Bien qu'en retrait ces dernières séances et affichant un ratio cours/bénéfice élevé, la Bourse de Toronto n'est pas en proie à une correction pour cause de surévaluation, soutient le service des études économiques de Desjardins.

L'indice général S&P/TSX affiche un gain total de près de 4% depuis le début de l'année malgré le repli des dernières séances, une performance plus qu'honorable par rapport au gain marginal affiché par l'indice Dow Jones de la Bourse de New York.

À 15 224, l'indice composite du marché canadien est à environ 300 points de son sommet de septembre 2014.

Entre-temps, les analystes ont largement revu en baisse leurs prévisions de croissance des bénéfices pour la Bourse canadienne.

Ils s'attendent à une chute de 9% pour l'année 2015, ce qui serait la pire performance depuis la dernière récession. Les résultats d'entreprises publiés jusqu'à maintenant vont d'ailleurs dans le sens d'un recul important des profits.

Le ratio cours/bénéfice prévisionnel se retrouve ainsi au-dessus de 17 comparativement à une moyenne de 14 depuis 2002, laissant suggérer que la Bourse canadienne pourrait être quelque peu surévaluée et, par conséquent, à risque de correction.

Importante distorsion

«Il ne faut néanmoins pas sauter trop rapidement aux conclusions, car on constate que le secteur de l'énergie est celui dans lequel le ratio cours/bénéfice prévisionnel se distance le plus de sa moyenne», relève Jimmy Jean, économiste principal de Desjardins.

L'explosion du ratio cours/bénéfice de l'imposant secteur énergétique reflète d'ailleurs davantage les anticipations de forte contraction des profits des sociétés pétrolières au cours des prochains mois qu'une revalorisation démesurée de leurs actions. Avec la stabilisation des prix du pétrole et les mesures draconiennes d'économies dans l'industrie pétrolière, les anticipations de croissance de profits et, par ricochet, le multiple boursier conféré à cette industrie devraient revenir à la normale, croit l'expert de Desjardins.

La plupart des autres secteurs de la Bourse canadienne présentent de fait des ratios beaucoup plus alignés à leur moyenne. Même que les producteurs de matériaux et les entreprises des technologies de l'information restent en situation de sous-évaluation, d'un point de vue historique. Les titres financiers et les industrielles sont quasi à niveau.

De plus, note Jimmy Jean, d'autres multiples, comme celui des cours relativement aux bénéfices ajustés en fonction du cycle (Shiller P/E ratio) ou encore celui des cours relativement à la valeur comptable, ne corroborent pas le signal alarmiste du ratio cours/bénéfice prévisionnel.

Et de conclure: «Même si la Bourse canadienne a bien progressé jusqu'à présent cette année, sa performance reste autrement plus modeste que celles des Bourses en Europe ou encore en Chine où les autorités tentent de tempérer l'exubérance des investisseurs.»

La faute aux pétrolières

Écart des ratios cours/bénéfice par secteur par rapport à leur moyenne des trois dernières années:

> Énergie: + 33,3

> Cons. discrétionnaire: + 3,2

> Services publics: + 2,9

> Télécoms: + 0,9

> Consommation de base: + 0,8

> Santé: + 0,5

> Industrielles: + 0,1

> Finance: - 0,1

> Matériaux: - 3,5

> Technologie: - 12,2

La recommandation

Les investisseurs voulant miser sur le repli des grandes valeurs de la Bourse de Toronto ont l'embarras du choix côté fonds négociés en Bourse (FNB). Les fonds HXT, de la firme Horizons, et XIU, du manufacturier iShares, copient l'indice sélectif S&P/TSX 60 pour des frais de gestion minimes. Les familles iShares et BMO ont aussi chacune un fonds émérite couvrant un plus large pan de la Bourse canadienne, soit les fonds respectifs XIC et ZCN calquant l'indice général S&P/TSX avec ses 239 plus gros titres. Notons aussi le fonds VCN de la firme Vanguard, qui reproduit l'indice FTSE Canada avec ses 248 composantes de toutes tailles.