Les analystes gardent le cap pour le S&P 500 malgré la forte volatilité des cours boursiers en octobre. Objectif: 2050 d'ici la fin de l'année.

Les 19 grands stratèges sondés par l'agence Bloomberg n'ont apporté aucun changement à leur projection par rapport au mois dernier, même si la Réserve fédérale américaine (Fed) vient d'abandonner son programme de détente quantitative qui a tant profité au marché. Le désinvestissement du début d'octobre, qui a coûté jusqu'à 7,4% au S&P 500 américain et 11,4% au S&P/TSX par rapport à leur sommet de l'année, n'a pas non plus entamé leur confiance.

Le réputé prévisionniste Thomas Lee, qui vient de fonder la firme new-yorkaise Fundstrat Global Advisors, se joint au groupe avec une projection de 2100 pour le S&P 500 d'ici le 31 décembre. Il s'agit de la cible la plus élevée, que partage d'ailleurs Michael Purves, de la firme indépendante Weeden, de Greenwich, au Connecticut. Les plus pessimistes, Sean Darby, de Jefferies, et Julian Emanuel, d'UBS, voient l'indice retomber à 1950 dans les prochaines semaines.

À 2050, comparativement à 2018 à la fermeture des marchés hier, l'indice général américain a encore 1,6% à grappiller d'ici la fin de l'année. Cela lui vaudrait un gain de 10,9% pour l'année entière, une performance appréciable, surtout si l'on ajoute le rendement en dividende et le gain de change pour les investisseurs canadiens. À comparer, la Bourse canadienne, lestée par les titres de ressources, accuse un gain boursier de 6,7% à ce jour.

Les stratèges misent sur la performance des 500 entreprises composant le S&P, alors que le multiple boursier des bénéfices devrait diminuer à environ 17,5 fois comparativement à 17,9 fois présentement. «Les profits des entreprises demeurent un vecteur de confiance», notent les économistes Jimmy Jean et Hendrix Vachon, de Desjardins, dans leur compte rendu boursier du dernier mois.

Selon Bloomberg, plus de 80% des 357 entreprises du S&P 500 ayant dévoilé jusqu'à maintenant leurs résultats du dernier trimestre ont présenté des rendements au-delà des anticipations. Les attentes sont particulièrement élevées pour les secteurs des télécommunications et de la santé, ce trimestre-ci.

Québec inc. en force

L'indice S&P 500 a terminé le mois d'octobre au-dessus des 2000 points à la faveur d'une croissance économique plus solide qu'anticipé aux États-Unis. Les mesures musclées annoncées par la Banque du Japon lui ont insufflé un élan supplémentaire, vendredi, pour finir le mois à un niveau record, en hausse de 2,3% pour le mois.

La Bourse canadienne s'est pour sa part embourbée avec ses pétrolières. Les cours ont baissé de 2,3% en octobre, suivant l'indice général S&P/TSX. La perte est réduite à 2,1% en incluant les dividendes. Les petites entreprises ont particulièrement écopé (- 8,5%).

Les titres québécois se distinguent cependant avec une hausse moyenne de 3,2% pour octobre, suivant l'indice Québec 30. Par exemple, Jean Coutu s'est illustré comme titre défensif avec un gain de 10% pour la période, tandis que Vêtements de Sport Gildan (+ 9,6%) poursuivait sur sa lancée et que Air Canada (+ 8,8%) profitait des bas coûts du carburant.

LA RECOMMANDATION

«Fermez vos yeux et laissez les indices faire leur travail», a lancé hier le fondateur des fonds Vanguard, Jack Bogle, aux investisseurs énervés par le récent renversement du marché. En entrevue à la radio, le patriarche fort de 40 ans d'expérience a réitéré sa conviction qu'il valait mieux de pas suivre le marché de trop près parce que «tout ce bruit quotidien n'aura pas d'effet sur le rendement des placements à vie».