Le porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière de sécurité publique, Marc Picard, trouve inquiétant que le crime organisé pourrait avoir investi dans des entreprises liées aux jeux de hasard.

Hier, La Presse rapportait que, selon plusieurs sources policières, des membres du crime organisé ont acheté des actions d'Amaya [[|ticker sym='T.AYA'|]] avant que l'entreprise de Pointe-Claire n'annonce l'acquisition de PokerStars, en juin dernier, pour la somme de 4,9 milliards US. Parmi eux se trouve l'un des dirigeants des Hells Angels au Québec, Salvatore Cazzetta.

«Le gouvernement a le devoir de procéder à toutes les enquêtes et vérifications nécessaires avant d'accepter de faire affaire avec une compagnie, car le crime organisé ne peut en aucun cas être impliqué dans les affaires de l'État», a dit Marc Picard.

De leur côté, des analystes joints par La Presse réitèrent leur confiance envers Amaya.

Le gestionnaire de portefeuille Philippe Le Blanc, de la firme Cote 100, dont le fonds REA détient une participation dans Amaya, soutient qu'une entreprise ne peut contrôler qui achète ses actions en Bourse. «Il s'agit d'informations confidentielles, à moins qu'il ne soit question d'un investisseur qui détient 10% ou plus des actions, dit M. Le Blanc. Il y a certains domaines [peut-être plus susceptibles d'attirer] ce genre d'investisseurs. Une société qui est dans le secteur des casinos sur Internet attire peut-être davantage de gens.»

De son côté, l'analyste Steve Li, de l'Industrielle Alliance, ne croit pas que ces révélations empêchent certaines sociétés publiques comme Loto-Québec de faire affaire avec Amaya.

Amaya est sur les rangs pour devenir fournisseur de jeux en ligne accrédité par la société d'État. Le gouvernement du Québec a annoncé le mois dernier son intention de sous-traiter le service au secteur privé afin de contrer l'évasion fiscale. La direction de Loto-Québec s'est abstenue de commenter.

À la police d'enquêter

Au ministère de la Sécurité publique, la porte-parole Louise Quintin a indiqué que s'il y a des motifs de croire que des infractions ont été commises, il revient aux corps policiers et aux organismes chargés d'appliquer les lois de réaliser les enquêtes appropriées. «Le Ministère ne dispose pas d'autres informations que celles qui sont publiques.»

En Bourse, si le titre d'Amaya a rapidement cédé environ 5% de sa valeur peu après l'ouverture hier matin, il s'est ressaisi pour clôturer en recul de seulement 1% à Toronto.

Pendant ce temps, les principales entreprises canadiennes du secteur, NYX Gaming (qui vient d'acheter des actifs d'Amaya) et Intertain Group (dont le principal actionnaire est Amaya), se sont retrouvées sous pression.

Prise de profit

Il y a une prise de profit actuellement dans l'industrie, commente Steve Li. «La performance de ces titres depuis un an est incroyable. Une prise de profit n'est pas étonnante. Les perspectives demeurent intéressantes et les volumes du jour sont loin d'être inhabituels.»

Philippe Le Blanc ajoute cependant que le titre d'Amaya est extrêmement volatil. «C'est une société très complexe dans un secteur qui bouge énormément où il y a beaucoup de changements réglementaires.»

Selon Steve Li, les perspectives d'avenir de l'entreprise demeurent intactes. «La compagnie est bien positionnée. Ce que je trouve intéressant, c'est que c'est une plateforme du Québec qui a une portée internationale et la capacité de développer facilement de nouvelles sources de revenus dans des marchés connexes. Je pense que la compagnie va faire très bonne figure dans le futur. De nouveaux produits s'en viennent, notamment dans les paris sportifs. Ça sera très positif notamment en raison de la notoriété de la marque (PokerStars).»