Wall Street a nettement interrompu cette semaine sa marche vers des records, face à des résultats trimestriels d'entreprises très contrastés dans la technologie, et va maintenant se concentrer sur des statistiques américaines, en particulier sur l'emploi.

Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 1,28 % à 17 773,64 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 2,67 % à 4775,36 points.

Jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a cédé 1,26 % à 2065,30 points.

« Il n'y a pas de quoi s'inquiéter », a relativisé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management. « Vu que la Bourse montait franchement depuis février, ce n'est pas très surprenant de la voir baisser, même si elle l'a fait de façon étonnamment rapide en fin de semaine. »

Le Dow Jones et le S&P 500 étaient passés tout près de leurs records la semaine précédente, après avoir repris quelque 15 % depuis leurs bas niveaux du début février, mais les observateurs doutaient de leur capacité à s'y maintenir.

Dans un tel contexte, « il faut que tout se passe parfaitement bien... Et malheureusement, cela n'a pas été le cas », a estimé Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.

En premier lieu, les investisseurs ont subi le coup de résultats d'entreprises mitigés dans le secteur technologique, où de bons chiffres des groupes internet Facebook et Amazon ont été éclipsés par une grosse déception chez Apple, dont les ventes ont baissé pour la première fois depuis près de dix ans.

Le groupe informatique, qui dispute à Alphabet, maison mère de Google, le titre de plus grosse capitalisation boursière mondiale, a perdu plus de 11 % sur la semaine, jetant un « nuage noir » sur la Bourse, selon les termes de M. Johnson.

« C'était la principale actualité de la semaine », a-t-il insisté. « Ce n'est pas seulement que ses résultats ont déçu mais aussi le fait que Carl Icahn ait vendu sa part ».

M. Icahn, influent investisseur à Wall Street, a expliqué sa décision par les incertitudes quant à l'attitude future des autorités chinoises face à Apple, même s'il a pris garde de préciser qu'il gardait sa confiance en Tim Cook, son directeur général.

Désormais, les résultats trimestriels présentent moins de risques, car « à regarder le calendrier, aucune entreprise ne semble préoccupante dans un sens ou l'autre », a jugé M. Cahill.

Croissance médiocre

Même si des groupes importants sont au programme, comme les laboratoires pharmaceutiques Pfizer (mardi) et Merck (jeudi) ou les géants des médias 21st Century Fox et Time Warner (tous deux mercredi), les investisseurs vont surtout se tourner vers la macroéconomie.

Sur ce plan, c'est une série d'indicateurs défavorables qui a contribué cette semaine à la relative déprime de la Bourse, alors qu'une réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), qui a sans surprise maintenu en l'état sa politique, n'a finalement guère retenu l'attention.

« Il y a eu des chiffres décevants sur les ventes de logements, sur les commandes de biens durables et, surtout, sur le produit intérieur brut (PIB) », dont la croissance a ralenti à 0,5 % au premier trimestre, a énuméré M. Cahill, précisant qu'il allait maintenant surveiller des indices sur l'activité économique et, en fin de semaine, le rapport mensuel du gouvernement sur le marché de l'emploi.

Même si l'emploi américain se montre régulièrement rassurant ces derniers mois, certains analystes prévenaient d'emblée que, même si les chiffres de vendredi se révélaient favorables, cela ne suffirait pas à rassurer par rapport à la déception sur la croissance.

« Prenons un moment pour comparer le ralentissement de l'économie (au premier trimestre) avec le fait que, sur la même période, le pays ait réussi à réaliser 630 000 nouvelles embauches », ont expliqué dans une note les experts de Deutsche Bank, soulignant que ce contraste signifiait une chute de la productivité.

Cette baisse « stimule l'inflation et plombe les bénéfices des entreprises », ont-ils conclu. « On constate de plus en plus de pressions sur les deux fronts. Jeudi, on a annoncé une hausse plus importante que prévu de l'inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation), tandis que les groupes du S&P 500 sont en train de faire part de bénéfices en baisse pour le troisième trimestre de suite ».

À Toronto

Le dollar canadien a brièvement atteint le cap des 80 cents US vendredi, avant de retraiter pour clôturer à 79,69 cents US, au même niveau que la veille.

L'indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a pour sa part gagné 65,02 points pour clôturer à 13 951,45 points, pendant que le cours du pétrole brut lâchait 11 cents US à New York pour clôturer à 45,92 $ US le baril.

Plus tôt vendredi, Statistique Canada a indiqué que l'économie canadienne s'était contractée de 0,1 % en février, un déclin conforme aux attentes des économistes qui représentait son premier recul mensuel depuis septembre.

La moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a glissé de 57,12 points à 17 773,64 points, tandis que l'indice élargi S&P 500 a perdu 10,51 points à 2065,30 points et que l'indice composé du Nasdaq a retraité de 29,93 points à 4775,36 points.

- Avec La Presse Canadienne, à Toronto