Wall Street a terminé en baisse une séance éprouvante mercredi, les investisseurs s'alarmant de la multiplication de signes inquiétants sur la croissance mondiale: le Dow Jones, après avoir chuté de plus de 2,80% en séance, a finalement perdu 1,06% et le Nasdaq 0,28%.

-----------------

Les marchés à la clôture :



TSX 13 869,88 / -166,80 (-1,19%)

Dow Jones 16 141,74 / -173,45 (-1,06%)

S&P 500 1 862,49 / -15,21 (-0,81%)

NASDAQ 4 215,32 / -11,85 (-0,28%)

-----------------

Selon des résultats définitifs, le Dow Jones a reculé de 173,45 points à 16,141,74 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, de 11,85 points à 4215,32 points.

L'indice élargi S&P 500 s'est replié de 0,81% ou 15,21 points à 1.862,49 points après avoir dégringolé de plus de 3% en cours de journée.

Signe de l'anxiété de la place financière new-yorkaise, l'indice VIX, ou «indice de la peur», s'est envolé jusqu'à 31,6, un niveau plus vu depuis fin 2011.

À la Bourse de Toronto, l'indice S&P/TSX a glissé de 166,8 points, à 13 869,88 points, poursuivant ainsi son aventure sur le territoire d'une correction puisqu'il a maintenant glissé de 12% depuis le sommet record atteint le mois dernier.

Le dollar canadien s'est apprécié de 0,38 cent, à 88,83 cents US. Le prix du baril de pétrole brut a reculé de six cents, à 81,78 $ US.

«Mouvement de panique»

Un «mouvement de panique» s'est emparé des investisseurs en tout début de séance, avec des mouvements d'ampleur aussi bien sur le marché des actions que d'obligations, a observé Mace Blicksilver de Marblehead Asset Management.

Profitant d'un rebond en deuxième partie de séance, la place financière new-yorkaise l'a finalement «échappé belle», mais «des dégâts techniques ont été faits, les indices ne vont probablement pas revenir de sitôt à leur sommet», a-t-il ajouté.

Le S&P 500, qui avait touché un record de 2.011,36 points le 18 septembre, a perdu depuis 7,4%.

Les courtiers de Wall Street ont cédé à la pression face à l'avalanche de mauvaises nouvelles dépeignant une économie mondiale en panne de croissance.

«L'Europe est à la peine, la Chine ralentit considérablement» et même si l'économie américaine «ne se porte pas trop mal, elle n'avance pas non plus à une vitesse folle, comme l'ont rappelé les chiffres» diffusés mercredi, a ainsi relevé Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management.

Les ventes de détail dans le pays ont notamment régressé plus fortement que prévu en septembre, et les prix à la production sur la même période ont baissé pour la première fois depuis août 2013.

De l'autre côté de l'Atlantique, les statistiques n'étaient pas encourageantes et alimentaient les craintes de récession en zone euro avec notamment une inflation en Allemagne, moteur de l'économie de la région, à son plus bas niveau depuis 2010.

Ruée vers le marché obligataire 

Face à cette morosité ambiante, les investisseurs «craignent que les banquiers centraux ne prennent pas la mesure de la situation» et redoutent de ne plus pouvoir autant compter que par le passé sur des politiques monétaires accommodante, a estimé Alan Skrainka.

La perspective angoissante d'une propagation à grande ampleur du virus Ebola est aussi revenue sur le devant de la scène alors qu'un deuxième membre du personnel soignant d'un hôpital américain a été contaminé.

Signe d'un intérêt accru des investisseurs pour des actifs considérés généralement comme des valeurs sûres, le marché obligataire a terminé en nette hausse.

Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a reculé à 2,09% contre 2,206% mardi soir, après être passé en début de séance sous la barre de 2% pour la première fois depuis juin 2013.

Celui des bons à 30 ans s'est replié à 2,876% contre 2,957% la veille, évoluant à des niveaux plus vus depuis mai 2013.

Malgré les résultats moins mauvais que prévu de Bank of America (-4,60% à 15,76 dollars), l'ensemble du secteur financier a souffert: JPMorgan Chase a perdu 4,24% à 55,53 dollars, Citigroup 3,48% à 49,68 dollars et Wells Fargo 2,00% à 47,85 dollars.

Le premier gestionnaire d'actifs dans le monde BlackRock a tout de même réussi à profiter de chiffres trimestriels supérieurs aux attentes (+1,18% à 310,37 dollars).

Le laboratoire AbbVie a gagné de son côté 0,92% à 54,63 dollars après avoir indiqué qu'il souhaitait réexaminer l'offre de rachat sur son concurrent britannique Shire, notamment au regard des nouvelles mesures fiscales proposées par l'administration Obama.

Le numéro un mondial de la distribution Walmart a glissé de 3,57% à 75,20 dollars après avoir abaissé sa prévision de croissance annuelle des ventes.

