Malgré des résultats d'entreprises solides mardi, Wall Street a nettement reculé, affectée par la chute des cours de grands noms du Dow Jones et par le passage du seuil symbolique de 3 % sur la rémunération de la dette américaine à dix ans.

L'indice vedette Dow Jones Industrial Average a ainsi perdu 1,74 %, à 24 024,13 points, le Nasdaq, à forte coloration technologique, a reculé de 1,70 % à 7007,35 points, et l'indice élargi S&P 500 a abandonné 1,34 %, à 2634,56 points.

Les trois principaux indices de Wall Street ont ainsi connu leur plus mauvaise séance depuis le 6 avril.

«Cette séance reflète le changement de mentalité du marché depuis maintenant plusieurs semaines. Nous sommes passés de l'opportunité d'achat à la pression à la vente dès qu'une nouvelle inquiète un peu», a observé Nate Thooft de Manulife AM.

Malgré des résultats qualifiés par le spécialiste de «fantastiques» et un début de séance en forte hausse, l'action du groupe d'engins de chantier et poids lourd du Dow Jones Caterpillar a dégringolé de 6,20 % à 144,44 dollars.

En affirmant peu après l'annonce de ses chiffres avoir «atteint les résultats les plus élevés de l'année», l'entreprise «a laissé suggérer aux investisseurs que les trimestres suivants seraient forcément moins bons», a indiqué M. Thooft.

Le groupe a également jeté un froid en mettant en garde contre une hausse inattendue des prix de l'acier.

D'autres multinationales ont également souffert après l'annonce de leurs résultats trimestriels, à l'instar des conglomérats industriels 3M (-6,83 %) et United Technologies (-1,10 %), de Coca-Cola (-2,07 %), du groupe de défense Lockheed Martin (-6,17 %) ou d'Alphabet (-4,77 %), maison-mère de Google.

Les résultats de la plupart de ces groupes ont été «bons, mais pas exceptionnels», a indiqué Phil Davis de PSW investments, ajoutant que «les attentes des marchés étaient très élevées».

Volatilité

Le marché actions a en outre été affecté par le franchissement du seuil symbolique de 3 % en début de séance du taux d'intérêt de la dette américaine à dix ans, un seuil juste en dessous duquel il évolue depuis plusieurs semaines et qui a été atteint pour la dernière fois il y a plus de quatre ans.

Cette progression du taux de rémunération de la dette américaine rend le marché obligataire plus attractif pour des investisseurs en quête de rendements croissant et de risque très faible.

«Les investisseurs qui ont gagné beaucoup d'argent sur le marché actions peuvent envisager de le retirer et le placer sur le marché obligataire désormais, moins risqué et avec un taux de rémunération qui devient intéressant dans le contexte d'inflation modérée», a détaillé Phil Davis de PSW Investments.

La hausse des taux s'est récemment accélérée face à l'augmentation des cours des matières premières, le pétrole atteignant son plus haut niveau depuis 2014, à l'instauration par l'administration américaine de sanctions commerciales et à la multiplication des emprunts effectués par le Trésor américain.

La Réserve fédérale (Fed), dont un des objectifs est d'empêcher une inflation galopante, pourrait en conséquence vouloir remonter plus rapidement que prévu ses taux directeurs cette année. Cette perspective fait, par ricochet, grimper l'ensemble des taux d'intérêt.

Par conséquent, de nombreux investisseurs craignent qu'une remontée trop rapide des taux ne freine la reprise économique en rendant les emprunts plus chers.

Par ailleurs, estime M. Thooft, le taux de rendement sur la dette américaine pourrait continuer sa progression dans la mesure où l'administration américaine prévoit de nombreuses émissions de bons du Trésor sur le marché cette année.

Toutes ces nouvelles ont propulsé l'indice qui mesure le niveau de volatilité sur le S&P 500 (indice VIX) à son plus haut depuis dix jours.

Les métaux et les matériaux aident Toronto

L'indice composé S&P/TSX du parquet torontois a cédé 75,06 points pour terminer la séance à 15 477 points.

À New York, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a plongé de 424,56 points à 24 024,13 points, tandis que l'indice élargi S&P 500 a rendu 35,73 points à 2634,56 points. L'indice composé du Nasdaq a perdu 121,25 points à 7007,35 points.

Le désinvestissement observé sur les marchés américains s'expliquait notamment par le fait que le rendement des bons du Trésor de 10 ans a atteint le «seuil psychologique» de trois pour cent, a expliqué Luc de la Durantaye, directeur général de l'allocation d'actifs et des devises chez Gestion d'actifs CIBC.

«Cela a probablement un peu énervé le marché», a-t-il noté.

Les inquiétudes quant aux taux d'intérêt américains ont été amplifiées par les craintes des investisseurs à propos de certaines entreprises en particulier, comme la société mère de Google, Alphabet, dont l'action a glissé de cinq pour cent. La société a dévoilé cette semaine que ses dépenses en immobilisations avaient été plus importantes que prévu au plus récent trimestre.

Au Canada, les actions aurifères et celles du groupe des matériaux sont restées vigoureuses. Le titre de Barrick Gold a pris plus de trois pour cent mardi à la suite de la publication de résultats trimestriels supérieurs aux attentes. La minière torontoise a en outre annoncé qu'elle ne vendrait plus d'actifs pour rembourser sa dette.

«L'or est en hausse (...) Cela aide certainement le marché à se maintenir davantage qu'aux États-Unis», a observé M. de la Durantaye.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s'est négocié au cours moyen de 77,95 cents US, en hausse de 0,03 cent US par rapport à son cours moyen de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du lingot d'or a gagné 9 $ US à 1333 $ US l'once, tandis que celui du cuivre a pris 3 cents US à 3,14 $ US la livre. Le prix du pétrole brut a cédé 94 cents US à 67,70 $ US le baril.