Wall Street s'est repliée vendredi, effaçant partiellement sa forte hausse de la veille, sa fébrilité étant encouragée par une chute des prix du pétrole et un renforcement du dollar. Le secteur de l'énergie a également fait reculer la Bourse de Toronto, alors que plusieurs observateurs s'inquiétaient de voir le cours du pétrole brut perdre de nouvelles plumes.

Le dollar canadien s'est pour sa part déprécié de 0,53 cent US à 78,19 cents US, après être descendu, plus tôt dans la journée, sous la barre des 78 cents US pour la première fois depuis mars 2009.

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Les marchés à la clôture :



TSX 14 731,49 / -39,23 (-0,27%)

Dow Jones 17 749,31 / -145,91 (-0,82%)

S&P 500 2 053,40 / -12,55 (-0,61%)

NASDAQ 4 871,76 / -21,53 (-0,44%)

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«On voit se renverser la hausse d'hier», qui avait vu le Dow Jones gagner plus de 1,5%, «dans un marché en pleine incertitude à l'approche de la prochaine réunion de la Réserve fédérale (Fed), la semaine prochaine», a résumé David Levy, de Kenjol Capital Management.

Signe de cette versatilité, les indices ont nettement ralenti leur baisse à la fin de la séance, au cours de laquelle le Dow Jones avait perdu jusqu'à près de 1,5%.

La banque centrale américaine rendra mercredi sa prochaine décision de politique monétaire. Les investisseurs attendent avec nervosité de voir si elle va donner des indications sur le moment où elle va relever ses taux -- actuellement proches de zéro --, à savoir avant ou après l'été.

Pour le moment, «la principale raison de la faiblesse du marché, aujourd'hui, c'était le renforcement conséquent du dollar», a souligné David Levy. «C'est manifestement mal accueilli par les multinationales américaines, qui réalisent en grande partie leur chiffre d'affaires à l'étranger.»

La monnaie américaine, qui profite de la perspective de la remontée des taux de la Fed, s'est très nettement renforcée en une semaine, notamment grâce à de très bons chiffres sur l'emploi américain, et est montée à son plus haut niveau en douze ans face à l'euro.

Wall Street a également subi «la pression d'une chute inattendue des prix à la production (en février) et du moral des ménages (en mars)», ont rapporté les experts de la maison de courtage Charles Schwab.

Néanmoins, il est difficile de déterminer dans quelle mesure ces mauvais indicateurs affectent les esprits, car, la veille, l'annonce d'une baisse décevante des ventes américaines de détail n'avait en rien empêché la Bourse de rebondir.

Ce chiffre avait encouragé les investisseurs à croire que «la Fed va hésiter à relever ses taux d'intérêt (...) dans l'idée toujours un peu absurde que "les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles"», a tenté d'expliquer Patrick O'Hare, de Briefing.com.

Dernier facteur négatif à Wall Street, «le secteur de l'énergie a repris sa chute, car les prix du pétrole, qui souffrent de réserves américaines excédentaires, semblent à nouveau descendre vers leur plus bas niveau historique», a souligné David Levy.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), côté à New York, a chuté sous les 45 dollars à New York, et se rapproche de son plus bas niveau de clôture en six ans, atteint fin janvier à 44,45 dollars.

FCA (Chrysler) tient bon 

Ainsi, les groupes pétroliers Chevron et ExxonMobil ont ainsi respectivement perdu 0,78% à 101,62 dollars, et 0,42% à 83,87 dollars.

Parmi les autres valeurs, le groupe de compléments nutritionnels Herbalife a bondi de 8,15% à 35,96 dollars, au moment où les autorités américaines semblent particulièrement surveiller les paris de l'activiste Bill Ackman, qui accuse le groupe d'être une vaste escroquerie.

Le constructeur Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a pris 3,34% à 16,41 dollars après des propos de son directeur général Sergio Marchionne, selon qui une fusion avec ses concurrents General Motors (-0,99% à 35,05 dollars) ou Ford (+0,19% à 16,20 dollars) est «faisable».

Le groupe de vêtements pour adolescents Aeropostale s'est effondré de 17,30% à 3,06 dollars, après avoir dit prévoir une perte d'exploitation de plus de 39 millions de dollars ce trimestre.

La chaîne de fast-food El Pollo Loco («le poulet fou») s'est envolée de 12,92% à 27,10 dollars, après avoir fait d'un chiffre d'affaires trimestriel en nette hausse à 90 millions de dollars.

Le marché obligataire se repliait très légèrement. Vers 20H30 GMT, le rendement des bons du Trésor à 10 ans montait à 2,119%, contre 2,114% jeudi soir, et celui à 30 ans à 2,700% contre 2,697% précédemment.