Alors qu'ils attendent que se manifestent les avantages d'un pétrole moins cher pour l'économie, les investisseurs boursiers ne voient actuellement que des points négatifs.

Les prévisions des bénéfices au premier trimestre de l'indice S&P 500, de la Bourse de New York, ont chuté de 6,4% par rapport aux trois mois précédents. Il s'agit de la plus importante baisse depuis 2009, selon les estimations de plus de 6000 analystes compilées par Bloomberg. Les réductions se sont étendues à 9 des 10 groupes de l'industrie, mais ce sont les entreprises du secteur de l'énergie qui ont subi la plus forte baisse.

Le pessimisme face aux bénéfices ne fait qu'augmenter au moment où le meilleur rallye de trois ans, depuis le boom technologique, pousse les évaluations des actions à leur plus haut niveau depuis 2010. Au même moment, la volatilité augmentait au sein du marché boursier américain, la valeur du baril de pétrole chutait de 55% depuis juin et passait sous la barre des 49$US le baril, favorisant la spéculation selon laquelle les entreprises annuleront leurs investissements, et les institutions financières subiront des défauts de paiement.

Prix du pétrole

«Ou bien il n'y a aucune raison de s'inquiéter et le prix du baril de brut remontera rapidement à 70$US et plus, ou bien nous venons d'entrer dans un cycle baissier au chapitre des bénéfices pour une portion appréciable du marché», selon Michael Shaoul, qui contribue à la gestion d'un portefeuille de 10 milliards US à titre de PDG de la société Marketfield Asset Management de New York. «Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de place pour un compromis et je ne crois pas que les gagnants contrebalanceront les perdants.»

Frein énergétique

Les entreprises des États-Unis sont face à leur plus faible expansion des bénéfices trimestriels depuis 2009, alors que le secteur de l'énergie anéantit plus de la moitié de la croissance et que l'avantage pour les détaillants et les transporteurs tarde à se faire sentir.

Les producteurs de pétrole sont secoués par une combinaison d'essoufflement de la demande et de stocks florissants provenant des gisements de gaz de schiste d'Amérique du Nord, faisant chuter le prix du pétrole de brut hier à 46,07$US (- 2,29$US), alors qu'il était en moyenne à 98,61$US au premier trimestre de 2014.

Les profits auraient augmenté de 2% au troisième trimestre de 2014, en baisse par rapport aux estimations d'octobre des analystes, qui se chiffraient alors respectivement à 8,1%. Selon les plus récentes projections, abstraction faite des sociétés d'énergie, la croissance du bénéfice aurait été de 4,7%.

À l'exception de celles concernant les services publics, les estimations concernant toutes les autres industries ont diminué. Ce trimestre, les profits des producteurs d'énergie plongeront de 35%, selon les analystes. En octobre, ces derniers prévoyaient que les bénéfices de l'industrie seraient plus ou moins les mêmes que l'année précédente.

Manque de conviction

«J'ai d'abord pensé que la situation du côté du pétrole retrancherait un dollar ou deux aux bénéfices globaux de l'indice S&P 500, mais je crois maintenant que ça pourrait être pire», a affirmé Dan Greenhaus, stratège en chef de BTIG LLC, établi à New York, en entrevue téléphonique.

Un important risque de marché découlant d'un prix du pétrole plus bas est la perspective du gel des dépenses en capital liées à l'énergie, selon Savita Subramanian et Dan Suzuki, stratèges de la Bank of America Corp. Les bénéfices du S&P 500 pourraient être jusqu'à 6$US inférieurs par action aux prévisions des analystes, si le prix du baril reste sous les 50$US, selon leur estimation.

ConocoPhillips et Continental Resources sont parmi les producteurs d'énergie qui ont réduit, en décembre, leurs plans de dépenses pour 2015. L'industrie de l'énergie compte pour le tiers des dépenses en capital de l'indice S&P 500, selon Deutsche Bank AG.

Caterpillar inc. risque fort de présenter des prévisions à la baisse pour 2015 lorsqu'elle annoncera ses bénéfices du quatrième trimestre de2014, puisque l'entreprise de Peoria, en Illinois, fait face à un ralentissement des ventes de l'industrie du pétrole, a indiqué Sameer Rathod, analyste chez Macquarie Group Ltd., dans une note, le 16 décembre dernier.

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LA VOLATILITÉ EST DE RETOUR

Les mouvements quotidiens du S&P 500 sont maintenant 50% plus forts, depuis que l'OPEP a décidé de ne pas réduire sa production, à la fin du mois de novembre.

0,79%

Mouvements quotidiens moyens du S&P 500, en points de pourcentage, depuis la décision de l'OPEP.

0,51%

Mouvements quotidiens moyens du S&P 500, en points de pourcentage, depuis le début de 2014 jusqu'à la décision de l'OPEP.

18,5 fois

Après avoir grimpé de plus de 10% pour la troisième année consécutive, le S&P 500 se négociait à 18,5 fois les bénéfices en décembre, 13% de plus que sa moyenne des 10 dernières années.

Résultats américains à venir cette semaine

Mercredi

JPMorgan Chase

Wells Fargo

Jeudi

Intel Corp

Bank of America

Citigroup

Schlumberger

Vendredi

Goldman Sachs