Les marchés décrochent

Les marchés financiers ont perdu pied mercredi, déboussolés par la résurgence des peurs sur la zone euro, la publication de mauvais chiffres faisant craindre une reprise américaine pas si solide que cela et l'apparition de nuages venus de Chine.

Le feu couvait depuis plusieurs jours mais l'incendie s'est déclenché à Wall Street, qui a subitement décroché dans l'après-midi, allant jusqu'à perdre plus de 2% et provoquant une débâcle en Europe.

En Europe, la journée a été sanglante: la Bourse de Paris a concédé 3,63% en clôture, Francfort 2,87%, Londres 2,83% et Milan 4,44%. Athènes s'est effondré de 6,25%.

«L'Europe est à la peine, la Chine ralentit considérablement» et même si l'économie américaine «ne se porte pas trop mal, elle n'avance pas non plus à une vitesse folle, comme l'ont rappelé les chiffres» diffusés mercredi, a relevé Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management.

Depuis le début du mois, les Bourses reculaient déjà à mesure que grossissaient les doutes sur la zone euro, engluée entre stagnation et déflation.

De mauvais indicateurs allemands ont alimenté la spirale négative, le roc allemand apparaissant fissuré.

«Ce fut un carnage aujourd'hui sur les marchés européens, frappés par un torrent de déception», pour M. Hewson.

Les marchés «attendent plus de la part de l'Europe», confrontée à «la baisse de la croissance, la baisse de l'inflation et le ralentissement récent de l'Allemagne», a commenté Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

Les investisseurs, fuyant les marchés actions, se sont rués sur certains des actifs les plus sûrs du monde, les obligations à 10 ans américaines, allemandes, et dans une moindre mesure, françaises qui ont vu leur rendement - qui évolue en sens inverse de la demande - casser des planchers.

A contrario, les titres des pays périphériques et fragiles ont été délaissés, entraînant de fortes hausses des rendements pour la Grèce, l'Espagne ou l'Italie.

Banques centrales en rempart

Classiquement, l'or, traditionnelle valeur refuge, montait nettement à 1244 dollars l'once.

Mais la retraite reste pour l'instant en bon ordre, les grandes banques centrales, Réserve fédérale américaine et Banque centrale européenne, ayant tout fait jusqu'ici pour soutenir leurs économies.

«Un krach ne pourrait intervenir que si les banques centrales, comme la Fed et la BCE, brouillent du jour au lendemain les signaux», a relevé M. Dembik.

Mais au-delà du phénomène de baisse, les performances des marchés traduisent avant tout le sentiment général que l'économie mondiale est fragile, comme l'a souligné la semaine dernière le Fonds monétaire international en révisant à la baisse ses prévisions de croissance, et que les risques sont nombreux, comme l'épidémie Ebola par exemple.

De même, les matières premières, dont la consommation (et donc le prix) évolue en lien étroit avec la production industrielle des grands pays, sont aussi sur une tendance à la baisse marquée depuis plusieurs semaines.

Enfin, un vent mauvais pourrait souffler de l'Est: l'inflation en Chine a nettement ralenti en septembre, à son plus bas niveau depuis près de cinq ans.

Cela peut venir renforcer les craintes de tensions déflationnistes sur fond de conjoncture morose dans la deuxième économie mondiale, qui doit publier ses chiffres de la croissance mardi.

-  Fabien ZAMORA

Nouvelle journée noire pour les compagnies aériennes

Les compagnies aériennes américaines souffraient de nouveau en Bourse mercredi, après l'annonce d'un deuxième cas de contamination par le virus Ebola aux États-Unis.

Vers 15 h 05, le titre Delta Airlines cédait 2,53% à 31,96 dollars, United Continental lâchait 3,82% à 41,52 dollars, American Airlines 1,30% à 31,1 dollars, tandis que JetBlue Airways cédait 1,66% à 10,06 dollars et Southwest Airlines 1,10% à 29,67 dollars.

Leurs titres avaient reculé davantage un peu plus tôt à l'image de l'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones, qui connaissait une journée éprouvante.

Depuis quelques jours, les actions des compagnies aériennes américaines jouent aux montagnes russes, récupérant le lendemain les gains cédés la veille et inversement.

Mardi par exemple, elles avaient fortement rebondi. United Continental avait gagné 6,46%, Delta +6,12% et American Airlines +10,25%.

Cette instabilité est nourrie par les craintes que suscite l'épidémie d'Ebola.

Les autorités américaines ont annoncé mercredi un deuxième cas de contamination par Ebola chez une soignante, qui s'était occupée d'un patient libérien infecté par le virus et depuis décédé. Comme le premier cas, la personne contaminée est une professionnelle de santé qui était au chevet du Libérien Thomas Eric Duncan.

Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), cette soignante avait pris un vol intérieur un jour avant de ressentir les premiers symptômes.

Les autorités ont demandé aux 132 personnes à bord du vol 1143 de Frontier Airlines entre Cleveland et Dallas/Fort Worth du 13 octobre de contacter les CDC.

Ebola a fait près de 4500 morts depuis le début de l'année sur environ 9000 cas recensés dans sept pays, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.