Les actions du Groupe Jean Coutu ont perdu encore 3,3%, hier, après avoir abandonné 5,7% jeudi. La perte depuis le début de cette courte année est de 11,8%, soit 500 millions envolés en capitalisation boursière. Jean Coutu n'est apparemment pas à prix d'ami pour autant.

La chaîne québécoise de pharmacies a eu droit ces deux derniers jours à la médecine des investisseurs déçus par la baisse de 10% de ses profits malgré une hausse de 3,4% du chiffre d'affaires, à son troisième trimestre. Pour la période terminée le 29 novembre, son bénéfice net s'est chiffré à 56 millions, ou 30 cents par action, alors que les analystes tablaient sur 32 cents l'action.

L'analyste Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, calcule que Jean Coutu aurait atteint la cible, n'eût été l'augmentation des dépenses reliées aux instruments de paiements indexés sur ses actions. L'entreprise fait platement les frais de la forte progression de ses actions, passées de 18,26$ à 27$ durant la période. L'expert du commerce de détail note aussi que les ventes des établissements comparables - un indicateur clé dans l'industrie -ont progressé de 3,1%.

Peter Sklar est le seul analyste à recommander l'achat du titre, un favori des bons pères de famille. Il voit les actions de Jean Coutu, qui cotaient 24,98$ hier, revenir à 27$ dans les 12 prochains mois. En fait, neuf des 13 analystes qui s'y intéressent recommandent de conserver le titre et trois en prônent la vente, selon le dernier relevé de l'agence financière Bloomberg.

Le point de vue de Keith Howlett, de Desjardins Marchés des capitaux, résume bien celui de la communauté financière, en général: «Les pressions de la concurrence limitent l'impact sur les profits de la croissance des ventes du réseau», conclut l'expert dans une note aux investisseurs diffusée hier.

De même source, la réduction des honoraires des pharmaciens par le gouvernement Couillard «n'aura pas d'impact direct significatif sur Jean Coutu à titre de franchiseur, mais il pourrait éventuellement devoir fournir une certaine aide pour soulager financièrement certains franchisés».

Contre-indication du Credit Suisse

Le titre, dont le sigle est PJC, est par ailleurs sérieusement contre-indiqué par un analyste du Credit Suisse qui le voit retomber à 20$ d'ici la fin de l'année. Dans un rapport produit alors que le titre était encore à un sommet, David Hartley envisageait une baisse pouvant atteindre 32%.

L'expert estime que l'évaluation boursière de l'entreprise de Longueuil est la plus généreuse de toutes les grandes chaînes de pharmacies en Amérique du Nord. Il souligne aussi que la direction de Jean Coutu n'a pas profité de son solide bilan pour racheter des actions au dernier trimestre, ce qui pourrait être un aveu que le titre est trop cher.

Certains écarts remarqués se sont toutefois estompés avec la chute du cours de PJC tandis que les entreprises comparables continuaient leur progression. L'action de la société longueuilloise s'échange maintenant à 19,4 fois le bénéfice prévu, ce qui se rapproche du multiple de 20 pour les chaînes américaines CVS et Walgreen Boots Alliance. Il n'y a plus d'entreprise canadienne comparable depuis l'acquisition de Shoppers Drug/Mart par Loblaw.

Jim Durran, de la firme Barclays, a aussi des réserves. L'analyste voit le titre à seulement 24$, suivant le multiple de 17,6 fois que reçoit normalement Jean Coutu. En moyenne, le choeur des analystes cible un prix de 25,29$.