La Bourse de Toronto est officiellement entrée en phase de correction durant sa première séance de la semaine. Le repli de 190 points (l'équivalent de 1,3%) du principal indice boursier canadien hier a amené le S&P/TSX en repli de plus de 10% par rapport à son sommet atteint le mois dernier. Un recul de 10% est considéré comme une correction sur les marchés.

Pour mieux saisir ce que les prochaines semaines et les prochains mois réservent au marché canadien, nous avons interrogé quelques experts.

«Si on regarde la courbe des obligations sur 10 ans comparativement aux dividendes, le TSX est encore l'endroit où se trouver, croit Dominique Vincent, gestionnaire de portefeuille chez MacDougall, MacDougall et MacTier. L'ennui, c'est que le TSX est très fort au niveau des matériaux et il y a un ralentissement. Il y a aussi un choc au niveau du pétrole. Les choses vont toutefois se stabiliser éventuellement.»

«Pour l'énergie, la différence avec 2012, c'est que même si le prix du pétrole WTI est au même niveau qu'il y a deux ans, le dollar canadien est à 88 cents US au lieu d'être à 1,02$US, dit pour sa part Stéfane Marion, stratège à la Banque Nationale. C'est toute la différence au monde pour la profitabilité parce que, contrairement à 2012, on a les commodités qui baissent et un dollar qui s'affaiblit aussi, ce qui fait en sorte de protéger les bénéfices des entreprises.

«Ce sera difficile pour la Bourse de Toronto d'ici la fin de l'année, mais je ne m'attends pas à ce qu'on tombe dans un marché baissier parce que l'économie mondiale n'est pas en perdition. Il y a des angoisses par rapport à la zone euro, mais la banque centrale s'est donné des outils d'intervention. Et pour la Chine, je serais étonné qu'on décélère beaucoup plus. Je vois une certaine embellie dans l'économie mondiale malgré les mises en garde du FMI [Fonds monétaire international].

«La raison pour laquelle je suis optimiste, c'est que l'inflation est faible, ce qui donne une grande marge de manoeuvre. Les taux actuels sont aussi favorables pour les pays industrialisés.»

«De la même façon que je ne pouvais pas prédire quand ça baisserait, je ne peux pas prédire non plus quand ça recommencera à monter, affirme Peter Guay, gestionnaire de portefeuille chez PWL. C'est lorsque la portion en actions des portefeuilles de mes clients devient sous-pondérée à cause du repli des marchés que je vends des obligations pour acheter des actions. J'attends mon moment, et ça viendra.

«C'est dans des moments comme ça qu'on réalise à quel point les obligations jouent un rôle important dans un portefeuille. Il y a six mois, on se demandait pourquoi avoir des obligations et pourquoi ne pas les remplacer par des titres qui versent des dividendes. On comprend mieux aujourd'hui l'importance de protéger le capital. On voit aussi combien il est important de prendre des profits au fur et à mesure, ne sachant pas quand le marché va baisser.»