Les élections américaines de mi-mandat qui ont donné un contrôle total du Congrès aux républicains ont enflammé les titres pétroliers canadiens, hier. Le secteur de l'énergie, en déclin depuis l'été, a rebondi de 4,0%, permettant à l'indice général S&P/TSX de contrer la chute de 2,1% du prix de l'or et de terminer la journée avec un gain net de près de 158 points, ou 1,1%, à 14 548.

Le titre du géant de la distribution d'hydrocarbures TransCanada, qui mène le projet d'oléoduc Keystone XL entre l'Alberta et le golfe du Mexique, a bondi de 3,0%, à 56,86$. Selon l'agence Bloomberg, le projet de loi qui autoriserait le transport transfrontalier de 830 000 barils de pétrole canadien par jour est une priorité des républicains qui pourraient mettre le président Obama au défi d'y opposer son veto, tôt l'an prochain.

Les actions de l'entreprise Enbridge, qui mise sur le projet d'oléoduc concurrent de Northern Gateway destiné à desservir les marchés asiatiques, sont pour leur part demeurées pratiquement inchangées à 52,04$. Le projet se heurte par ailleurs à de fortes résistances en Colombie-Britannique.

Les producteurs de pétrole bitumineux Canadian Natural Resources, Canadian Oil Sands et Cenovus Energy affichent des gains boursiers de 4 à 5% pour la journée. Selon la firme new-yorkaise Newedge, ils seraient les premiers bénéficiaires d'un accès aux raffineries américaines grâce à Keystone.

Aux États-Unis, par contre, les sociétés pétrolières intégrées Valero Energy et Phillips 66 demeurent pratiquement inchangées malgré la hausse du prix du brut et la tendance généralement haussière du marché. Celles-ci exploitent des raffineries à même de traiter le brut de l'Ouest canadien.

Nouveaux sommets

L'indice Dow Jones de la Bourse de New York a gagné un peu plus de 100 points, à 17 484, un record. Le Standard & Poor's 500, plus large, progresse de 0,6%, à près de 2024 points, aussi une nouvelle marque en clôture. La Bourse de New York avait fini sans direction, mardi, gagnée par un regain de frilosité en plein plongeon des prix du pétrole et en raison de la course aux urnes.

«Les nouvelles sont bonnes: l'élection est allée dans le sens voulu par Wall Street, et les chiffres sur l'emploi sont satisfaisants. Autant de raisons pour que le marché monte», a relevé Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management, en entrevue à l'Agence France-Presse.

Les périodes de cohabitation entre une majorité républicaine et une administration démocrate sont généralement propices à une progression des marchés américains dans les mois suivants. «Un Congrès républicain est susceptible de faire passer une législation plus favorable aux entreprises, notamment en ce qui concerne la taxation, très pénalisante, des capitaux rapatriés sur le sol américain», explique David Bianco, stratège à la Deutsche Bank.

-----------------

LA RECOMMANDATION

François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins, mise sur une certaine remontée des cours pétroliers au cours des prochains trimestres, compte tenu de la volonté ultime de l'Arabie saoudite d'obtenir un prix de 100$US pour un baril de pétrole. D'autant plus que l'économie mondiale s'accélérera quelque peu. Malgré ce scénario de remontée des cours pétroliers, les prix du brut demeureront à des niveaux moins élevés que ce que presque tout le monde anticipait il y a quelques mois, précise-t-il par ailleurs. Le cours du West Texas Intermediate était de 78,68$US hier, en hausse de 1,49$US par rapport à la veille où il avait touché son plus bas niveau depuis 2011.