Wall Street s'est parée de rouge mercredi pour accueillir Ferrari (RACE), le constructeur de voitures de sport italien faisant son entrée en Bourse dans l'espoir d'attirer les investisseurs autour de son nom prestigieux.

Sur le parquet du New York Stock Exchange (NYSE), situé dans le quartier financier au sud de Manhattan, des courtiers arboraient des blousons et casquettes rouges à l'effigie de la marque frappée du cheval cabré.

Les nombreux écrans d'ordinaire barrés de données et de chiffres financiers étaient également rouges. Les allées étaient remplies de responsables et d'employés de Ferrari, tandis que la chaîne d'informations CNBC annonçait le baptême de feu de Ferrari comme «l'information financière du jour».

La première cotation de la marque au cheval cabré s'est faite à 60 dollars l'action quelques minutes après l'ouverture vers 9h45, soit huit dollars de plus que le prix d'introduction fixé la veille qui valorisait le groupe automobile à près de 10 milliards de dollars en excluant la dette.

Vers 11h05, le titre ralentissait sa progression et ne prenait plus que 10,62% à 57,52 dollars mais continuait d'animer la place financière new-yorkaise déprimée depuis l'été par les incertitudes sur la croissance mondiale.

«Ferrari est une anomalie dans la morosité actuelle», a commenté Kathleen Smith, co-fondatrice du cabinet spécialisé Renaissance Capital.

Sergio Marchionne, le président du groupe Fiat Chrysler (FCA) qui possède Ferrari, pull en cachemire sur une chemise à rayures et ses traditionnelles lunettes, avait du mal à contenir sa joie. Il avait eu les honneurs un peu plus tôt, entouré des responsables de Ferrari habillés en costume cravate, de sonner la cloche d'ouverture de la séance boursière.

«Trop cher»

À l'extérieur, huit Ferrari rutilantes étaient exposées dont une voiture de Formule Un ayant été pilotée par Sebastian Vettel, le pilote vedette de la «Scuderia», rappelant aux badauds la tradition sportive du groupe. Dans le lot, figurait aussi une rare Ferrari 250 California SWB de 1961.

À intervalles réguliers, les haut-parleurs diffusaient un son de voiture de course passant à pleine vitesse, inhabituel à cette heure-ci dans ce quartier où courtiers, banquiers et hommes d'affaires zigzaguent entre les touristes pour rejoindre leur bureau.

«J'aime Ferrari. Je l'ai toujours suivi en Formule 1», confie Abhishek Ahuja, touriste venu de Bombay en Inde. Mais en acheter une ? «Trop cher», répond-il. Des actions alors ? «Ce n'est pas coté en Inde».

Doug Kendora, un Américain qui travaille dans le quartier doute du bien-fondé de cette introduction en Bourse qui pourrait, selon lui, donner un coup de griffe au côté exclusif de la marque.

«Ça va en faire une marque de masse. Ainsi va le monde, tout le monde essaie de se faire de l'argent», philosophe-t-il.

Cette crainte est partagée en Italie, où on redoute l'exil de Ferrari et son éventuelle «démocratisation» pour satisfaire les marchés financiers.

Une Ferrari coûte au minimum 200 000 dollars et le groupe ne produit volontairement que 7.000 exemplaires par an des neuf modèles de sa gamme. La liste d'attente est longue mais les délais de livraison pourraient être raccourcis dans les prochaines années puisque le groupe envisage de porter sa production à 9000 véhicules par an d'ici 2019, soit une hausse de 30%.

Ferrari veut aussi se diversifier en vendant davantage de produits dérivés tels que des montres, des appareils électroniques et autres accessoires parés de son emblème. Le groupe automobile propose aussi des éditions spéciales valant plus d'un million de dollars comme LaFerrari.

Le constructeur doit parer au plus vite à la concurrence de Bugatti, Porsche et Lamborghini (groupe Volkswagen), notamment en Chine.

«Sans manquer de respect à nos concurrents, ils n'ont pas la même valeur que Ferrari», a balayé mercredi M. Marchionne, ajoutant que le potentiel de la marque était «énorme», avec une clientèle qui grossit aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie.