La recrudescence des hostilités commerciales entre les États-Unis et la Chine vendredi a déstabilisé les investisseurs de Wall Street, les incitant à une grande prudence à l'approche du week-end.

Son indice vedette, le Dow Jones, a baissé de 2,3% à 23 932,76 points après avoir chuté de plus de 3% en fin de séance.

Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a reculé de 2,3% à 6915,11 points.

L'indice élargi S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises cotées aux États-Unis, a lui perdu 2,2% à 2604,47 points.

Sur la semaine, le Dow Jones s'est replié de 0,7%, le Nasdaq de 2,1% et le S& 500 de 1,4%.

«Le marché se préoccupe clairement de plus en plus de la possibilité d'une véritable guerre commerciale» entre les deux premières puissances économiques mondiales, remarque Tom Cahill, gérant de portefeuilles pour Ventura Wealth Management.

Le président américain a fait monter les enchères en menaçant jeudi soir d'imposer de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises. Pékin a immédiatement riposté en assurant que la Chine se battrait avec force et «détermination» si les États-Unis venaient à mettre cette menace à exécution.

Une guerre commerciale entre les deux pays est désormais une «probabilité», a estimé le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, tout en soulignant la volonté de Washington de négocier.

Le conseiller économique de la Maison-Blanche, Larry Kudlow, a lui soufflé le chaud et le froid, soulignant en début de journée que «rien (n'avait) encore été appliqué», avant d'avertir dans l'après-midi que les menaces américaines n'étaient pas juste une posture de négociation.

«Les commentaires qui émergent de l'administration américaine ne font rien pour apaiser les marchés, car ils semblent se contredire les uns les autres», a remarqué M. Cahill.

L'intervention de M. Mnuchin a aussi «laissé l'impression qu'on s'avançait vers un vrai contentieux, car il n'y a pas de négociation en cours et qu'aucun des deux camps ne semble vouloir battre en retraite», a noté Patrick O'Hare de Briefing.

Si des barrières douanières étaient au final dressées, elles pourraient surtout affecter les grandes multinationales écoulant leur marchandise en Chine, comme le constructeur aéronautique Boeing (-3,1%), le fabricant d'engins de chantier Caterpillar (-3,5%) ou les géants du secteur technologique.

Les investisseurs digéraient aussi les chiffres en demi-teinte sur le marché du travail aux États-Unis, les créations d'emplois en mars ayant un peu déçu les attentes, mais les salaires ayant légèrement progressé.

Dans un discours surveillé par les investisseurs, le président de la Réserve fédérale s'est montré particulièrement prudent, en estimant notamment que la banque centrale devait remonter ses taux ni trop rapidement, ce qui empêcherait l'inflation de progresser, ni trop lentement, ce qui la ferait monter trop vite.

«Le marché pouvait commencer à penser que toute cette volatilité pourrait inciter la Fed à être un peu moins agressive dans la normalisation de sa politique monétaire, mais son président n'en a montré aucun signe aujourd'hui», a estimé M. O'Hare.

Les investisseurs auront la semaine prochaine de nombreux éléments à se mettre sous la dent.

«Tout commentaire sur des négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis sera surveillé», a indiqué M. Cahill. «Mais on aura aussi le compte-rendu de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, l'audition du patron de Facebook devant le Congrès ou encore des chiffres sur l'inflation aux États-Unis.»

L'indice de référence de la Bourse de Toronto a aussi clôturé en baisse. L'indice composé S&P/TSX du parquet torontois a retraité de 148,64 points (-0,8%) à 15 207,41 points, tiré vers le bas notamment par les secteurs de l'énergie et de la santé.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s'est négocié au cours moyen de 78,35 cents US, en hausse de 0,08 cent US par rapport à son cours moyen de la veille. Statistique Canada a indiqué vendredi que le taux de chômage s'était maintenu le mois dernier à un creux de 40 ans.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole bruit a lâché 1,48 $ US à 62,06 $ US le baril, tandis que celui du lingot d'or a avancé de 7,60 $ US à 1336,10 $ US l'once. Le prix du cuivre a perdu 1 cent US à 3,06 $ US la livre.

- Avec La Presse canadienne