Le négativisme des investisseurs est exagéré et la Bourse américaine pourrait bientôt présenter une occasion intéressante d'achat, soutient Jimmy Jean, économiste principal du Mouvement Desjardins.

Dans le bulletin Point de vue économique, publié hier, l'expert de Desjardins établit une nette distinction entre la récession actuelle des sociétés et la récession économique encore peu probable.

Les profits des entreprises composant l'indice S&P 500 ont chuté en effet de 6,5 % dans les trois derniers mois de 2015, marquant un troisième trimestre consécutif de contraction. C'est plus qu'il n'en faut pour déclarer une récession des bénéfices des grandes sociétés ouvertes américaines. Mais ce n'est pas une récession économique, pour autant.

« Dans les nombreux travaux de recherche empiriques qui ont cherché à cerner les variables permettant de prédire de façon fiable les récessions américaines, les bénéfices des sociétés ont rarement été identifiés », insiste Jimmy Jean, qui souligne que les points de retournement de bénéfices sont relativement nombreux. De fait, il y a eu au moins cinq cas de récession des profits, sans que survienne une récession macroéconomique, depuis 1920.

Il faut aussi garder à l'esprit que le repli récent des profits n'est pas généralisé, souligne Desjardins. En excluant les entreprises des secteurs de l'énergie et des matériaux, les bénéfices des grandes sociétés américaines apparaissent plutôt en hausse marquée de 10,4 %, au dernier trimestre.

« Avec les salaires qui augmentent et une création d'emplois qui tient bon, les consommateurs américains bénéficient d'une capacité renouvelée à dépenser. »

- Jimmy Jean, économiste principal du Mouvement Desjardins

Pour ce qui est du risque de voir les États-Unis tomber réellement en récession, les modèles prévisionnels de Desjardins établissent la probabilité à 20 % seulement.

UNE CORRECTION, COMME BIEN D'AUTRES

L'économiste principal de Desjardins rappelle que les places boursières américaines n'entrent généralement pas en « bear market » - caractérisé par une chute des cours de plus de 20 % - sans une récession économique. Ce fut le cas cinq fois sur six depuis 1970, l'exception étant survenue en 1987.

En revanche, poursuit-il, il y a eu huit corrections boursières - d'environ 15 % en moyenne - sans déclencher de marché baissier, durant cette période.

Bon à savoir : ces corrections, comme ce serait le cas présentement, ont duré entre 42 et 398 jours et le retour au sommet précédent a pris seulement 100 jours en moyenne. C'est dire que, dans le pire des cas, le S&P 500 devrait revenir taquiner son sommet historique au printemps 2016. Dans le meilleur scénario, il sera revenu à 2135 points dès l'été.

« Naturellement, le passé n'est pas garant de l'avenir, et ces épisodes ne peuvent que servir de guide. Mais, si l'on se refuse d'adhérer à un scénario de récession et de marché baissier, identifiant plutôt le contexte actuel comme étant une correction, cela implique que les actions américaines pourraient bientôt être en mesure de se stabiliser. »

L'objectif de rendement total (ce qui inclut les dividendes) de Desjardins s'établit à 7 % pour le S&P 500 en 2016.

LA RECOMMANDATION

Plusieurs fonds négociés en Bourse (FNB) calquent l'indice S&P 500 des plus grandes valeurs américaines. Le moins coûteux et le plus liquide à la Bourse de Toronto est le fonds VFV du manufacturier Vanguard qui ne prend que 0,08 % en frais de gestion. Le fonds ZSP de la Banque de Montréal est aussi très populaire, mais un peu plus cher (0,10 %). Ces fonds sont vendus et achetés en dollars canadiens, donc avec une forte prime de change. Les investisseurs qui craindraient maintenant pour le billet vert ou veulent miser sur une remontée de leurs huards peuvent aussi opter pour les fonds jumeaux VSP et ZUE qui couvrent le risque de change sans frais additionnels.