L'occasion est belle de croquer dans la pomme. La chute de 4,3% du titre en Bourse hier, suivant la publication de chiffres à la fois mirobolants et décevants, la veille, en fait une rare aubaine, croient de nombreux analystes, cependant que certains pensent qu'Isaac Newton n'a pas dit son dernier mot.

Apple [[|ticker sym='AAPL'|]] a subi les effets de la gravité boursière, hier, après avoir présenté un excellent trimestre, le troisième de son histoire. La première capitalisation boursière au monde a abandonné 33 milliards US sur les marchés. Au contraire, Google avait engrangé deux fois cette somme au lendemain de la publication de ses propres résultats, vendredi dernier.

Le titre cote à 125,22$US, 5,61$US de moins que la veille et un retour au niveau d'il y a deux semaines. Les actionnaires peuvent encore se réjouir d'un gain boursier de 13,4% depuis le début de l'année, dividendes non compris.

Un seul analyste a changé ses vues sur Apple, à la lumière des derniers résultats financiers. Timothy Acuri, de la banque d'affaires Cowen and Company, s'en tient maintenant à une recommandation «détenir», tout en réduisant sa cible de prix sur 12 mois, de 140 à 130$US l'action. L'analyste se dit peu rassuré par les commentaires de la direction concernant les ventes prochaines d'iPhone, particulièrement en Chine, où le ralentissement économique et le krach boursier entraînent une baisse de l'argent disponible des consommateurs pour l'achat de gadgets haut de gamme.

L'expert new-yorkais joint sa voix à celles des rares analystes critiques à l'égard de la vedette de Cupertino. Nehal Chokshi, de Maxim Research, s'inquiétait déjà au début de la semaine qu'Apple déboule en Bourse alors que l'iPhone 6S perd de son lustre et que le système d'exploitation de Google gagne du marché. Maynard Um, de la Wells Fargo, s'inquiétait de même de l'aspect défensif du titre avec la pression exercée sur les marges bénéficiaires.

L'incontournable

Apple a néanmoins toujours sa place en portefeuille, suivant 96% des 55 analystes recensés par Bloomberg. Près des trois quarts en font même un «achat» au niveau de prix actuel. «Les résultats étaient en deçà des attentes des investisseurs et la correction du titre en Bourse crée une occasion d'achat à court terme», commente Amit Daryanani, de RBC Marchés des capitaux. Selon lui, la mise en marché des iPhone 6, le rafraîchissement prochain des iPad, le lancement d'un iTV ou d'autres nouveaux produits ainsi que la distribution de capital sont autant de détonateurs possibles.

«Les perspectives d'Apple n'ont jamais été aussi brillantes», lance de son côté Brian White, de la firme Cantor Fitzgerald, qui appuie sa recommandation d'achat avec l'une des cibles les plus élevées de l'industrie: 195$US l'action, alors que la moyenne a baissé de 150 à 148$US.

«Comme Apple est devenue l'"étalon or» de la technologie, elle est tenue à un niveau d'excellence», rappelle Daniel Ives, de la firme FBR, selon qui le dernier trimestre du fabricant a été «bon, mais pas extraordinaire».

La confiance en Apple de Carl Simard, président de la firme de gestion de portefeuille Medici, de Saint-Bruno, est intacte et il estime que sa chute en Bourse est injustifiée. Le titre se négocie suivant un multiple d'environ 10 fois les bénéfices des 12 derniers mois, note-t-il, deux fois moins que pour Google. «C'est peu pour une entreprise qui a une croissance phénoménale de 38% des profits et un rendement sur le capital de 34%, comparativement à 14% pour Google», souligne-t-il. Sa principale critique va à la gestion «trop prudente» du capital sédentaire.