Le prix du baril de pétrole pourrait aussi bien remonter à 50 $US que tomber à 40 $US, selon l'issue de l'importante rencontre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) aujourd'hui. La performance prévisible de la Bourse de Toronto, composée en bonne partie de titres de ressources naturelles, est du même tonneau.

À 45,23 $US le baril, à la fermeture du marché hier, le prix du pétrole de qualité West Texas Intermediate est à mi-chemin entre les deux jalons alors que les investisseurs s'interrogent sur la capacité des ministres de l'OPEP, qui pompe plus du tiers du brut mondial, à s'entendre.

Le cours paraît même élevé, malgré sa chute de près de 4 % en une journée, étant donné que la firme Goldman Sachs estime à 30 % seulement la probabilité d'un accord de réduction de la production à Vienne.

« L'échec n'est pas une option », croient pour leur part les cinq experts du pétrole et du gaz de BMO Marchés des capitaux. Si le cartel maintient (ou pire, hausse) les quotas de production des pays membres, les stocks mondiaux vont augmenter, au risque que le prix du baril de pétrole revienne tester le plancher des 40 $US, écrivent-ils dans une note de marché toute récente.

Pour leur part, les économistes de la Banque Nationale sont nettement incrédules. « Nos prévisions d'un léger renforcement du dollar américain doublées de notre scepticisme à l'égard de la capacité de l'OPEP de s'entendre pour infléchir l'offre de pétrole nous conduisent à conclure que les prix du brut ont culminé pour le moment », écrivent les économistes Stéfane Marion et Matthieu Arseneau, dans le plus récent bulletin boursier de la banque montréalaise.

CE SERA LAID

Si aucun accord n'est obtenu, ce sera laid, non seulement pour le pétrole, mais aussi pour les marchés de change et d'actions, du Moyen-Orient jusqu'à New York, croit l'analyste en chef de Think Markets. Cité sur le site MarketWatch, celui-ci prévoit que l'indice général américain S&P 500, qui a beaucoup capitalisé sur le pétrole cette année, chutera de 5 %.

Au Canada, cinquième producteur mondial de pétrole et de gaz, le poids des titres de ressources compte davantage, soit pour près du quart de l'indice général S&P/TSX. Selon MM. Marion et Arseneau, il reste d'ailleurs peu de potentiel pour les actions canadiennes d'ici la fin de l'année, d'autant plus avec la hausse des taux d'intérêt que nous prépare la Réserve fédérale américaine.

Le dernier supercycle haussier pour le pétrole a commencé en 1998, après des années de bas prix qui avaient entraîné notamment la fermeture de puits. Cela a culminé en juillet 2008 quand le Brent du Nord a atteint 146 $US le baril. Les prix sont demeurés à des niveaux élevés durant sept ans, suscitant une véritable ruée vers l'or noir en Amérique du Nord. Le cours du brut s'est ensuite écrasé avec la surabondance, replongeant les pétrolières en crise. Il fluctue depuis deux mois au gré des rumeurs sur le projet crucial d'entente du cartel pétrolier.

LA RECOMMANDATION

Les analystes du secteur pétrolier de BMO Marchés des capitaux continuent à recommander aux investisseurs de se « concentrer sur les entreprises dont les structures de coûts sont les plus faibles, car ces sociétés sont les mieux placées pour générer de la valeur pour les actionnaires dans un contexte de baisse du prix du pétrole ». Canadian Natural Resources, Concho, Oasis, Pioneer, Raging River et Suncor figurent parmi leurs principales recommandations en matière d'investissement lié au pétrole. Du côté des infrastructures liées à l'énergie, l'analyste Ben Pham, lui aussi de BMO, recommande Gibson Energy, dans le scénario d'une réduction de la production de l'OPEP, et TransCanada, en cas de statu quo.