La crise boursière est maintenant mondiale. L'indice MSCI World a adopté jeudi un tendance baissière, accusant un recul de plus de 20 % par rapport à son record de mai dernier, après avoir effacé tous ses gains depuis 2013.

Les inquiétudes concernant la Deutsche Bank et l'état de santé des grandes banques italiennes ont entraîné l'ensemble du secteur bancaire en Europe dans une spirale baissière, jeudi. Après un début d'année calamiteux, la Bourse de Francfort a lâché 2,9 % de sa valeur, portant à plus de 18 % les pertes en seulement un mois et demi. Milan, en déclin de 5,6 % sur la journée, flirte avec une chute de 25 % pour 2016. À Paris, le CAC 40 a décroché de près de 4,0 % et retrouve son niveau de l'automne 2014.

Les inquiétudes sur le secteur bancaire et les finances publiques en Europe s'ajoutent à la longue liste de préoccupations qui font plonger les Bourses depuis des mois. Ralentissement économique en Chine, tensions géopolitiques, effondrement des prix du pétrole... Le prix du baril WTI, qui est venu effectuer un test à 26,19 $US, jeudi, ne donne encore aucun signe encourageant.

À chaque nouveau coup dur quelque part sur la planète, le marché boursier canadien compatit. L'indice composé S&P/TSX a cédé encore 0,8 % jeudi, portant à 16,9 % les pertes depuis le début de l'année seulement. La Bourse de Toronto est en mode baissier depuis déjà quatre semaines.

Seuls les titres aurifères brillent encore. La fragilité de l'économie mondiale pousse les investisseurs à se diriger vers de rares valeurs refuges comme l'or, qui, sur un gain de 4,3 %, est repassé au-dessus du seuil des 1200 $US et s'en démarque nettement, à 1246 $US l'once.

YELLEN CRÉE LE MALAISE

Pour sa part, le marché boursier américain, en retrait de 14 % depuis son record de mai 2015, a joué du yoyo jeudi. Alors que la correction du Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York était relativement limitée en matinée, les pertes ont vite doublé en début d'après-midi. C'était avant un rebond de plus de 200 points à la suite d'un rapport laissant croire en une réduction de la production de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP). En clôture, le Dow s'affiche en baisse de 255 points à 15 600.

Les investisseurs étaient particulièrement attentifs jeudi aux réponses de la présidente de la Réserve fédérale aux questions d'une commission de sénateurs. Ces déclarations ont toutefois ajouté à la confusion sur la future stratégie de la Fed qui se veut également influencée par le contexte global.

Janet Yellen s'est dite surprise par l'effondrement du prix du pétrole comme par l'ampleur du raffermissement de son billet vert. Elle a convenu par ailleurs qu'il est prématuré d'affirmer que le problème du « trop gros pour faire faillite » (too big to fail) est entièrement résolu, tout en réaffirmant sa confiance dans la solidité des banques américaines. La présidente n'a pas complètement rejeté le recours aux taux négatifs, alors que la Fed les a montés à la mi-décembre.

La recommandation

Vous rappelez-vous 2011 ? Cela avait aussi été une année de grande volatilité sur les marchés financiers, note Stéfane Marion, grand stratège de la Banque Nationale. Devant la crainte d'un resserrement du crédit en Europe, plusieurs indices de marché avaient perdu plus de 20 % de leur valeur. La Bourse de New York avait elle-même échappé de peu à ce signal d'un revirement fondamental de tendance, avec un recul de 19,4 % du S & P 500 par rapport à son précédent sommet. S'ensuivirent tout de même cinq années de croissance extraordinaire. Dans l'attente du prochain plan quinquennal en Chine et de la prochaine réunion du comité monétaire de la Réserve fédérale américaine, à la mi-mars dans les deux cas, le stress financier n'est pas suffisant pour plonger l'économie mondiale en récession, affirme l'économiste montréalais.

Photo Susan Walsh, Associated Press

Janet Yellen s’est dite surprise par l’effondrement du prix du pétrole comme par l’ampleur du raffermissement de son billet vert.