Les grandes banques américaines étaient de nouveau malmenées à Wall Street lundi, les investisseurs s'interrogeant sur leur nécessaire réorganisation après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Vers 11 h 30, l'indice regroupant l'ensemble des valeurs financières était en baisse de 3,13 %, plombé principalement par le secteur bancaire.

Après un vendredi noir qui les avait vus connaître leur plus mauvaise séance depuis la perte du triple A des États-Unis en août 2011, les actions bancaires sont de nouveau à la peine.

JPMorgan Chase, première banque américaine en termes d'actifs, perdait 3,92 % à 57,26 dollars, Bank of America 5,54 % à 12,28 dollars, Citigroup 3,71 % à 38,80 dollars, Goldman Sachs 1,63 % à 139,55 dollars et Morgan Stanley 4,16 % à 23,50 dollars.

Ces cinq établissements emploient plus de 40 000 personnes au Royaume-Uni et y ont installé leur quartier général européen.

De la City à Londres, elles achètent et vendent pour le compte de leurs clients européens des produits financiers, y gèrent leurs actifs et conseillent les entreprises européennes dans leurs différentes transactions (fusions-acquisitions, collectes de fonds, financements, émissions de titres de participations, entrées en Bourses...).

Jusqu'ici, les grandes banques américaines possèdent un «passeport européen» leur permettant d'accéder au marché continental et ses 28 pays sans restriction. Mais la sortie du Royaume-Uni de l'UE pourrait les prive de ce précieux sésame et les contraindre à chercher une solution de repli.

Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, a reconnu jeudi que le Brexit requiert des «changements à la structure de notre entité locale».

Le temps presse, car il faut entre deux à trois mois pour formaliser une demande de licence et de six à neuf mois pour l'étude du dossier, selon les analystes. Les grandes banques américaines espèrent disposer de deux ans pour se conformer au nouvel environnement juridique européen, selon des sources proches du dossier.

M. Dimon a averti avant le référendum que sa banque pourrait transférer de 1000 à 4000 de ses 16 000 employés basés au Royaume-Uni sur le continent. Chez Morgan Stanley, environ 1000 des 6000 salariés de l'établissement au Royaume-Uni pourraient être déplacés, a indiqué à l'AFP une source interne.

Chez Citigroup, on planche sur la possibilité de se renforcer en Irlande où la banque dispose d'une filiale de banque de détail, selon une source proche du dossier.

Les grandes banques américaines pâtissent par ailleurs du report d'une hausse des taux d'intérêt aux États-Unis qui aurait rendu plus attractives les activités de prêts.

Les investisseurs retiennent également leur souffle avant les résultats de la deuxième phase de tests de solidité des institutions financières américaines attendus mercredi.

Ce jour-là, la banque centrale (Fed) doit en effet dire si elle valide leurs différents projets de distribution de capital, qui comprennent notamment la rémunération des actionnaires via des dividendes et des rachats d'actions. L'an dernier, Bank of America avait été sommée de revoir sa copie.