Difficile de croire qu'il y a moins de trois semaines, Wall Street était en liesse alors qu'Alibaba (BABA) faisait la plus grosse entrée en Bourse de l'histoire. Aujourd'hui, Wall Street angoisse.

Le 19 septembre, l'engouement pour le nouveau venu était tel que le titre chinois, qui pesait tout de même 168 milliards US, a bondi de 68$US l'action à près de 100$US dans les premières heures de transaction. Il cote aujourd'hui à 88$US pièce.

Entre-temps, Jack Ma a regagné sa caverne, et les tensions géopolitiques en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Asie sont revenues au centre de l'attention. La politique monétaire aux États-Unis et en Europe ainsi que la vigueur de l'économie chinoise sont aussi des facteurs d'inquiétudes.

Avec une baisse de 30 points, à 1939, hier, l'indice S&P 500 des marchés boursiers américains accuse un recul de 4,0% depuis son sommet historique en séance, qui remonte au jour même de la spectaculaire entrée en Bourse d'Alibaba. Notons que l'entreprise incorporée à Hangzhou ne compte pas dans l'indice des plus grosses valeurs cotées aux États-Unis.

Même si la communauté financière s'attend toujours à miser sur le marché américain pour obtenir un rendement intéressant cette année, on se demande maintenant s'il faudra revisiter le niveau des 1800 points avant de prétendre au seuil des 2100 points. Ce recul additionnel de 7% par rapport au niveau actuel forgerait une solide correction de 10%. Le scénario est notamment envisagé par Avi Gilburt, auteur d'ElliottWaveTrader, un site d'analyse technique.

Grande déprime

Au Canada, la correction boursière atteint déjà près de 7% par rapport au sommet du début du mois de septembre. La Bourse de Toronto, riche en pétrole et en métaux libellés en dollar US, a particulièrement souffert de la vigueur du billet vert. En Europe, la déprime boursière était déjà importante l'été dernier.

La nervosité des investisseurs américains se reflète sur l'indice de volatilité VIX, aussi connu comme l'indice de la peur. Celui-ci a bondi de 11%, à 17,2 points, hier, alors que la norme depuis un an est de moins de 15 points. Au Canada, l'indice semblable, le VIXC, en hausse de 5%, est aussi proche de son sommet de l'année.

Les petites capitalisations, considérées comme plus à risque que les costaudes, sont particulièrement éprouvées, ici comme aux États-Unis.

Le Russell 2000, qui regroupe autant de titres américains de petite capitalisation, est nettement en correction avec une chute de plus de 10% depuis juillet. Après avoir défoncé son niveau de support du mois d'août, il se mesure maintenant à son bas de l'année, note Michael Ashbauch, chroniqueur technique du site MarketWatch.

Chez nous, la déconfiture des petites capitalisations se lit clairement à la Bourse Venture. Après avoir commencé l'année en lion, l'indice composé S&P/TSX de croissance a largué 17% de sa valeur sous les prises de bénéfices depuis la fin du mois d'août et se retrouve à son plus bas niveau depuis juin 2013.

Les stratèges de Fiera Capital notent qu'en fait, la majorité des catégories d'actif ont perdu de la valeur en septembre, contrairement à ce qu'ils avaient observé depuis le début de 2014. La firme montréalaise continue de surpondérer les actions et privilégie toujours les actions nord-américaines à court terme dans son scénario de forte croissance économique. À l'opposé, les obligations sont sous-pondérées. Une forte volatilité des cours boursiers est envisagée.