Michel le Magicien en avait fait sa fameuse formule à la Boîte à surprise: «Ali-Baba, pyjama, qu'est-ce que tu fais là?», lançait-il en même temps qu'une généreuse portion de poudre de perlimpinpin. Mais la magie n'opère pas aussi bien pour le géant chinois un an après son entrée en Bourse.

L'action d'Alibaba [[|ticker sym='BABA'|]] vaut ce matin 64,91$US, soit moins que les 68$US attribués lors de son introduction à la Bourse de New York, la plus grosse entrée boursière de l'histoire, le 19 septembre dernier. Le titre-vedette, qui avait bondi de 75% dans les deux premiers mois, tombe en vrille depuis.

Le géant chinois du commerce électronique a reçu son coup de grâce du magazine financier américain Barron's, le week-end dernier. L'influente publication tirée à plus de 300 000 exemplaires titrait en page couverture et en grosses lettres: «Alibaba: pourquoi il pourrait chuter d'encore 50%».

Selon Jonathan Laing, rédacteur senior de Barron's qui y va à fond de train, Alibaba n'est pas au bout de ses peines avec le ralentissement de la consommation en Chine, l'âpre concurrence dans le commerce électronique, ainsi que sa gouvernance et sa culture d'entreprise discutables.

Alibaba réalise l'essentiel de son activité en Chine. Ses deux principales places de marché, Taobao et Tmall, représentent à elles seules 80% du cybercommerce de l'empire du Milieu. Le groupe a livré plus d'articles sur son territoire que UPS dans le monde, en 2013.

Inexactitudes

La troisième entreprise internet au monde, derrière Google et Facebook, a contesté l'article en estimant qu'il «comporte des inexactitudes factuelles et utilise des informations de manière sélective». Alibaba dément notamment que la croissance de son volume de ventes ait glissé sous la barre des 10%.

L'action de l'entreprise fondée en 1999 par un professeur d'anglais, Jack Ma, avec 60 000$US n'en a pas moins perdu 3% en Bourse, lundi, ce qu'elle a plus que regagné hier, accentuant les oscillations du marché. Le cybercommerçant chinois a perdu plus du tiers de sa valeur depuis le début de l'année.

Plusieurs analystes qui s'intéressent au «titre chinois de rêve» lui ont par ailleurs renouvelé leur confiance, lundi. Ils sont toujours 45 à en recommander l'achat tandis que 5 conseillent de le conserver et 2 seulement s'affichent vendeurs. Leur cible moyenne de prix sur 12 mois a baissé de moins de 1$ depuis vendredi.

Alibaba, qui poursuit une expansion tous azimuts, vient notamment d'investir dans Lyft, l'application qui fait trembler Uber aux États-Unis, rapporte le Wall Street Journal. En Chine même, son appli Didi Kuaidi supervise autant de trajets en taxi que de trajets en «voiture privée», soit 3 millions par jour, trois fois plus que pour Uber. Didi a aussi lancé un service de bus privés qui empruntent les trajets les plus populaires parmi les utilisateurs de son application.

LA RECOMMANDATION

L'analyste Mark Mahaney, de RBC Marchés des capitaux, a abaissé de 91 à 80$US sa cible de prix pour l'action d'Alibaba, mais a réitéré sa recommandation d'achat, lundi. La correction fait suite à la révision à la baisse des propres prévisions de la direction d'Alibaba. «BABA a beaucoup de valeur en dehors du commerce de détail, avec son expansion internationale et ses multiples investissements stratégiques. C'est aussi une équipe de gestionnaires très efficace», écrit-il. Sur le plan boursier, l'analyste souligne que «si quelqu'un craint pour la croissance de l'économie de la demande en Chine, il peut difficilement être confiant dans le titre à court terme».