Les investisseurs broient du noir depuis le début de l'année. Déprime de janvier ou dépression profonde? Voici cinq raisons de croire dans un rebond continu des cours boursiers... et autant d'en douter. À vous de peser le poids des arguments.

SUR UN AIR DE JAZZ

PAS DE RÉCESSION

La majorité des indicateurs pointent toujours vers une expansion économique continue aux États-Unis, notre principal partenaire économique. L'emploi y est en forte hausse et la plus grande économie de la planète est toujours importatrice nette de pétrole, souligne Benoît Durocher, vice-président directeur d'Addenda Capital.

PAS DE MARCHÉ BAISSIER SANS RÉCESSION

Historiquement, il n'y a presque jamais eu de marché baissier en l'absence de récession, rappelle Jonathan Golub, grand stratège chez RBC Marchés des capitaux. Le krach de 1987 a été la seule occurrence au cours des 50 dernières années.

LE MARCHÉ ANTICIPE DÉJÀ LE PIRE

Selon Adam Parker, stratège de Morgan Stanley, aux bas niveaux actuels, les Bourses américaines prennent déjà en compte près de la moitié des dommages d'une éventuelle récession sur les bénéfices des entreprises. Et, au risque de se répéter, IL N'Y A PAS DE RÉCESSION.

LES ENTREPRISES PROSPÈRENT

Les États-Unis sont en pleine saison des bénéfices et plusieurs sociétés, incluant les banques, affichent de bons résultats, souligne Cimon Plante, vice-président de la Financière Banque Nationale. On prévoit une hausse générale de 7 % cette année malgré le faible apport des pétrolières. Comme le disait le déjà légendaire Warren Buffett, « si une entreprise va bien, le titre finit par suivre ».

ILS VONT REVENIR

C'est tordu, mais les analystes techniques croient qu'il n'y a plus rien à craindre des investisseurs pessimistes. Ces derniers, qui n'ont jamais été aussi nombreux depuis trois ans, ont déjà jeté leurs actions avec l'éponge Tôt ou tard, ils voudront les retrouver et reviendront stimuler le marché, croit notamment l'équipe de LPL Financial, de Boston. Les initiés leur montrent d'ailleurs déjà la voie.

SUR UN AIR DE BLUES

C'EST PLUTÔT MAL PARTI

Techniquement, le premier jour, la première semaine et le premier mois sont critiques pour la suite de l'année boursière. Selon les calculs de l'analyste Robert Sluymer, de RBC Marchés des capitaux, l'évolution du marché durant ces périodes a conditionné le reste de l'année 60 %, 62 % et 73 % des fois, respectivement, depuis 1901.

LA CRISE EST MONDIALE

Le milliardaire américain George Soros, devenu célèbre pour sa spéculation sur la bulle financière japonaise dans les années 70, voit des parallèles entre l'implosion actuelle du marché boursier chinois et l'onde de choc causée par la crise financière américaine de 2008. « La Chine a du mal à trouver un nouveau modèle de croissance et la dévaluation de sa monnaie fait en sorte de transférer ses problèmes au reste du monde », croit-il.

MAMAN FED N'EST PLUS LÀ

Le gourou de la Société Générale, Albert Edwards, qui s'est fait un nom en prévoyant la crise des prêts à haut risque en 2008, craint le pire alors que les investisseurs prennent peu à peu conscience de l'« illusion de prospérité » créée par le programme - maintenant épuisé - de stimulants monétaires de la Réserve Fédérale américaine.

C'EST ENCORE TROP CHER

« Le Dow peut chuter de 5000 points et n'être toujours pas bon marché », soutient Brett Arends, chroniqueur au Wall Street Journal. Même après la forte correction des dernières semaines, l'indice à 16 094 vaut encore 1,4 fois les revenus par action, alors que la moyenne est de 1,3 depuis 2001, relève-t-il. À 15 fois les bénéfices courus, ces 30 actions vedettes ne sont pas plus une aubaine pour lui.

LA MÉFIANCE RÈGNE

L'association des petits investisseurs américains recense seulement 18 % d'investisseurs optimistes, aussi peu que lors des creux boursiers de 2009 et 2013. De plus, seulement 27 % des 1400 chefs d'entreprise sondés à la veille du Forum économique mondial de Davos prévoient une amélioration de la croissance économique mondiale, comparativement à 37 % à pareille date l'an dernier.