Dans le film Le vendeur, Gilbert Sicotte jouait avec émotion le rôle d'un super vendeur d'automobiles ne pensant véritablement qu'à satisfaire ses clients. Hier, Warren Buffett a remis en lumière le côté payant de ce commerce quasi traditionnel. L'un n'empêchant pas l'autre.

Berkshire Hathaway, le conglomérat du milliardaire du Nebraska, a conclu un accord en vue d'acquérir Van Tuyl Group, le plus important groupement américain de concessionnaires automobiles non inscrit en Bourse. Les conditions financières de l'opération n'ont pas été dévoilées. On sait néanmoins que Van Tuyl possède une centaine de franchises Toyota, Ford et General Motors (GM) et génère un chiffre d'affaires annuel de plus de 8 milliards US.

«Van Tuyl a d'excellentes relations avec les principaux constructeurs automobiles et a des volumes inhabituellement élevés dans ses 78 établissements», affirme Warren Buffett dans un communiqué. En entrevue à la chaîne financière CNBC, le réputé investisseur a dit prévoir acheter bien d'autres concessionnaires. Il a aussi poussé la blague en disant qu'il profitait des aubaines créées par la chute des cours boursiers mercredi.

Buffett, 84 ans, a fait de Berkshire la cinquième entreprise au monde en achetant à bas prix des entreprises peu rutilantes, mais ayant un modèle d'affaires clair. Cela va des journaux aux chemins de fer en passant par la crème glacée Dairy Queen et les sauces Heinz.

Dans l'automobile, Berkshire possède déjà l'assureur Geico et a aussi misé d'importantes sommes sur GM au printemps. Bien vu encore une fois, car l'industrie automobile est en nette remontée aux États-Unis. En septembre, les ventes désaisonnalisées d'automobiles y ont augmenté pour le septième mois consécutif.

Pendant de temps au Canada

L'intérêt manifesté par Warren Buffett pour un commerce dont les origines remontent à la machine à vapeur a valu un gain de 6,0% en Bourse, hier, au réseau de concessionnaires AutoCanada, établi à Edmonton.

Le titre, qui cote à 57,24$, brise ainsi une fâcheuse tendance baissière, après trois années de hausses exceptionnelles. Un appel public à l'épargne avait permis en juillet de lever 200 millions, à raison de 78$ l'action. Cela pouvait paraître un bon prix comparativement au sommet de 91,72$ établi un mois plus tôt. Ce n'était apparemment pas le cas puisqu'une dépréciation de 30% s'ensuivit. Pire que pour un pick-up neuf qui quitte le garage...

Coqueluche de Bay Street, l'entreprise inscrite en Bourse depuis 2006 n'a véritablement pris son envol qu'en 2012 quand GM et Kia ont décidé de permettre à des entreprises cotées de détenir des concessions. Selon des analystes, le franchiseur est bien placé pour consolider cette industrie fragmentée où plusieurs propriétaires de concessions doivent assurer leur succession au cours de la prochaine décennie.

L'entreprise, qui possède 42 concessionnaires d'automobiles neuves ou usagées de différentes marques dans huit provinces, vaut 1,4 milliard en Bourse. C'est autant que les ventes annuelles, 6 fois plus que sa valeur comptable et 28 fois les profits courus, des multiples élevés.

Fait à noter, AutoCanada a augmenté son dividende 14 fois depuis 2011. Celui-ci rapporte 1,7%. Cela vaut bien une petite liqueur...

La recommandation

Derek Dley, de Canaccord Genuity, estime que les actions d'AutoCanada sont attrayantes au prix actuel, considérant son potentiel d'expansion et les ventes records d'automobiles neuves enregistrées au Canada en juillet. L'analyste prévoit une croissance du bénéfice par action de 30% cette année et de 40% en 2015, à la faveur d'acquisitions de 8 à 10 concessionnaires par année, chaque acquisition ajoutant environ 5 cents au résultat trimestriel par action.