Wall Street se montrait sceptique jeudi sur les ambitions affichées la veille par le constructeur de voitures électriques Tesla de quintupler sa production en deux ans et son titre chutait en Bourse.

L'action Tesla perdait quelque 5% à 211,60 dollars vers 14 h 20 après avoir pourtant initialement bondi la veille lorsque le PDG du groupe, Elon Musk, a annoncé que l'usine capable de produire 500 000 voitures pas an entrerait en service dès 2018 avec deux ans d'avance sur le calendrier prévu.

Cette décision vise notamment à faire face au succès du «Model 3», la voiture de moyenne gamme (35 000 dollars au prix de base) que Tesla doit mettre sur le marché à la fin de l'année prochaine et qui a déjà enregistré plus de 325 000 précommandes.

Cela représenterait plus de cinq fois les 89 000 voitures que Tesla entend produire cette année d'où le fait que cette ambition provoquait un certain pessimisme.

«Tesla double la mise sur des objectifs déjà très ambitieux mais nous restons prudents», a estimé Ryan Brinkman, analyste chez JPMorgan dans une note jeudi.

«Tesla avait déjà depuis un certain temps indiqué qu'il s'orientait vers 500 000 voitures d'ici 2020, ce que nous avions déjà estimé comme extrêmement ambitieux. Mais Tesla et son intrépide PDG  Elon Musk ont doublé la mise et ont fixé l'objectif de 500 000 voitures non plus pour 2020 mais en 2018, deux ans plus tôt que le plan prévu», soulignent les analystes de la banque, ajoutant que cela préfigure sans doute une prochaine annonce d'un million de voitures à l'horizon 2020.

Le fait que Tesla a légèrement manqué ses objectifs de production au 1er trimestre cette année en ne produisant que 15 510 voitures au lieu des 16 000 escomptés ne contribuait pas à rassurer les marchés.

Tesla a souligné mercredi soir que la production du «Model X» «est insuffisante pour atteindre nos objectifs de livraison» alors que ce modèle à subi quelques défauts de jeunesse qui ont provoqué un rappel général pour des problèmes sur les sièges arrière.

Le Model X, un SUV pouvant accueillir 7 personnes reconnaissable à ses portes arrières à ouverture «papillon», est le dernier né de Tesla et veut ouvrir le constructeur à la gamme des gros 4x4 de ville familiaux très prisés aux États-Unis. Il s'ajoute au «Model S», une berline aux lignes plus classiques.

Le «Model 3» veut lui s'imposer sur le segment de moyenne gamme, où le géant GM va lancer avant la fin de l'année sa «Bolt», elle aussi toute électrique et capable de parcourir 200 miles (320 km) sur une seule charge.

Les analystes de JPMorgan estiment aussi qu'après l'engouement initial «il n'y aura peut-être pas assez de demande pour le «Model 3» pour maintenir l'objectif de 500 000 véhicules produits en 2020» alors que la concurrence de GM mais aussi de Nissan sur la gamme moyenne et de Audi, BMW et Mercedes-Benz dans le haut de gamme va s'intensifier.