Si les choses s'étaient déroulées comme prévu pour le Montréalais David Baazov, les actions de l'ex-PDG d'Amaya (aujourd'hui Groupe Stars) vaudraient plus de 1 milliard de dollars ce matin, le titre ayant bondi de 15 % hier. Ironie suprême, ce bond est survenu le jour même où son procès pour délit d'initié s'ouvrait officiellement hier au palais de justice de Montréal.

L'action du Groupe Stars a gagné hier 15 % pour atteindre 43,02 $ à Toronto dans la foulée de l'annonce (effectuée samedi dernier) de l'acquisition de la britannique Sky Bet au prix de 4,7 milliards US.

Les quelque 5,6 millions d'actions du Groupe Stars que David Baazov détient toujours lui ont rapporté un gain sur papier de 32 millions hier et valent maintenant 241 millions. Dans la foulée des accusations de délit d'initié portées contre lui en mars 2016, il avait vendu 19 millions d'actions de l'entreprise en mars de l'an passé alors que l'action valait une vingtaine de dollars.

Le bloc d'actions vendues lui a rapporté près d'un demi-milliard l'année dernière, mais s'il possédait encore ces actions, la valeur de sa participation dépasserait le milliard de dollars depuis hier.

OUVERTURE DU PROCÈS

David Baazov était par ailleurs absent hier en cour pour le jour 1 de son procès qui le confronte à des accusations, notamment, de manipulation de marché, tuyautage et complot relativement à l'acquisition de PokerStars au prix de 5 milliards US en juin 2014.

Son avocate a expliqué qu'il ne pouvait être présent en raison d'un rendez-vous à l'extérieur de la ville, mais qu'il devrait être présent en cour aujourd'hui.

Deux autres individus et trois sociétés font aussi face à des accusations de délit d'initié aux côtés de David Baazov dans cette affaire.

Dans sa déclaration d'ouverture, hier, la procureure de l'Autorité des marchés financiers (AMF) a souligné que des témoins viendront confirmer que dès décembre 2013, des discussions « sérieuses » se déroulaient et qu'une entente de principe a eu lieu suivant ces discussions.

« Dès lors, l'information à l'effet qu'une transaction potentielle d'envergure était envisagée constituait de l'information inconnue du public et susceptible d'affecter la décision d'un investisseur raisonnable. » - Me Isabelle Bouvier, procureure de l'AMF

50 TÉMOINS AU MENU

L'AMF compte faire entendre une cinquantaine de témoins au cours des prochaines semaines. Le premier témoin interrogé hier est un enquêteur qui a participé à des perquisitions, notamment celles du 10 décembre 2014 au siège social d'Amaya à Pointe-Claire (depuis déplacé à Toronto) et du 16 septembre 2015 à la résidence de David Baazov à Dollard-des-Ormeaux.

Les accusés sont exposés à des amendes de 5000 $ à 5 millions de dollars par chef et à une peine d'emprisonnement qui peut atteindre cinq ans moins un jour.

Le procès, qui a déjà résisté à deux requêtes en arrêt des procédures, pourrait s'étirer au moins jusqu'à la fin de l'été.