La Bourse de New York a terminé lundi sur une nouvelle lourde chute de plus de 3%, soit près de 600 points, dans le sillage des places asiatiques et européennes, déstabilisées par les inquiétudes liées au ralentissement économique chinois.

Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a enregistré son pire déclin en une séance depuis août 2011 en perdant 3,58%, soit 588,47 points, à 15.871,28 points. Il n'était pas tombé à ce niveau en clôture depuis février 2014. Le Nasdaq, à dominante technologique, a encore plus lourdement baissé, de 3,82%, soit 179,79 points, à 4.526,25 points.

Particulièrement surveillé par les investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a abandonné 3,94%, soit 77,68 points, à 1.893,21 points, pour entrer à son tour en phase de correction en marquant un déclin de plus de 10% depuis son dernier sommet.

Même si c'est la première fois que l'indice Dow Jones perd plus de 300 points au cours de trois séances d'affilée, selon la chaîne de télévision CNBC, les autorités américaines ont affiché leur calme.

Le Trésor «comme toujours surveille l'évolution en cours et communique régulièrement avec ses partenaires responsables de la régulation et avec les participants sur le marché», s'est borné à déclarer un porte-parole.

La séance a été particulièrement fébrile jusqu'aux dernières minutes et l'indice de volatilité VIX, souvent surnommé «l'indice de la peur», s'est brièvement inscrit au plus haut depuis janvier 2009, au coeur de la grande récession.

Cinq minutes après l'ouverture, le Dow Jones s'inscrivait en chute de 6,62%, mais, vers 17h10 GMT, il n'affichait plus qu'un recul modeste de 0,60%, soutenu par des déclarations optimistes du patron d'Apple (-2,50%), Tim Cook, avant de replonger.

C'est la première fois depuis l'été 2011, soit 47 mois, que le S&P 500 est en correction, alors qu'habituellement un tel phénomène se produit tous les 18 mois, a souligné Sam Stovall, chez Standard and Poor's Capital IQ.

Pour autant, «le fait que nous ayons pu revenir sur des pertes du début de journée, c'est un bon signe qui montre probablement que nous approchons de la fin» de ce mouvement de baisse, voulait croire Peter Cardillo, chez Rockwell Global Capital.

«Les marchés ont trop vendu», estimait aussi M. Stovall.

Volatilité assurée

«La seule chose qui soit garantie pour les jours à venir, c'est qu'on aura de la volatilité, à la hausse ou à la baisse», a commenté pour sa part Michael James, chez Wedbush Securities.

Au total, le marché américain a nettement moins chuté lundi que les autres places boursières.

C'est parce que «nous avions devancé la chute des marchés européens et asiatiques avec de gros reculs jeudi et vendredi», a estimé Sam Stovall.

À Shanghai, l'indice composite a clôturé lundi en baisse de 8,49%. À Tokyo, l'indice Nikkei a terminé la journée en baisse de 4,61%. En Europe, Francfort a chuté de 4,70%, Londres de 4,67% et Paris de 5,35%.

Le marché obligataire pour sa part était en petite hausse: le rendement des bons du Trésor à dix ans baissait à 2,017%, contre 2,046% vendredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,734%, contre 2,738% auparavant.

Alors que beaucoup lient la crise boursière à la dégringolade des matières premières, à commencer par le pétrole, les valeurs liées à l'énergie ont été les plus durement sanctionnées, perdant globalement 5,18%.

Ainsi Chevron a lâché 4,80%, à 72,12 dollars, et la société de services pétroliers Halliburton 5,97%, à 33,56 dollars.

Apple, dont les investisseurs craignent qu'il ne soit touché de plein fouet par le ralentissement chinois, a fini par perdre 2,50% à 103,12 dollars, bien que son PDG, Tim Cook, ait indiqué qu'il restait confiant sur les perspectives offertes par le marché chinois.

Le site chinois Alibaba a lâché quant à lui 3,49% à 65,80 dollars, passant sous les 68 dollars, qui était son prix d'introduction en Bourse il y a près d'un an.

Enfin, le groupe d'agrochimie Monsanto, qui a revalorisé son offre de rachat du suisse Syngenta, a perdu 4,02% à 93,55 dollars.

La Bourse de Toronto perd 3,12% à la clôture

La Bourse de Toronto a perdu 3,12% lundi à l'issue d'une séance nerveuse marquée par une forte volatilité des cours, dans le sillage des chutes des Bourses asiatiques et européennes.

Le marché canadien avait ouvert en forte baisse, son principal indice, le TSX, tombant même en séance de 5,70%, avant de se reprendre et de terminer à 13.052,74 points.

Les valeurs les plus exposées à l'international ont été les plus attaquées. L'indice du secteur des entreprises minières et de métaux a enregistré une chute de 5,89%.

Les inquiétudes sur la tendance à terme de l'économie chinoise ont provoqué une baisse des cours des matières premières industrielles, comme l'aluminium qui a atteint son plus bas depuis 2009.

Les actions des sociétés aurifères ont chuté lourdement comme GoldCorp (-8%), Yamana Gold (-10%) ou Barrick Gold (-9%).

Le secteur de l'énergie a également subi des pertes importantes avec un indice boursier sectoriel en repli de 4,27%, suite à un nouveau recul du prix du pétrole brut avec un baril sous les 40 dollars sur le marché de New York.

Parmi les chutes les plus importantes, l'action Bombardier a une nouvelle fois décroché (-14%) et valait 1,10 dollar canadien pour une capitalisation boursière de 2,1 milliards CAD.

En pleine campagne électorale et en quête d'une réélection, le Premier ministre conservateur, Stephen Harper, s'est voulu rassurant lundi. Alors que le Canada est en passe d'être officiellement en récession avec deux premiers trimestres de contraction, il a cependant assuré que l'économie canadienne «demeure stable».

«Nos opportunités à long terme restent bonnes (...) et il n'y a pas un meilleur endroit pour vivre, à long terme, que le Canada», a affirmé M. Harper.

Le dollar canadien s'est une nouvelle fois replié face aux principales devises. Lundi, en fin de journée, le dollar américain progressait de 0,7% à 1,32 dollar canadien.