L'indice Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York a vaillamment passé le cap psychologique des 19 000 points, hier, à la faveur du rallye des actions depuis l'élection-surprise du candidat républicain Donald Trump à la présidence des États-Unis.

L'indice le plus suivi dans le monde a bondi de 67 points, jusqu'à tout près de 19 024 en cette séance mouvementée.

L'attention des investisseurs partout dans le monde est frappée chaque fois que le vénérable indice des 30 grandes valeurs industrielles américaines franchit une nouvelle barre, d'autant plus quand il s'agit d'incréments de mille.

Il faut dire que l'indice constitué par Charles Dow est une mine d'or pour les dévoreurs de statistiques. Avec des données historiques remontant jusqu'en 1896 et sa méthodologie simpliste toujours inchangée, il n'a pas son pareil pour mesurer les grands et petits cycles boursiers.

Bien que peu significatifs en soi, les seuils dits psychologiques sont souvent difficiles à franchir pour le Dow. S'y maintenir en clôture est encore plus ardu alors que ces caps incitent souvent des investisseurs à vendre. On a d'ailleurs craint que cela ne se produise après le départ canon, hier, le Dow taquinant sa nouvelle marque historique pendant des heures.

L'appétit pour les actions paraît toutefois insatiable. Les épargnants sont carrément boulimiques, selon la plus récente enquête de l'Association américaine des petits investisseurs. Reste à voir si les derniers récalcitrants quitteront les gradins alors que les barrières psychologiques tombent.

Le Dow est en hausse presque continue depuis maintenant huit ans, si ce n'est la légère déviation de 2015. Le gain du marché boursier américain, tel que mesuré par le plus vieil indice boursier du monde, est de 8,8 % depuis le début de l'année. Sa valeur a presque triplé depuis la crise financière de 2008.

Pour sa part, l'indice général S&P/TSX de la Bourse de Toronto est repassé au-dessus des 15 000 points, un autre beau chiffre bien rond, lundi. L'indice boursier canadien suscite toutefois peu d'intérêt sur le plan technique. Toujours en retrait du Dow et écroué par les ressources naturelles, il demeure par ailleurs à 3,7 points de pourcentage de son record du 3 septembre 2014, même après avoir conforté son avance à 15 101, hier.

Les capitaux convergent

La Bourse américaine profite d'une violente rotation du marché obligataire vers le marché des actions depuis la soirée électorale du 8 novembre. Bank of America Merrill Lynch a calculé que la première semaine suivant l'élection inattendue de Donald Trump a vu la plus grande ruée vers les fonds d'actions en deux ans et les plus importants retraits des fonds à revenu fixe depuis le début de 2013.

Depuis la présidentielle américaine du 8 novembre, le taux obligataire américain de 10 ans a pris presque 50 points de base. Les obligations sont d'autant plus risquées alors que la banque centrale américaine est sur le point de relever ses taux directeurs, à la faveur de la bonne santé de l'économie américaine. Selon Jimmy Jean, économiste principal du Mouvement Desjardins, dans l'état actuel des choses, un retour des taux aux niveaux qui précédaient l'élection est difficile à imaginer.

Une rotation de secteurs s'est par ailleurs opérée, les investisseurs prenant leurs profits sur les valeurs technologiques - qui avaient vu de fortes progressions l'an dernier - pour investir dans les titres procycliques, comme les banques, l'industrie, la défense et la santé, auxquels le Dow fait une large part. C'est ainsi que l'indice composé de la Bourse NASDAQ, riche en valeurs technologiques, traîne un peu la patte avec une avance de 7,2 % depuis le début de l'année, malgré ses récents records.

L'effet Trump est toujours bien réel alors que se présente la dernière ligne droite vers la fin de l'année pour les marchés financiers. Les investisseurs continuent de réorganiser leurs portefeuilles en fonction de la politique de relance budgétaire espérée de la part du nouveau président désigné.

Le spécialiste des actions de la Deutsche Bank, David Bianco, ne voit d'ailleurs pas de marché baissier poindre d'ici 2018. Dans une note adressée à ses clients, il se dit « plus confiant maintenant » que l'indice global du marché américain S&P atteindra 2500 en 2018, comparativement à 2200 en clôture hier - ce qui met le Dow à plus de 21 000 points - avant qu'un grand retrait ne se produise.