«Si c'est censé être un ouragan de catégorie 5, pourquoi est-ce ensoleillé dehors?»

À la veille de la présentation des premiers résultats bancaires pour le quatrième trimestre de l'exercice bancaire, l'analyste Robert Sedran, de la CIBC, écrit se sentir comme un chroniqueur météo dont l'imperméable est toujours sec, tandis que la caméra fait un panoramique sur l'océan.

«La baisse brutale du prix du pétrole a commencé il y a plus d'un an et une bonne partie de la discussion toute l'année a été de savoir quand cette tempête particulière allait toucher terre», pose l'analyste bancaire.

Mais les chiffres de l'emploi ont fait preuve de résilience; il n'y a eu aucun signe de détérioration du crédit à la consommation, et les commentaires des banquiers ont été généralement constructifs, note Robert Sedran. Sumit Malhotra, de la Banque Scotia, ajoute que les activités poursuivies aux États-Unis et ailleurs dans le monde soutiennent aussi une légère croissance des bénéfices.

Tout cela leur suggère un trimestre calme avec une augmentation moyenne de 4% des profits des grandes banques canadiennes sur un an. Ce qui n'empêchera pas une hausse généralisée des dividendes.

Mieux vaut se réjouir, car ce pourrait bien être la dernière fois avant 2017.

Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, dit en effet avoir détecté quelques signes de détérioration depuis les solides résultats du troisième trimestre, le plus inquiétant étant la levée de capital par deux grandes banques et les plans de réduction des dépenses adoptés par plusieurs. Son collègue Jason Bilodeau, de Macquarie Capital Markets, parle d'une «garde à vue» alors que le club des six se dirige vers sa pire performance annuelle depuis 2008.

Pour le «monsieur météo» de la CIBC, la tempête va déferler l'an prochain avec une augmentation moyenne d'environ 20% des pertes sur prêts. Mais c'est loin d'être la catastrophe appréhendée pour les banques, qui ont globalement largué plus de 5% de leur valeur cette année. Tout juste une problématique régionale qui freinera la croissance des profits, mais sans renverser la tendance.

«En d'autres mots, gardez les écoles ouvertes et rappelez l'année», résume Robert Sedran.

PRÉVISIONS PAR BANQUE

Banque Royale

> Profits par action réalisés T4 2014: 1,63$

> Profits par action attendus T4 2015: 1,64$

L'analyste Brian Klock, de Keefe, Bruyette, Woods, croit que la première banque pourrait le plus détonner du groupe, suivant sa performance dans le marché des capitaux.

Banque Toronto-Dominion

> Profits par action réalisés T4 2014: 1,00$

> Profits par action attendus T4 2015: 1,13$

La TD pourrait afficher la plus forte croissance de l'industrie, selon Darko Mihenic, de RBC Marchés des Capitaux.

Banque de Montréal

> Profits par action réalisés T4 2014: 1,67$

> Profits par action attendus T4 2015: 1,74$

Gabriel Dechaine, de Canaccord, mise sur l'amélioration du portefeuille de prêts commerciaux et de cartes de crédit.

Banque CIBC

> Profits par action réalisés T4 2014: 2,24$

> Profits par action attendus T4 2015: 2,33$

La rentabilité de la CIBC est plus tributaire des services bancaires aux particuliers et aux entreprises au Canada que ses pairs, note Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale.

Banque Scotia

> Profits par action réalisés T4 2014: 1,32$

> Profits par action attendus T4 2015: 1,44$

Jason Bilodeau, de Macquarie Capital Markets, croit que la Scotia est à un point tournant avec l'augmentation de ses revenus de services bancaires aux particuliers et aux entreprises au Canada et une meilleure rentabilité à l'international.

Banque Nationale

> Profits par action réalisés T4 2014: 1,14$

> Profits par action attendus T4 2015: 1,16$

John Aiken, de Barclays, croit que la Nationale sera parmi les premières banques à augmenter son dividende à la faveur de la croissance de son portefeuille de prêts personnels qui compensera la perte de revenus sur le marché des capitaux.

Banque Laurentienne

> Profits par action réalisés T4 2014: 1,39$

> Profits par action attendus T4 2015: 1,46$

Robert Sedran, de la CIBC, a bien hâte d'entendre les prévisions de la nouvelle équipe de direction.