Les marchés saluaient vendredi la victoire sans appel des conservateurs de David Cameron aux législatives britanniques, attendant la poursuite d'une politique d'austérité et favorable aux entreprises, et ignorant pour l'instant la perspective d'un référendum sur l'appartenance à l'UE.

L'indice FTSE-100 des principales valeurs de la Bourse de Londres bondissait de 2,15 % vers 13 h GMT (9 h, heure de l'Est), à 7035,39 points. Les secteurs de la banque, de l'immobilier et de l'énergie avaient notamment le vent en poupe.

Les autres principales places financières européennes progressaient aussi, également aidées par de bonnes statistiques de l'emploi outre-Atlantique.

Les investisseurs s'inquiétaient plus que tout d'un résultat incertain au Royaume-Uni, avec la perspective de jours, voire de semaines, de négociations en l'absence de victoire claire d'un des partis, alors que les sondages avaient donné conservateurs et travaillistes au coude-à-coude et sans majorité.

Or les conservateurs étaient assurés d'une majorité absolue vendredi, permettant à David Cameron de remporter largement les législatives.

«Le résultat des élections a été bien accueilli par les marchés actions britanniques et fournissent aux entreprises un cadre politique et législatif stable», a souligné Rory Bateman, en charge des actions européennes chez Schroders.

«La fin de l'incertitude et le maintien de quelque chose qui s'approche du statu quo devraient se traduire par un bond à court terme sur le marché britannique, qui fera mieux que ses équivalents européens ou que le reste du monde», prévoient encore les analystes de Barclays.

Parmi les valeurs, le groupe d'énergie Centrica, la maison mère de British Gas, s'envolait par exemple de plus de 7 %, profitant de la victoire des conservateurs: les travaillistes avaient promis de geler les prix du gaz et de l'électricité jusqu'en 2017 s'ils étaient élus.

«La livre a bondi à la perspective de cinq années de plus d'un gouvernement pro-entreprises qui cherchera à finir le travail de supervision de la reprise de l'économie du Royaume-Uni», ont ajouté les analystes d'Accendo.

La livre sterling a en effet progressé durant la nuit au gré des sondages à la sortie des urnes et des premiers résultats. Elle est montée jusqu'à 1,5523 dollar vendredi à 4 h 30 GMT (0 h 30, heure de l'Est) contre 1,5262 dollar jeudi à 21 h GMT (17 h, heure de l'Est).

Le marché de la dette accueillait aussi les résultats par une nette détente des taux d'emprunts.

Un référendum qui inquiète

David Cameron avait promis la poursuite de sa politique actuelle en cas de réélection, avec encore un peu plus d'austérité pour tenter d'assainir les finances publiques, même s'il n'a pas détaillé d'où viendraient les économies.

«Les Britanniques nous ont demandé de finir le travail commencé il y a cinq ans pour redresser le pays. Nous allons nous remettre tout de suite au travail pour cela», a assuré son Chancelier de l'Échiquier, George Osborne, sur Twitter.

Ces résultats interviennent dans une conjoncture favorable pour l'économie britannique: la croissance avait atteint un solide 2,8 % l'an dernier et reste dynamique en dépit d'un ralentissement marqué au premier trimestre.

Le chômage a pour sa part chuté et l'inflation zéro favorise le pouvoir d'achat des ménages, même si l'opposition a souligné le recul des revenus réels sur plusieurs années.

«Les entreprises devraient être satisfaites dans l'ensemble du résultat, alors que les conservateurs sont considérés comme plus pro-entreprises que les autres partis», note Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

À plus long terme, la victoire des conservateurs s'accompagne toutefois d'une inquiétude de taille pour les milieux économiques: la tenue d'un référendum sur l'adhésion à l'Union européenne d'ici à fin 2017.

«La plus grosse inquiétude pour les marchés ces deux prochaines années sera la perspective d'un référendum sur l'UE promis par David Cameron», a ainsi souligné Alan Clarke, économiste chez Scotiabank.

Les entreprises, dont l'activité dépend beaucoup des échanges avec le reste de l'Europe, sont dans leur majorité favorables au maintien dans l'UE et redoutent une période d'incertitude à l'approche de ce scrutin, dont la date exacte reste à fixer.