Alors que les grands indices boursiers nord-américains hésitent entre conquérir de nouveaux sommets ou retourner au camp de base - où qu'il soit -, les analystes techniques peinent à tracer une tendance nette.

«Bien qu'il y ait beaucoup de préoccupations techniques et que de nombreux titres soient dans des schèmes de correction, il est prématuré de conclure que le cycle des actions est déjà terminé», écrit Robert Sluymer, réputé chartiste de RBC Marchés des Capitaux.

Cela n'empêche pas quelques constats intéressants qui pourraient éventuellement être les jalons d'un nouveau cycle en construction. Ainsi, les titres de petites et moyennes capitalisations perdent de leur allure face aux grosses, rompant un équilibre vieux de cinq ans. Les entreprises de moyenne importance surpassent par ailleurs les petites comme jamais auparavant. Ces dernières seraient en fait «survendues», signe d'un rebondissement prochain.

Techniquement toujours, le S&P 500 a perdu de son élan et plafonne dans un tunnel se resserrant depuis quatre ans, mais la tendance haussière à long terme est intacte, note l'équipe de RBC. Il faudrait pour changer de direction que le rapport entre les actions et les obligations sorte de son propre corridor, dans lequel il se love depuis avril. Entre autres choses. Apparemment, ce n'est pas pour demain.

Suivant la même grille d'analyse, il n'y a toujours pas de signe de migration des capitaux vers les titres boursiers européens, qui demeurent globalement moins intéressants que les valeurs américaines. Les marchés émergents se mesurent pour leur part à un important seuil de résistance remontant à 2010-2011.

Cordée canadienne

Du côté canadien, où les cours sont en nette consolidation depuis le début du mois, l'analyste Dennis Mark, de la Financière Banque Nationale, relève plus d'une faiblesse technique. L'indice général S&P/TSX a brisé le niveau de support des 15 100 points échafaudé sur 2 ans. Le prochain test à la baisse est à 14 500 points (14 977, actuellement).

Par ailleurs, alors que l'indice sélect TSX 60 repoussait encore récemment son plafond, la moitié seulement des titres du groupe établissait de nouveaux hauts en 50 jours. Bien qu'il s'agisse du plus bas ratio depuis le début de l'année, on est encore loin du seuil indiquant une situation de «survente», note le chartiste torontois.

Une certitude: le secteur des ressources va continuer de tirer les indices canadiens à la baisse. «Le retour en faiblesse dans les secteurs des produits de base est la caractéristique principale du marché actuel, constate Dennis Mark. Il est devenu évident que le rebondissement des matières premières au premier semestre s'inscrivait dans un marché baissier, alors que le dollar américain gagnait en force cet été. Plus cela change, plus c'est pareil.»

L'analyste technique Robert Sluymer, de RBC Marchés des Capitaux, estime que les entreprises de la santé telles Actavis et Bristol-Myers Squibb, de même que les commerçants comme Loblaw et Macy's, sont les plus prometteuses à moyen terme sur le marché boursier américain. Par contre, les grandes sociétés industrielles comme Ingersoll-Rand et Emerson Electric ainsi que les titres technologiques à l'image d'Arrow Electronics et Solera Holdings présentent de moins belles courbes.