L'action de la Banque Nationale perdait 5 % de sa valeur pendant une bonne partie de la journée, hier, à la Bourse de Toronto après qu'une institution financière de l'Ouest canadien eut lancé un avertissement aux investisseurs concernant ses prêts au secteur gazier et pétrolier. L'avertissement est survenu à un moment où les cours du pétrole reculaient dans la foulée des données préoccupantes sur la croissance économique en Chine.

La direction de la Canadian Western Bank a fait savoir hier matin que les faibles prix de l'énergie allaient se traduire par des provisions sur prêts plus élevées que prévu pour le trimestre qui a pris fin vendredi et dont les résultats seront présentés au début de juin.

La réaction des investisseurs a été vive. L'action de la Canadian Western Bank a rapidement cédé 10 % hier matin et le titre de la Banque Nationale n'a pu éviter ce raz-de-marée. Bien que les prêts au secteur gazier et pétrolier ne comptent que pour environ 3 % de l'ensemble du portefeuille de prêts de la Banque Nationale, l'institution financière québécoise est celle qui a la plus forte exposition au secteur de l'énergie, avec la Scotia, parmi les grandes banques canadiennes.

Le volume de transactions enregistré sur le titre de la Banque Nationale hier était le plus important depuis la mi-mars. L'action de la Banque Nationale n'avait pas reculé de 5 % en une séance depuis le 8 février. Ce jour-là, les investisseurs réagissaient à l'établissement d'un moratoire par les autorités allemandes sur les activités de la filiale Maple Bank. Quelques semaines plus tard, la participation dans Maple était radiée. L'action de la Banque Nationale avait aussi cédé 5 % en une séance en octobre dernier en réaction à une émission d'actions surprise.

L'action de la Nationale a peut-être aussi souffert hier du fait que l'analyste Kevin Choquette, de la firme Credit-Suisse, a retiré en début de journée sa recommandation d'achat. Il a essentiellement justifié sa décision par la forte appréciation du titre depuis le début de l'année et les risques de provisions pour pertes plus élevées que prévu. L'action de la Nationale a finalement clôturé en recul de 4 %, à 42,70 $, à la Bourse de Toronto.

La variation boursière observée hier montre que les marchés demeurent nerveux par rapport aux nouvelles liées au secteur de l'énergie, même si le prix du baril de brut a repris une tendance haussière depuis le creux atteint en janvier.

PERTES IMPORTANTES

La Canadian Western Bank prévoit maintenant que ses provisions pour pertes pour les mois de février, mars et avril s'élèveront à 40 millions. De cette somme, 33 millions seront liés au secteur pétrolier. Les provisions pour pertes de cette banque avaient atteint 8,9 millions au trimestre précédent. L'analyste Meny Grauman, de Cormark Securities, avait prévu que les provisions pour pertes s'élèveraient à 11,5 millions pour le trimestre qui vient tout juste de prendre fin, ce qui explique la surprise hier sur les marchés.

À la CIBC, Robert Sedran n'a pas hésité à changer sa recommandation envers la Canadian Western Bank, suggérant dorénavant de vendre le titre. « Cette annonce de la Canadian Western Bank confirme que les grandes banques canadiennes ne sont pas sorties du bois. »

La nouvelle est assurément une bonne raison de marquer une pause boursière après la récente poussée enregistrée depuis la mi-février, dit Meny Grauman. « L'annonce de la Canadian Western Bank permet de mettre en évidence un certain nombre de choses, notamment la possibilité d'avoir des surprises malgré que le sentiment du marché s'était amélioré. »

La prochaine ronde de divulgation des résultats bancaires s'amorcera à la fin du mois pour se terminer au début de juin. La Banque Nationale et la Canadian Western Bank publieront leurs résultats pendant la dernière semaine de mai.