Wall Street a reculé mercredi pour le deuxième jour de suite, déprimée par des indicateurs médiocres puis par des déclarations de la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen, qui trouve les marchés boursiers «assez hauts».

---------------

Les marchés à la clôture :



TSX 15 023,89 / -150,05 (-0,99%)

Dow Jones 17 841,98 / -86,22 (-0,48%)

S&P 500 2 080,15 / -9,31 (-0,45%)

NASDAQ 4 919,64 / -19,69 (-0,40%)

---------------

Le marché a d'abord dû digérer sa déception devant l'annonce, par l'entreprise de services en ressources humaines ADP, que le secteur privé n'avait créé que 169 000 emplois en avril, moins qu'en mars et moins qu'attendu par les analystes, ce qui semble de mauvais augure à deux jours des chiffres officiels du ministère du Travail.

«On aurait pu passer outre, mais combiné avec un recul de la productivité deux trimestres de suite, c'est inquiétant», a expliqué Chris Low, chez FTN Financial, estimant que les employeurs pourraient freiner les embauches pour répondre à la progression du coût du travail.

«Et puis il y a Yellen», a-t-il ajouté, dont les déclarations avaient de quoi refroidir les investisseurs à plusieurs titres.

«Je voudrais souligner que la valorisation des marchés boursiers aujourd'hui est généralement assez haute (...). Il y a des dangers potentiels dans ce domaine», a-t-elle déclaré lors d'une conférence à Washington.

En outre, Mme Yellen a rappelé la divergence des politiques monétaires entre la Fed, qui s'apprête à resserrer la sienne, et la plupart des autres pays qui sont engagés dans l'assouplissement.

Pour M. Low, cela signifie qu'«elle est tout à fait disposée à (rehausser les taux d'intérêt) même si l'économie ne va pas aussi bien que l'an dernier», ce que le marché appréhende car cela renchérira les investissements.

On dirait que Mme Yellen «fait de son mieux pour pousser le marché à la baisse», a commenté Michael James, chez Wedbush.

Par ailleurs, la perspective d'une hausse des taux favorise le marché obligataire, au détriment des marchés d'actions.

«Les taux d'intérêt bas ont soutenu les prix des actions dans une période de très faible croissance», a expliqué Nicholas Colas, chez Convergex.

«Pour maintenir les prix des actions constants, ou les voir monter, dans une période de taux en hausse, il faut des signes tangibles de croissance de l'économie et des bénéfices des entreprises», ajoutait-il - alors que les données des dernières semaines sont mitigées dans ces domaines.

Chez Wedbush Securities, Michael James a en outre souligné que la baisse du dollar et la spectaculaire reprise des cours du pétrole (+40% depuis la mi-mars) ajoutaient à la nervosité du marché. Et à l'approche des chiffres mensuels sur l'emploi, tout cela concourt à rendre les investisseurs «plus prudents qu'optimistes».

Le rendement des bons à dix ans a grimpé à 2,237% contre 2,171% mardi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,989% contre 2,901%.

Du côté des valeurs, le marché a été encouragé, au moins en début de séance, par l'annonce d'une nouvelle grosse opération de fusion-acquisition dans le secteur pharmaceutique.

Alexion Pharmaceuticals (-8,03% à 155,01 dollars) a proposé 8,4 milliards de dollars en actions et en numéraire pour s'emparer de son concurrent Synageva BioPharma (+112,15% à 203,39 dollars).

Le groupe de médias News Corp, propriétaire notamment du Wall Street Journal, a chuté de 6,43% à 14,99 dollars après avoir annoncé un chiffre d'affaires trimestriel inférieur aux attentes, invoquant le dollar fort et la difficulté de vendre des encarts publicitaires dans ses journaux.

En revanche l'éditeur de jeux vidéo Electronic Arts, optimiste après des bénéfices et ventes supérieurs aux attentes, a gagné 2,99% à 60,93 dollars.

Facebook, qui a annoncé le lancement début 2016 du casque de réalité virtuelle Oculus Rift, a pris 0,70% à 78,10 dollars. IBM, qui a annoncé un partenariat avec le réseau social, a pour sa part perdu 1,01% à 170,05 dollars.