Vaut mieux croître par acquisitions que par développement interne. C'est du moins la recette du succès des sociétés les plus performantes composant l'indice général S&P/TSX de la Bourse de Toronto ces deux dernières années.

Neuf des dix entreprises en tête de liste ont en effet procédé par fusions et acquisitions pour soutenir la croissance de leurs affaires, relève un reportage de l'agence financière Bloomberg publié hier. Elles ont gagné 242 % en moyenne pour la période étudiée qui va jusqu'à vendredi dernier, contre 5 % pour l'indice général du marché canadien qui vient au 17rang des 24 grandes Bourses dans le monde. L'exception est Pretium Resources, qui a fait une découverte.

Fait à noter : trois de ces vedettes boursières sont québécoises. On en aurait compté quatre, n'eût été la débandade boursière récente du géant pharmaceutique Valeant, établi à Laval à des fins fiscales depuis cinq ans.

Amaya, de Pointe-Claire, figure au deuxième rang du top 10. L'entreprise, qui a réalisé la plus grosse transaction de 2014 au Québec en mettant la main sur l'exploitant des populaires sites PokerStars et Full Tilt Poker, a plus que triplé en Bourse depuis deux ans.

On retrouve aussi en sixième place dans ce classement Alimentation Couche-Tard, qui poursuit son expansion en Europe du Nord comme aux États-Unis après avoir digéré le grand réseau de détaillants norvégien Statoil Fuel & Retail. L'entreprise établie à Laval affiche une progression boursière de 160 % au 23 octobre 2015.

Uni-Sélect s'est pour sa part délestée de ses activités de distribution de pièces automobiles aux États-Unis, en février. Mais c'est pour mieux attaquer dans ses secteurs de prédilection (voir la recommandation en fin de texte). On retrouve l'entreprise de Boucherville au 8rang des vedettes boursières canadiennes avec un gain de 157 %.

Stratégie d'attaque

« Les entreprises se disent : il n'y a aucune raison que nous ne puissions pas être des prédateurs plutôt que des proies », a expliqué Ian de Verteuil à Bloomberg. Le stratège de la CIBC s'attend à ce que deux fois plus d'entreprises du S&P/TSX se lancent sur le sentier des acquisitions. La fiscalité canadienne avantageuse les incite notamment à lorgner du côté des États.

« Cela marche jusqu'à ce que ça casse, a nuancé Som Seif, chef de la direction de Purpose Investments, à Toronto. Vous ne disposez pas d'un modèle d'entreprise durable si elle ne peut pas grandir d'elle-même. »

Invité à commenter le modèle d'affaires de la société pharmaceutique Concordia Healthcare, qui cumule une croissance boursière de 813 % malgré sa dégringolade récente dans le sillage de Valeant, Mark Thompson, chef de la direction, a par ailleurs profité de l'occasion pour affirmer que sa stratégie était « solide et éprouvée, et résistait à l'épreuve du temps ».

La recommandation

Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, a renouvelé hier sa recommandation d'achat pour Uni-Sélect qui « roule à pleine vitesse ». Forte de « solides résultats pour son troisième trimestre et avec des perspectives positives », l'entreprise de Boucherville dispose de liquidités importantes pour des acquisitions stratégiques, en plus de soutenir ses initiatives de croissance interne, note-t-il. Uni-Sélect a d'ailleurs rappelé, hier, son intention d'accélérer les acquisitions dans les secteurs des produits automobiles au Canada et de la distribution de peinture et produits connexes aux États-Unis.

Top 10 du TSX depuis deux ans

1. Concordia Healthcare + 813 %

2. Amaya + 240 %

3. Constellation Software + 199 %

4. Intertain Group + 184 %

5. CCL Industries + 169 %

6. Pretium Resources + 161 %

7. Alimentation Couche-Tard + 160 %

8. Uni-Sélect + 157 %

9. Boyd Group Income Fund + 140 %

10. DHX Media + 127 %

Source: Bloomberg, au 23 octobre 2015