Wall Street a nettement baissé jeudi, obéissant moins à l'actualité économique américaine qu'à des craintes sur les perspectives de croissance mondiale et l'action des banques centrales: le Dow Jones a perdu 0,98 % et le Nasdaq 1,47 %.

Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 174,09 points à 17 541,96 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 72,35 points à 4848,37 points.

L'indice élargi S&P 500, jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, a reculé de 24,75 points, ou 1,20 %, à 2041,91 points.

«En l'absence d'indicateur économique notable» aux États-Unis, «les investisseurs s'inquiètent simplement d'un ralentissement général de la croissance», a estimé Sam Stovall, de Standard & Poor's Global Market Intelligence.

Wall Street a tout de même pris connaissance d'un bon chiffre sur le chômage, auquel les inscriptions ont décliné aux États-Unis la semaine dernière, mais son ampleur reste limitée et certains observateurs estiment que les investisseurs l'ont même pris négativement comme un encouragement à la banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), à limiter son soutien à l'économie.

L'inquiétude dépasse en fait le simple cadre américain de Wall Street, qui avorte ainsi une tentative de rebond la veille, comme l'ont montré jeudi un petit déclin des cours pétrolier et des performances médiocres des places asiatiques face à un nouveau bond du yen.

Surtout, «les places européennes sont en nette baisse», a noté Chris Low, de FTN Financial, attribuant cette déprime à la publication du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), remontant à début mars.

«Les responsables de la BCE commencent à se dire qu'ils vont devoir en faire plus pour relancer l'inflation... Mais en même temps, ces minutes montrent clairement qu'ils sont à court d'options», a-t-il précisé.

La nouvelle baisse des taux directeurs et le gonflement des rachats d'actifs avaient alors fait grincer des dents certains membres du conseil des gouverneurs, selon ce document publié jeudi.

Bed Bath & Beyond résiste

Parmi les valeurs, le laboratoire pharmaceutique canadien Valeant, récemment malmené en Bourse sur fond de soupçons de manipulations comptables et de risque de défaut de paiement, a pris 3,92% à 35,51 dollars sur sa cotation new-yorkaise, après avoir annoncé un accord avec certains de ses créanciers. Le titre a toutefois nettement ralenti après avoir pris quelque 10% en début de séance.

Les magasins Costco, fonctionnant sur le principe d'un abonnement, ont perdu 3,02% à 152,03 dollars, pénalisés par une progression minime de leurs ventes comparables en mars.

Également dans le secteur, la chaîne Bed Bath & Beyond, spécialiste des équipements pour la maison, a gagné 0,33% à 48,97 dollars après des résultats trimestriels bien accueillis, dont une légère hausse des ventes, malgré un recul du bénéfice net.

Le groupe agroalimentaire ConAgra a pris 1,45% à 46,09 dollars après l'annonce de résultats jugés supérieurs aux attentes, notamment un retour dans le vert au dernier trimestre par rapport à la même époque de l'an dernier.

La banque JPMorgan Chase, qui a prévenu qu'elle pourrait perdre 2 milliards de dollars sur son exposition au Brésil, a reculé de 2,53% à 57,32 dollars, mais semble surtout avoir pâti d'une déprime générale du secteur financier.

Le marché obligataire montait nettement. Vers 16h30, le rendement des bons du Trésor à dix ans baissait à 1,690% contre 1,756% mercredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,519%, contre 2,580% précédemment.