La messagerie cryptée Telegram a levé 850 millions de dollars US pour développer les technologies du blockchain, à la base des cryptomonnaies, une opération qui pourrait constituer un record pour ce secteur, selon des documents publiés par le régulateur boursier américain.

La presse spécialisée et les analystes du secteur bruissent depuis de semaines de rumeurs indiquant que Telegram cherche à créer sa propre cryptomonnaie et a lancé une levée de fonds massive en cryptomonnaies (ICO) dans cette optique.

Par le biais de deux sociétés enregistrées aux Îles Vierges britanniques, les frères Pavel et Nikolaï Dourov, fondateurs de Telegram, ont récolté 850 millions de dollars US auprès de 81 investisseurs, lit-on dans un document disponible lundi sur le site internet de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme américain de la Bourse.

« Les émetteurs ont l'intention d'utiliser la somme pour développer la TON Blockchain, pour développer et entretenir la messagerie Telegram et à d'autres fins décrites dans les documents de cette offre », précise la SEC.

Selon des experts interrogés début février par l'AFP, il s'agirait de la première phase d'une récolte de fonds en cryptomonnaies (ICO), qui pourrait atteindre 3,8 milliards de dollars US et constituerait un record en la matière. La première récolte de fonds de 850 millions de dollars US dépasse largement les sommes habituelles en matière d'ICO, qui ne dépassent pas 300 millions de dollars.

Telegram n'a pour l'instant pas officiellement confirmé ses intentions.

La messagerie Telegram, créée en 2013 par les frères Durov, est avant tout connue pour sa capacité à protéger et anonymiser les échanges. Son utilisation par les mouvements djihadistes a régulièrement suscité la polémique ces dernières années.

Organisation à but non lucrative, Telegram est basée sur des logiciels en « open source », c'est-à-dire libres de droits et accessibles à tous afin d'en améliorer le programme, et rejette tout type de contrôle sur son fonctionnement et sa gouvernance.

Utilisées de plus en plus souvent, notamment par les startups, les ICO sont surveillées de près par les régulateurs par crainte de fraudes. Lors d'une telle opération, au lieu d'émettre des actions ou des obligations, une entreprise crée sa propre monnaie virtuelle ou des « jetons » échangeables en monnaie virtuelle, et les vend pour financer son développement.