Les marchés européens sont restés sous pression mercredi alors que la Bourse de Shanghai a connu un nouvel accès de fièvre avant de se reprendre, s'alarmant des nouveaux signes d'essoufflement de la deuxième économie mondiale jugés de mauvais augure pour la croissance mondiale.

Les Bourses européennes ont tenté de rebondir au lendemain d'un trou d'air, et, à l'issue d'une séance hésitante, ont terminé légèrement dans le vert. Londres a fini en hausse de 0,41%, Paris de 0,30% et Francfort de 0,32%.

De son côté, Wall Street a ouvert en nette hausse mercredi, rebondissant après un repli de près de 3% la veille.

La place chinoise avait quant à elle plongé de 4,39% à l'ouverture, avant de se reprendre au cours d'une séance volatile pour terminer en toute petite baisse de 0,20%. Elle restera fermée jeudi et vendredi, en raison d'un jour férié décrété jeudi par les autorités chinoises pour commémorer le 70e anniversaire de la capitulation japonaise au terme de la Deuxième Guerre mondiale.

La Bourse de Shenzhen a clôturé pour sa part en baisse de 1,98%. Hong Kong a terminé sur un repli de 1,18%.

«La fébrilité du marché boursier est encore palpable», signale Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque, qui envisage difficilement un rebond notable «du fait des nombreux défis qui pèsent sur la croissance mondiale».

Venant charger la barque des investisseurs après un mois d'août des plus éprouvants pour les Bourses mondiales, les incertitudes persistaient sur les intentions de la Réserve fédérale américaine (Fed) quant à une éventuelle hausse des taux d'intérêt dès septembre.

En effet, un resserrement de la politique monétaire américaine pourrait assombrir encore les perspectives économiques.

«Il y a les inquiétudes sur la croissance mondiale, attisées par les préoccupations sur la Chine, à un moment où la Fed songeait à relever ses taux d'intérêt, ce qui rend les investisseurs très nerveux», a déclaré à l'agence financière Bloomberg News Shane Oliver, analyste chez AMP Capital Investors. «Je crois que le pire est passé mais la volatilité va perdurer».

L'Australie a annoncé une croissance plus ralentie que prévu au deuxième trimestre, de 0,2% en glissement trimestriel, alors que la Chine est son premier partenaire commercial.

Le Canada est lui officiellement entré en récession, en raison du coup de frein brutal subi par son secteur pétrolier, victime de l'effondrement des cours de l'or noir.

L'Australie et le Canada sont fortement dépendants de leurs exportations de matières premières, telles que le minerai de fer, qui ont alimenté la croissance chinoise au cours de la dernière décennie.

Mieux communiquer

Mardi, de nouvelles statistiques officielles sont venues confirmer le ralentissement de la Chine, deuxième économie mondiale.

Son activité manufacturière, pilier traditionnel de sa croissance, s'est nettement contractée en août.

Si les marchés financiers chinois sont dans l'ensemble déconnectés de l'économie réelle, la Chine, qui représente 13% du PIB mondial, reste un moteur pour l'économie mondiale.

En dépit de ces difficultés, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a jugé mercredi à Jakarta que les économies asiatiques réussissaient «plutôt bien», ajoutant que la région allait rester un facteur clé pour la croissance mondiale.

La veille, Mme Lagarde avait averti que la croissance mondiale serait «probablement plus faible» en 2015 que les 3,3% prévus par le Fonds.

Les États-Unis, dont la reprise après la crise financière globale de 2008 est loin d'être solidement établie, vont appeler Pékin à mieux communiquer sur ses décisions lors d'une réunion du G20 en Turquie cette semaine.

De nombreux analystes se demandent si Pékin va réussir sa transition vers un modèle plus durable, davantage porté sur la consommation et les services après des années de croissance à deux chiffres.

La Chine dispose, avec sa population d'1,3 milliard d'habitants, d'un gigantesque marché sous-exploité mais les experts s'interrogent sur la capacité des autorités communistes à mener les changements nécessaires.

Tentant de stabiliser la Bourse, les autorités chinoises ont apparemment repris ces derniers jours leurs achats de titres dans de grands groupes cotés, après être déjà intervenues massivement depuis deux mois sur les marchés, soulignait Wu Kan, gestionnaire de fonds chez JK Life Insurance à Shanghai.

«Mais les investisseurs perdent quand même confiance», alors que les boursicoteurs endettés se trouvent obligés de quitter le marché et que «la chute des places financières mondiales assombrit leur moral», prévenait-il.