'après M. Chung, à 6$ par action. «Indigo ne semble pas avoir besoin de l'argent, parce que l'encaisse s'accroît trimestre après trimestre», dit le gestionnaire. Selon lui, le jour arrivera où Onex va privatiser Indigo ou va le vendre.

Covidien [[|ticker sym='COV'|]]

Fermeture: 50,51$

Sommet 52 semaines: 52,48$

Bas 52 semaines: 35,12$

Dividende annuel: 0,80$

Entreprise américaine méconnue dans le domaine des instruments médicaux, Covidien est une ancienne division de Tyco, devenue autonome. Alain Chung s'attend à une croissance organique du chiffre d'affaires de 5 à 7% par année. Le secteur de la santé souffre encore de l'incertitude causée par la réforme de la santé du président Obama. Le ratio cours-bénéfice de COV se situe à 13. «Il peut facilement atteindre 18 fois les profits, dit-il. Nous pensons que le titre vaut aujourd'hui entre 65 et 80$.»

Johnson & Johnson [[|ticker sym='JNJ'|]]

Fermeture: 60,70$

Sommet 52 semaines: 66,20$

Bas 52 semaines: 56,86$

Dividende annuel: 2,16$

Ce choix paraît surprenant compte tenu des difficultés rencontrées par JNJ au dernier trimestre. «Les investisseurs ont été trop pessimistes, s'explique l'associé de chez Claret. Les ventes vont bien. L'action ne se vend qu'à 12 fois les profits et donne un rendement du dividende de 3,6%.» De quoi le rendre patient.

M. Chung tenait à parler de Kendle [[|ticker sym='KNDL'|]], entreprise contractuelle en recherche pharmaceutique. Le vent souffle en sa faveur puisque les grandes pharmas impartissent leurs activités de recherche aux Kendle de ce monde. L'action s'est toutefois écrasée avec la récession quand les contrats se sont volatilisés. Le titre, qui se vendait 50$US à son sommet, a chuté à 7$US. Il est remonté maintenant à 11$US. «L'effet de levier dans l'entreprise est énorme dans un horizon de 5 ans. Les pharmas sont bourrées d'argent et elles n'arrêteront pas de faire de la recherche», dit Alain Chung.