La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi les taux d'intérêt au même niveau, tout en signalant d'autres hausses graduelles à venir au cours des prochains mois, pourvu que l'économie demeure en bonne santé.

La décision largement attendue de la Fed a laissé le taux directeur à court terme de la banque centrale dans la fourchette de 1,75 % à 2 % - le niveau atteint en juin lorsque la Fed a augmenté le taux pour une deuxième fois cette année.

La Réserve fédérale a projeté en juin quatre hausses de taux cette année, comparativement à trois en 2017. Les économistes s'attendent à ce que la prochaine hausse se produise lors de la réunion de septembre avec une quatrième hausse de taux attendue en décembre.

Dans un bref énoncé de politique, mercredi, la Fed a noté un renforcement du marché du travail, une croissance de l'activité économique « à un taux élevé » et une inflation qui a atteint l'objectif de la banque centrale de 2 % de gains annuels.

Alors que les responsables estimaient que les risques économiques étaient à peu près équilibrés, il n'y avait aucune mention dans ce communiqué de ce que de nombreux économistes considèrent comme l'un des plus grands risques en ce moment : les tarifs douaniers de plusieurs milliards de dollars américains en vertu de la nouvelle approche du président Donald Trump sur le commerce.

La déclaration n'a fait aucune mention des tensions commerciales croissantes ou des critiques récentes du président Trump à l'endroit des hausses de taux continues de la Fed. Au lieu de cela, le rapport est décidément optimiste sur l'économie, en utilisant le mot « fort » trois fois dans le paragraphe d'ouverture pour décrire les différents développements.

La décision de la Fed a été approuvée par un vote unanime de huit voix contre zéro. Cela n'a pas été une surprise, étant donné que cette réunion a suivi une session de juin au cours de laquelle la Fed a pris un certain nombre de mesures, notamment pour augmenter les taux d'un quart de point et modifier sa prévision de hausses de trois à quatre.

Les hausses de taux de mars et juin ont suivi trois hausses en 2017 et une hausse en 2015 et en 2016. Le taux directeur de la Fed reste relativement bas. Mais, il est en hausse par rapport au niveau record proche de zéro, où il est resté pendant sept ans, alors que la banque centrale s'efforçait de maintenir des taux d'intérêt très bas pour sortir l'économie de la Grande Récession.

La série de hausses de taux a pour but d'éviter que l'économie ne surchauffe et que l'inflation ne grimpe trop. Mais, des taux plus élevés rendent l'emprunt plus coûteux pour les consommateurs et les entreprises, et peuvent peser sur les cours boursiers. Le président Trump a clairement fait savoir qu'il n'appréciait pas les efforts de la Fed pour restreindre l'économie afin de contrôler l'inflation.

« Resserrer maintenant nuit à tout ce que nous avons fait », a gazouillé M. Trump le mois dernier, un jour après avoir déclaré dans une entrevue à la télévision qu'il n'était « pas content » des augmentations de taux de la Fed.

Au cours du dernier quart de siècle, les présidents ont gardé le silence en public sur les actions de la Fed, estimant que des récriminations publiques seraient contre-productives. En effet, cela pourrait entraîner des hausses de taux encore plus rapides si la banque centrale ressentait le besoin de convaincre les marchés financiers qu'elle ne céderait pas à la pression politique et laisserait l'inflation atteindre des niveaux inquiétants.

À l'heure actuelle, la croissance économique est forte, à un niveau de 4,1 % au cours du trimestre d'avril à juin, soit la meilleure performance depuis près de quatre ans. Le taux de chômage est de 4 %, et certains analystes pensent qu'il baissera encore lorsque le gouvernement publiera ses données sur l'emploi en juillet vendredi.

Mais, il y a aussi les craintes de ce qu'une guerre commerciale dirigée par le président Trump pourrait faire pour la croissance aux États-Unis et dans le monde.

De nombreux analystes estiment que les effets néfastes potentiels de la hausse des tarifs ont été un sujet de discussion clé cette semaine. Bien que le commerce n'a pas été mentionné dans la déclaration, il apparaîtra probablement dans le compte rendu de la discussion de la Fed, qui sera publié dans trois semaines.

En livrant le rapport semestriel de la Fed au Congrès le mois dernier, le patron de la Réserve fédérale Jerome Powell s'est abstenu de critiquer les efforts de l'administration Trump pour utiliser la menace des droits de douane pour tenter de réduire les barrières commerciales. Mais, M. Powell a fait remarquer que la Fed entendait un « tollé croissant » de la part des contacts d'affaires au sujet des dommages qu'une guerre commerciale pourrait causer.

M. Powell n'a pas publiquement répondu à la critique de M. Trump sur les hausses de taux de la Fed. Mais, le président avait déjà déclaré dans une entrevue à la radio que la banque centrale a depuis longtemps opéré de manière indépendante en prenant des décisions sur les taux d'intérêt en fonction de ce qui était le mieux pour l'économie et non en réponse aux pressions politiques.