Les marchés mondiaux ont été rattrapés par leurs craintes au sujet de la Chine et la baisse du pétrole, malgré une accalmie sur les places chinoises, dont le plongeon cette semaine a déstabilisé la planète finance à l'entame de cette nouvelle année.

Malgré des tentatives de rebond, les Bourses européennes ont terminé en nette baisse. Francfort a perdu 1,31 %, Londres 0,70 % et Paris 1,59 %.

De son côté, Wall Street évoluait autour de l'équilibre.

« Le marché a tenté un rebond avec l'accalmie sur les Bourses chinoises, mais il n'a pas réussi à embrayer et à prolonger le mouvement », résume Andrea Tuéni, analyste chez Saxo Banque.

« Les investisseurs n'ont pas forcément envie de prendre beaucoup de risques avant le week-end où pas mal de nouvelles peuvent tomber en Asie », selon M. Tuéni.

Les Bourses chinoises sont quant à elle parvenues à relever la tête, Shanghai engrangeant 1,97 %, mais terminant la semaine avec un effondrement de près de 10 %. La Bourse de Shenzhen a gagné 1,05 %, affichant une chute hebdomadaire de plus de 14 %.

Cette accalmie intervient alors que la Chine a décidé jeudi soir de suspendre son nouveau système « coupe-circuit » qui a stoppé les échanges lundi et jeudi après le plongeon des indices. Destiné au départ à enrayer la volatilité des marchés d'actions et éviter un effondrement des cours, ce système a au final nourri la panique boursière.

Les marchés semblent pourtant loin d'être sortis d'affaires, selon les analystes.

« Le calme ne pourra pas revenir sur les marchés financiers dans le monde tant que la Chine n'aura pas laissé se dégonfler la bulle sur ses marchés actions », estiment les stratégistes chez Crédit Mutuel-CIC.

Pour Li Jingyuan, directeur général de Shanghai Bingsheng Asset Management, à Bloomberg News, « l'abandon du système coupe-circuit aidera à stabiliser le marché, mais un sentiment de panique persistera, notamment parmi les investisseurs particuliers ».

Les marchés sont dans le même temps toujours suspendus aux décisions des autorités chinoises, concernant les marchés boursiers et le yuan. Tout cela dans un contexte mondial de plus en plus incertain, marqué aussi par les tensions géopolitiques, les prix du pétrole au plus bas, et les doutes sur la solidité de la reprise américaine.

Cours de référence du yuan relevé

« Les autorités chinoises ont décidé de changer totalement leur approche pour tenter d'apaiser la tempête financière qui a débuté cette semaine », pour les stratégistes.

La Chine a d'ailleurs relevé vendredi le cours de référence du yuan face au billet vert, mettant fin à huit jours de baisse.

La Banque centrale chinoise a affirmé pour sa part que la Chine adopterait une politique monétaire « prudente » en 2016.

« En affichant sa volonté de défendre sa monnaie et ainsi de ne pas transférer ses problèmes au reste du monde, la Chine tente d'envoyer un signal rassurant. Ce dernier est toutefois limité par la chute des réserves en devise du pays qui prouve que les marges de manoeuvre de la banque centrale se réduisent rapidement », selon Crédit Mutuel-CIC.

Les ratés de l'économie chinoise, mis en lumière en début de semaine par des indicateurs préoccupants sur l'industrie et les services fragilisent un peu plus les pays émergents.

Le ministre des Finances du Mexique Luis Videgaray a d'ailleurs dit craindre jeudi que la décision de la Chine de dévaluer à nouveau le yuan ne déclenche une guerre des monnaies alors que le peso mexicain atteint des niveaux historiquement bas ce qui a contraint à la banque centrale à intervenir.

Le pétrole remontait aussi après avoir plongé ces derniers jours, mais restait largement sous les 35 $ US.

Les cours de l'or noir ont dégringolé depuis juin 2014 quand le pétrole se vendait à 100 $ US le baril. La faute à une offre de pétrole excédentaire, que n'absorbe pas une demande mondiale moribonde, ce qui s'explique notamment par le ralentissement de l'économie chinoise.

Les tensions géopolitiques, en particulier entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, n'aident pas les cours du pétrole, puisqu'elles renforcent les divisions au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui s'est refusée en décembre à baisser ses niveaux de production.

Sur le marché des changes, le dollar, qui s'était affaibli jeudi, retrouvait un peu de verdeur face à l'euro et au yen.