La longue panne du New York Stock Exchange de Wall Street mercredi n'a pas troublé les échanges boursiers, prouvant que l'essentiel des transactions passe désormais par des plateformes électroniques d'où sont absents les courtiers en vestes chamarrées hurlant des ordres.

Mercredi 11h32: la chaîne de télévision d'informations économiques CNBC se trouve prise de court. Alors qu'elle diffuse son émission en direct du plancher du NYSE, elle se rend compte soudain que tous les courtiers présents sont contraints de s'arrêter.

Une mise à jour avait provoqué des dysfonctionnements chez plusieurs clients, a expliqué jeudi le NYSE, qui a préféré au bout de quelques heures arrêter les échanges le temps de résoudre le problème.

Mais sur les terminaux utilisés par les investisseurs, les chiffres verts et rouges des valeurs boursières continuent de clignoter comme si de rien n'était.

D'autres plateformes d'échanges, comme le Nasdaq, basé à six kilomètres de là sur Times Square, ont pris le relais sans interruption.

Au total, la Commission des opérations boursières américaine, la SEC, a donné des licences à 26 plateformes d'échanges de titres, parmi lesquelles BatS Exchanges, le Miami International Securities Exchange ou encore le très modeste Arizona Stock Exchange, chacune habilitée à coter les actions échangées publiquement.

Le NYSE, abrité dans un immeuble à colonnade de la mal nommée «rue large», (Broad street) au coin de la petite «rue du mur» (Wall Street) du sud de Manhattan, et arborant au fronton la devise «L'Intégrité protège les oeuvres de l'Homme», n'est donc plus le quasi monopole qu'il avait été à sa création il y a près de deux siècles.

«Cela montre à quel point le plancher (d'échanges), ou le NYSE, a perdu de sa prééminence», a commenté Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, interrogé à chaud durant la panne.

D'ailleurs en guise de plancher, le NYSE, qui avait étendu ses surfaces d'échanges, n'abrite plus aujourd'hui que des grappes d'ordinateurs derrière lesquels s'affairent des courtiers qui pourraient tout autant travailler depuis le confort d'un bureau individuel.

De quoi garder une image traditionnelle de plancher d'échanges, tandis que la Bourse de Paris a renoncé à sa «corbeille» dès 1987, et que le plancher où s'échangeaient les contrats à terme du Chicago Mercantile Exchange a fermé lundi dernier.

Ni la première ni la dernière panne

Sur son blogue, la firme de courtage Themis Trading a expliqué jeudi que du coup, pour les investisseurs «à basse fréquence», ou de longs termes, ceux qui ne gagnent pas leur argent selon la microseconde à laquelle ils interviennent, la panne pouvait être l'occasion d'un déjeuner prolongé.

Mais «il est probable que si vous êtes un courtier à haute fréquence, qu'il vous manque des messages et que vous n'êtes pas sûr de vos stocks et positions, la panne du NYSE a été une grosse affaire», selon Themis.

Et puis «cette panne aurait été très grave pour tout le monde si le NYSE n'avait pas rouvert à temps pour les enchères de clôture, car c'est le prix affiché par le NYSE qui sert de référence pour des milliers de valeurs», de fonds et d'indices, faisait encore valoir Themis.

D'ailleurs Standard and Poor's Dow Jones Indices, qui se base habituellement pour ses indices sur le NYSE et le Nasdaq, avait dû prévenir en journée mercredi qu'il était prêt à basculer pour ses indices de clôture sur des données «composites» émanant de toutes les plateformes d'échanges, au risque de perturber les algorithmes des courtiers.

Autre perdant de l'affaire, le groupe boursier ICE, propriétaire du NYSE, dont l'action a baissé mercredi, mais qui se reprenait dès jeudi, affichant une hausse de 1,57% vers 18H00 GMT.

Les investisseurs ne semblaient pas penser que la panne puisse trop entamer sa part de marché face notamment au Nasdaq, qui s'était empressé de tweeter mercredi qu'il fonctionnait normalement, mais qui avait également souffert d'une grosse panne en 2013.

«Nous allons encore avoir des bogues et des pannes à l'avenir: les plateformes d'échanges à but lucratif investiront dans leurs systèmes de maintenance et de performance dans la mesure où leurs bénéfices le leur permettront», concluait Themis, fataliste.