En cette semaine de la fête du Travail au Canada et aux États-Unis, c'est justement l'annonce des données sur le marché du travail en août dans les deux pays, attendue vendredi, qui attirera l'attention des marchés financiers.

Aux États-Unis, où le taux de chômage de 3,9 % est à son plus bas en 20 ans, les données les plus suivies concernent l'évolution des salaires. Elle est demeurée anormalement timide ces derniers mois en dépit des pénuries de personnel qui se multiplient dans certains secteurs.

De l'avis de certains analystes, toutefois, une relance de l'inflation salariale aux États-Unis serait imminente. Et dans ce cas, serait-elle suffisante pour influencer la Réserve fédérale (Fed) dans ses prochaines décisions sur les taux d'intérêt ?

« Même si la croissance des salaires reste difficile à mesurer, les enquêtes menées auprès des employeurs suggèrent que les salaires commencent à augmenter et qu'ils continueront de le faire pour l'avenir prévisible », a récemment observé Steve Goldstein, chroniqueur et chef de bureau à Washington de l'agence d'information boursière MarketWatch, du groupe Dow Jones & Co.

« En fait, la bonne nouvelle dans l'économie américaine est la vigueur du marché du travail, qui est dans sa meilleure situation depuis des années. C'est aussi un important motif du niveau de confiance des consommateurs, qui est à un sommet depuis plusieurs décennies. »

ET AU CANADA ?

Au Canada, le taux de chômage national, mesuré à 5,8 % en juillet, est aussi à un bas niveau historique en 20 ans.

Est-ce que cette baisse du taux de chômage au Canada pourrait se poursuivre à l'automne, accompagnée d'une hausse des salaires ?

« Après des mois d'avril et de mai plus difficiles, la forte création d'emplois survenue en juin et en juillet peut être considérée comme un rattrapage qui a permis au marché du travail de redevenir en phase avec la croissance économique observée récemment », note Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins.

« Historiquement, une telle croissance économique est accompagnée d'une hausse d'environ 20 000 emplois par mois. Cela devrait être suffisant pour faire descendre prochainement le taux de chômage sous son niveau historique de 5,8 %. » - Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins

« Par conséquent, les pénuries de main-d'oeuvre et les pressions haussières sur les salaires pourraient se poursuivre au cours des prochains mois. »

À la Banque Royale, l'économiste en chef adjoint, Paul Ferley, note qu'en dépit d'un « ralentissement marqué » de la création d'emplois au Canada ces derniers mois, le taux de chômage s'est encore abaissé à 5,8 %, « sous le niveau de plein emploi entre 6 et 6,5 % ».

Par conséquent, estime-t-il, « un rythme d'embauches et de création d'emplois plus vigoureux au cours des prochains mois risquerait de pousser l'économie canadienne en demande excédentaire et contribuer ainsi à des pressions inflationnistes plus importantes ».

Infographie La Presse