En franchissant pour la première fois de son histoire mardi le cap des 20 000 points, le Dow Jones déjoue une nouvelle fois les pronostics, qui tablaient sur un repli du marché après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.

L'indice phare de Wall Street avait déjà grimpé en novembre après l'élection inattendue du candidat républicain, surprenant les analystes, avant de marquer une pause en début d'année.

«Un recul après la victoire de M. Trump ne m'aurait pas surpris. Je pensais (...) que le marché baisserait parce qu'il n'aime pas les surprises», a mis en avant Sam Stovall de CFRA.

Les investisseurs s'étaient alors résolus à cette hausse fondée sur des attentes de relance budgétaire, avec augmentation des dépenses d'infrastructure et baisses d'impôts mais aussi diminution des réglementations, vues comme un frein à la croissance à Wall Street.

Mais après sa forte hausse initiale, le Dow Jones avait marqué le pas, s'approchant plusieurs fois des 20 000 points ces dernières semaines mais sans parvenir à les franchir.

Les risques de voir les promesses politiques ne pas résister à l'épreuve des faits avaient encouragé la majorité des analystes à prévoir, avec plus de précautions cette fois-ci, un repli de la Bourse de New York après l'investiture du nouveau président américain.

«Ces derniers temps, avec l'investiture, de nombreux investisseurs pensaient que l'on aurait une baisse des actions, sur le thème "Achetons à l'élection, vendons à l'investiture"», a résumé Sam Stovall.

Mais la crainte de ne pas participer à un nouveau mouvement de hausse l'a emporté, poussant les opérateurs de marché à l'achat, a estimé Patrick O'Hare de Briefing dans une note.

Même si la Bourse de New York a hésité juste après l'investiture, elle est repartie en nette hausse après la signature mardi des décrets relançant la construction de deux oléoducs controversés.

Cette décision a rassuré sur la capacité du nouveau président à agir et à lever ce que Wall Street considère comme des freins à la croissance de l'économie américaine et aux profits des entreprises.

Risques protectionnistes

Dans l'immédiat, les marchés font peu de cas des risques protectionnistes avec l'accent mis par le nouveau président sur «l'Amérique d'abord» lors de son discours d'investiture et sa volonté de revoir les relations des États-Unis avec ses partenaires commerciaux.

Dès le début de sa présidence, M. Trump a tenu sa promesse électorale de retirer les États-Unis du Partenariat transpacifique (TPP), âprement négocié par son prédécesseur Barack Obama.

Désormais, la renégociation de l'Accord de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALÉNA), que Donald Trump a exigé du Canada et du Mexique, et ses menaces de taxer les importations, notamment dans l'automobile, sont au centre des interrogations.

«Ce sont des jokers. Il a été dans l'immobilier toute sa vie donc il s'y connaît en compromis. Plus vous mettez sur la table, plus vous avez d'atouts dans votre jeu», a avancé J.J. Kinahan, de TD Ameritrade.

Au-delà des fortes attentes concernant les décisions politiques, les marchés ont trouvé du soutien dans une économie américaine qui montre toujours des signes de vigueur et sur des résultats d'entreprises qui ont tendance à s'améliorer.

«Nous pourrions voir un petit repli mais la tendance ne sera pas fortement à la baisse», a pronostiqué Sam Stovall.

Concernant la politique monétaire américaine, le Dow Jones a sans trop de difficultés surmonté en décembre la deuxième hausse des taux de la banque centrale américaine en une décennie.

À plus long terme, la poursuite du relèvement des taux, si elle a tendance à soutenir les valeurs financières, dont le poids est crucial dans le Dow Jones, en leur permettant d'augmenter leurs marges, pourrait freiner la croissance américaine et tarir le principal carburant des marchés d'actions ces dernières années: des rendements obligataires faibles.

«À un certain niveau, des rendements plus élevés font baisser la Bourse, mais un rendement pour les bons du Trésor à 10 ans de 3% est plutôt bas sur le long terme», a nuancé Karl Haeling qui jugeait que Wall Street disposait encore d'une marge de progression sur la première moitié de l'année 2017.